A Jérusalem, des manifestants opposés à une éviction de Palestiniens blessés

(AFP)

Le 6 mai 2021

Une vingtaine de Palestiniens ont été blessés lors d'une nouvelle manifestation contre la possible éviction de familles palestiniennes au profit de colons israéliens à Jérusalem-Est, où la tension monte avant une réunion prévue jeudi de la Cour suprême d'Israël sur ce dossier.

Au coeur de la dispute: la propriété foncière de terres sur lesquelles sont construites plusieurs maisons dans lesquelles vivent quatre familles palestiniennes, soit une trentaine de personnes, dans le quartier de Cheikh Jarrah, proche de la Vieille Ville et point de frictions entre juifs et Palestiniens.

Selon les services de secours palestiniens, 22 Palestiniens ont été blessés mercredi soir lors de heurts à l'occasion d'une nouvelle manifestation contre une éventuelle éviction. La police a fait état de onze manifestants arrêtés "pour atteinte à l'ordre public et attaque contre des policiers".

En début d'année, le tribunal de district de Jérusalem a rendu une décision favorable aux familles juives qui revendiquent des droits de propriété dans ce quartier de Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël.

Selon la loi israélienne, si des juifs peuvent prouver que leur famille vivait à Jérusalem-Est avant la guerre israélo-arabe de 1948, déclenchée à la création de l'Etat d'Israël, ils peuvent demander à ce que leur soit rendu leur "droit de propriété". Une telle loi n'existe toutefois pas pour les Palestiniens ayant perdu leurs biens pendant la guerre.

La décision du tribunal a provoqué la colère des Palestiniens qui la contestent depuis lors de manifestations émaillées de heurts avec la police.

- "C'est impossible"! -

Dimanche, la Cour suprême a demandé aux familles palestiniennes et aux colons à trouver un accord avant ce jeudi.

En cas d'absence de compromis, la Cour doit statuer sur la possibilité pour les familles palestiniennes de faire appel du jugement. Elle n'a pas indiqué quand elle rendrait sa décision.

Selon un avocat de ces familles, Sami Irshid, une association de colons "Nahalat Shimon" a demandé à ce que les droits de propriété des colons soient reconnus, en échange de quoi un membre par famille palestinienne serait qualifié de "locataire protégé", ce qui permettrait d'éviter temporairement l'expulsion.

Mais d'après cette proposition, à la mort du "locataire protégé", le logement reviendrait à l'association et les familles seraient expulsées, a-t-il expliqué à l'AFP.

"Nous rejetons complètement ceci (...) Les colons veulent que nous reconnaissions leurs droits de propriété, c'est impossible", a indiqué à l'AFP Mona al-Kurd, membre de l'une des familles concernées.

Yehonatan Yosef, membre de "Nahalat Shimon", a accusé les familles palestiniennes de rejeter "tout compromis". "C'est leur problème."

- "Avertissement" -

Les colons arguent qu'une petite communauté juive habitait dans l'actuel quartier de Cheikh Jarrah avant la guerre de 1948, à l'issue de laquelle le secteur oriental de Jérusalem est passé sous contrôle jordanien jusqu'à son occupation par Israël en 1967.

La Jordanie, qui continue d'être gardienne des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est, a transmis en avril à l'Autorité palestinienne des documents selon lesquels elle avait "construit" ces logements à Cheikh Jarrah et "conclu des contrats de location" avec les familles palestiniennes.

Selon Amman, il s'agissait plus précisément de contrats entre le gouvernement jordanien, propriétaire des maisons, et des locataires palestiniens, certifiés par l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa). Pour la Jordanie, les prétentions des Palestiniens ont aussi des bases légales.

L'affaire s'inscrit, selon les Palestiniens, dans une campagne plus large visant selon eux à les chasser de Jérusalem-Est, où vivent aujourd'hui plus de 210.000 colons israéliens et plus de 300.000 Palestiniens.

Les colonies israéliennes, en Cisjordanie occupée comme à Jérusalem-Est, sont jugées illégales par le droit international.

Israël a proclamé l'ensemble de Jérusalem sa capitale "indivisible", tandis que les Palestiniens ambitionnent de faire du secteur oriental la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

L'affaire de Cheikh Jarrah risque d'exacerber davantage les tensions déjà vives à Jérusalem. Mardi, le chef de la branche militaire du mouvement islamiste palestinien Hamas, Mohammed Deif, a averti que "si l'agression contre notre peuple ne cesse pas à Cheikh Jarrah, l'ennemi en paiera un prix élevé".

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Le 6 mai 2021

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