Au Soudan, le gouvernement met en garde pro et anti-armée contre l'“escalade”

(AFP)

Le 18 octobre 2021

Le gouvernement soudanais a mis en garde pro-militaires et partisans d'un pouvoir civil contre toute "escalade" lundi à Khartoum après la dispersion d'une manifestation réclamant sa chute, nouvel épisode de la "pire crise" de l'après-Béchir, selon le Premier ministre.

Le cabinet du Premier ministre Abdallah Hamdok a annoncé la création d'une "cellule de crise" pour tenter de faire baisser les tensions au Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde selon l'ONU et qui tente depuis deux ans de mener une difficile transition.

Cette cellule est composée de deux haut-gradés de l'armée et de quatre représentants des manifestants, à l'image des autorités de transition emmenées conjointement par militaires et civils, a indiqué une source gouvernementale à l'AFP.

Deux des quatre représentants des manifestants sont pro-civils, issus de la révolte ayant mis fin en 2019 à 30 ans de dictature d'Omar el-Béchir, tandis que les deux autres viennent d'une faction séditieuse de ce bloc qui veut désormais remettre le pouvoir aux militaires.

Au moment même où le cabinet prenait ces décisions, la police dispersait à coup de gaz lacrymogène des manifestants pro-armée rassemblés devant son siège qui scandaient "A bas Hamdok!" au troisième jour d'une démonstration de force des partisans d'un pouvoir militaire.

- "Un gouvernement de militaires" -

Peu avant, sous une tente du sit-in pro-armée installée à quelques centaines de mètres aux portes du palais présidentiel, un manifestant, Tahar Fadl al-Mawla, a affirmé à l'AFP que "le gouvernement civil avait échoué".

"Nous voulons un gouvernement de militaires pour assurer la transition", a déclaré ce dignitaire tribal de 52 ans, avant qu'un cortège de manifestants ne quitte les lieux pour se rendre au bâtiment où siège le gouvernement, également dans le centre de Khartoum.

Actuellement, un Conseil de souveraineté composé de militaires et de civils supervise la transition avec le gouvernement emmené par le technocrate Abdallah Hamdok, un ancien économiste de l'ONU.

Ces autorités intérimaires ont promis des élections libres fin 2023, une échéance mise en péril par les mobilisations actuelles qui font redouter des tensions.

D'un côté, les soutiens de l'armée réclament un "gouvernement militaire" pour sortir le pays du marasme politique et économique, tandis que de l'autre, les militants de la "révolution" de 2019 réclament un transfert complet du pouvoir aux civils.

Ces derniers appellent à une "manifestation d'un million de personnes" jeudi, partout dans le pays mais aussi à Khartoum, la capitale.

L'union sacrée de la révolte populaire entre militaires et civils qui a poussé l'armée à destituer l'autocrate Omar el-Béchir a fait long feu. Désormais, les deux camps se font face et le bloc pro-civils se déchire.

- "Solutions justes" pour l'Est -

Samedi soir, les pro-armées sont ainsi sortis à l'appel d'une faction séditieuse des Forces pour la liberté et le changement (FLC), le bloc civil qui tente depuis 2019 avec l'armée de mener le Soudan vers ses premières élections libres.

A l'appel du ministre des Finances Jibril Ibrahim, un ancien chef rebelle nommé au gouvernement inclusif de M. Hamdok, ils campent désormais sous des dizaines de tentes aux portes du palais présidentiel où siègent les autorités de transition et assurent qu'ils n'en partiront qu'une fois le gouvernement limogé.

Ce sit-in, annoncé comme illimité, s'ajoute aux nombreux défis auxquels le gouvernement Hamdok doit déjà faire face.

Le 21 septembre, une tentative de coup d'Etat a déstabilisé son pouvoir. Quelques jours avant, des manifestants avaient entamé le blocage, toujours en cours, du principal port du pays, dans l'Est, créant des pénuries dans un pays en proie à une inflation galopante.

Le gouvernement a évoqué la situation dans l'Est lors de sa réunion de lundi, promettant de trouver "des solutions justes" et de "mettre fin à l'abandon économique" de cette région riche en ressources mais très mal dotée en infrastructures, selon un communiqué.

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Le 18 octobre 2021

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