Colombie: Condamnation internationale de la répression des manifestations

(AFP)

Le 4 mai 2021

L'ONU, l'Union européenne et des organisations de défense des droits humains ont dénoncé mardi la répression par la police colombienne de manifestations anti-gouvernement, initiées il y a près d'une semaine et qui ont fait une vingtaine de morts, plusieurs centaines de blessés.

La mobilisation, qui a débuté le 28 avril contre une réforme fiscale depuis retirée, s'est transformée en protestation générale contre le gouvernement, marquée par des heurts violents avec les forces de l'ordre, notamment à Cali (sud-ouest).

"Nous sommes profondément alarmés par les événements dans la ville de Cali en Colombie, où la police a ouvert le feu sur des manifestants qui s'opposent à une réforme fiscale, tuant et blessant un certain nombre de personnes", a déclaré Marta Hurtado, porte-parole du Haut commissariat aux droits humains de l'ONU, à Genève (Suisse).

Alors que des manifestants bloquaient à nouveau des rues à Bogota et à Cali mardi, l'Organisation nationale des indigènes de Colombie (Onic) y a dénoncé un "terrorisme d'Etat" et à exiger "le retrait de l'armée et de l'Esmad", police anti-émeute.

Mme Hurtado avait auparavant lancé un appel au calme, déplorant le fait que "les forces de sécurité ont tiré à balles réelles et battu des manifestants" et rappelant "aux autorités gouvernementales de protéger les droits humains".

- Force disproportionnée -

Lundi, le Défenseur du peuple, entité publique de protection des droits, avait fait état de 19 morts et 89 disparus dans tout pays depuis le début des manifestations; le gouvernement n'admettant que deux morts, dont un policier, et 846 blessés, dont 306 civils.

A Bruxelles, l'UE a jugé "prioritaire de mettre un terme à l'escalade de cette violence et d'éviter tout usage disproportionné de la force par les forces de sécurité".

"Nous comptons sur les institutions colombiennes pour enquêter et traduire en justice les responsables de violations des droits humains et libertés", a déclaré Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

La situation s'est aggravée à Cali dans la soirée de lundi, et le secrétariat local à la sécurité a répertorié cinq morts et 33 blessés pour cette seule journée dans cette ville où l'armée est déployé depuis vendredi.

En annonçant le renfort sur place de plus de 700 soldats, 500 agents de l'Esmad et 1.800 policiers, le ministre de la Défense, Diego Molano, avait argué que les troubles y étaient orchestrés par des groupes armés illégaux.

Le Défenseur du peuple, Carlos Camargo, a pour sa part déploré mardi qu'un membre de son service et quatre autres personnes y aient été attaqués par la force publique alors qu'ils assistaient des personnes interpellées.

Ils ont fait "l'objet de menaces d'agents de la police nationale qui a tiré plusieurs fois en l'air et vers le sol, ainsi que des grenades assourdissantes. Ils les ont maltraités verbalement et exigé qu'ils quittent les lieux", a-t-il indiqué.

Le bureau colombien de l'ONU pour les droits humains a précisé sur Twitter que des membres de son équipe qui s'y trouvaient n'avaient pas reçu de "tirs directs".

"Le déploiement de la force publique a été trop important, sans précédent, c'est terrifiant (...) Ils n'interviennent pas en négociant avec la communauté, mais en tirant contre les citoyens", a déclaré à l'AFP Yonny Rojas représentant de Créalo, fondation de défense des droits humains à Cali.

- Maintien de la mobilisation -

Sous la pression des manifestations, le ministre des Finances Alberto Carrasquilla a démissionné lundi, remplacé par José Manuel Restrepo.

Le président Ivan Duque avait déjà retiré la veille son projet de réforme fiscale. Avant la pandémie, ce conservateur, dont la popularité est en berne à 33% et qui achèvera son mandat en août 2022, avait été la cible de manifestations massives exigeant un changement de politique.

Son projet de réforme, présenté le 15 avril au parlement, avait suscité de fortes critiques, lui reprochant d'affecter la classe moyenne et le jugeant inopportun en pleine pandémie.

Il s'est engagé à présenter un nouveau texte, excluant les points les plus contestés, dont une hausse de la TVA et l'élargissement de la base d'imposition sur les revenus.

Mais le Comité national de grève, à l'origine de la mobilisation initiale, a toute de même appelé à manifester à nouveau mercredi, bien que la plupart des grandes villes soient sous le coup de restrictions de déplacement et couvre-feux pour enrayer la propagation du Covid-19.

La Colombie, qui traverse une troisième vague de contaminations avec plus de 2,9 millions de cas, dont plus de 75.000 décès à ce jour, accuse une chute de 6,8% de son PIB en 2020, un chômage à 16,8% et un taux de pauvreté en hausse à 42,5%.

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Le 4 mai 2021

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