Connection canine au Kosovo: un Serbe et un Albanais unis pour aider les chiens errants

(AFP)

Le 25 novembre 2021

Un Serbe et un Albanais unis par leur amour des animaux tiennent un refuge pour chiens abandonnés au Kosovo, exemple rarissime de coopération dans le territoire où les tensions interethniques ne sont jamais loin de la surface.

Sous un pâle soleil d'automne, une quarantaine de rescapés de la rue aboient avec enthousiasme à l'approche de Mentor Hoxha, 55 ans, le fondateur albanais du refuge et de Slavisa Stojanovic, un ex-gardien de prison serbe de 57 ans.

Ces chiens qui attendent nourriture et chaleur humaine ont de la chance. Les abris pour animaux sont rarissimes dans ce coin pauvre du sud-est de l'Europe, où il y a quelques années, les chiens errants étaient abattus en pleine rue à l'instigation des autorités. Aujourd'hui, les canidés abandonnés sont encore pléthore, ils squattent les ronds-points ou dorment dans les jardins publics.

Pour Mentor, son amitié avec Slavisa va de soi. "Je ne comprends pas qu'on nous pose des questions". La guerre est terminée depuis plus de 20 ans", dit-il du conflit meurtrier entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais, qui ne prit fin qu'avec une campagne de bombardements de l'Otan en 1999.

"On s'entend très bien", poursuit-il dans le refuge constitué de plusieurs enclos parsemés de niches, situé en plein champs à Gracanica, localité à majorité serbe proche de Pristina. "Il n'est pas nationaliste, moi non plus. Je parle le serbe, il parle l'albanais. J'ai des amis mais je n'ai pas de meilleur ami que lui".

- Prime à l'abattage -

Slavisa Stojanovic, qui avait perdu après-guerre son poste de gardien de prison car Belgrade voyait d'un mauvais oeil les Serbes travaillant dans les nouvelles institutions kosovares, ne regrette pas une seconde d'avoir été embauché par Mentor.

"Lui et moi, on se ressemble par l'âme, le coeur, l'amour des animaux, tout", explique-t-il.

Mentor s'est essayé au journalisme, a travaillé pour une mission de l'ONU et pour une entreprise minière britannique avant de fonder le "Refuge des chiens de Pristina" voici 11 ans.

Les opérations sont principalement financées par des dons, les frais vétérinaires obérant lourdement les maigres ressources de l'ONG, entre soins, vaccinations et stérilisations. Le loyer mensuel des terrains s'élève à 200 euros.

Comme dans de nombreux pays des Balkans, la prolifération des chiens errants pose de gros problèmes, en raison des risques d'attaques contre les humains particulièrement en hiver lorsque la nourriture est rare.

Après la guerre, les autorités locales offraient une prime aux chasseurs pour chaque chien abattu dans la rue et leurs hurlements semaient l'effroi dans les maisons.

Face à la levée de boucliers nationale et internationale, y compris de la star française Brigitte Bardot, la pratique avait été abandonnée.

- "Prise de conscience" -

En 2017, après des attaques de chiens contre trois enfants, le gouvernement kosovar a débloqué 1,3 million d'euros pour un programme de stérilisation de dizaines de milliers d'animaux. Mais selon les estimations, quelque 10.000 canidés errants n'ont toujours pas été traités.

"Notre projet a eu beaucoup d'influence sur la situation, la prise de conscience et l'attitude de la société à l'égard des chiens abandonnés, en premier lieu l'importance de la stérilisation", estime Mentor. "Les gens ne savaient pas du tout qu'on pouvait les stériliser".

Hana Noka, 31 ans, réalisatrice et défenseuse des droits des animaux, tourne actuellement un documentaire sur les chiens errants du Kosovo "qui vivent dans des conditions horribles". "Comme ils ne peuvent raconter leur propre histoire, je vais le faire. Parler de ce sujet douloureux est important car cela conduit à la prise de conscience et la prise de conscience mène au changement".

A Gracanica, le refuge donne la priorité aux chiots et aux animaux blessés faute de capacités suffisantes. Mais au fil du temps, plus de 1.000 chiens ont été aidés.

Certains ont dû être remis dans la rue une fois vaccinés et stérilisés mais chaque année, environ 80 chiens sont adoptés, essentiellement en Europe occidentale.

Paulina, chiot minuscule à la robe noire et fauve récupérée dans la rue, figure parmi les chanceuses. Une famille française doit venir la chercher dans l'après-midi.

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Le 25 novembre 2021

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