Emmanuel Faber joue sa place à la tête de Danone

(AFP)

Le 1 mars 2021

Qui dirigera Danone demain ? Emmanuel Faber gardera-t-il les pleins pouvoirs de PDG ou devra-t-il lâcher du lest, voire partir ? Le conseil d'administration du groupe français se réunit lundi, poussé par une partie de ses actionnaires à se pencher sur sa gouvernance.

Le président-directeur général Emmanuel Faber fait face à une fronde d'actionnaires depuis plusieurs semaines. Le silence des quinze autres administrateurs du géant de l'agroalimentaire a semé le doute sur leurs intentions à son égard.

La réunion du conseil doit débuter à 18H00 en visioconférence, selon une source proche du dossier. Danone n'a pas souhaité confirmer sa tenue ni s'exprimer en amont.

Deux fonds d'investissement ont fait du départ de M. Faber un préalable au redressement des performances du groupe, dont les volumes de ventes s'érodent depuis plusieurs années, un mouvement aggravé par la pandémie de Covid-19.

Ces fonds - entrés récemment au capital à la faveur de la baisse de l'action - ont enfoncé le clou en fin de semaine dernière.

Artisan Partners, 3e actionnaire avec 3% du capital, a répété qu'il trouvait "urgent de s'occuper de la structure du conseil et de la direction de la société".

Alors qu'Emmanuel Faber a défendu avec une certaine morgue son bilan lors de la présentation des résultats annuels le 19 février, le fonds américain estime les performances "médiocres" et la direction mal placée pour engager la "réinvention" de Danone.

Danone travaille sur un plan de réorganisation mondiale prévoyant jusqu'à 2.000 suppressions de postes parmi ses managers.

Artisan Partners spécifie vouloir la désignation d'un nouveau président et d'un nouveau directeur général, dotés d'une "expertise extérieure pertinente".

Le fonds activiste Bluebell Capital Partners, basé à Londres et d'envergure plus modeste, demande aussi qu'un directeur général soit cherché en dehors de Danone.

Selon lui, les actionnaires du groupe sont "massivement" en faveur de la séparation des fonctions de président et directeur général. Il menace de mettre le sujet à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale, fin avril, si le conseil d'administration ne s'en saisit pas.

Connu pour défendre un capitalisme libéré du court-termisme, plus vert et plus social, Emmanuel Faber est directeur général depuis 2014 et président du conseil d'administration depuis 2017.

Il s'est jusqu'ici contenté de dire qu'il n'était "pas dogmatique" sur la dissociation des fonctions.

- Gages aux actionnaires -

Le groupe paraît en tout cas soucieux de montrer qu'il n'oublie pas de rétribuer ses actionnaires.

Le 19 février, lors de la présentation des résultats, Emmanuel Faber a annoncé que la rémunération des principaux dirigeants de Danone, dont la sienne, serait désormais en partie subordonnée à l'évolution des dividendes et du cours de Bourse.

Et dimanche, à la veille de la réunion du conseil, le groupe a annoncé qu'il allait se désengager du géant chinois des produits laitiers Mengniu et que les fruits de l'opération seraient reversés "dans leur majorité" aux actionnaires.

Selon Danone, sa participation dans Mengniu est actuellement valorisée à hauteur de 850 millions d'euros.

Lundi vers 15H40 (14H40 GMT), à la Bourse de Paris, le titre progressait de 1,20% à 57,14 euros dans un marché également à la hausse.

Inquiets de voir les fonds d'investissement dicter la stratégie du groupe, plusieurs syndicats du groupe (CFDT, FO et CGC) ont apporté leur soutien à la gouvernance actuelle.

"Moi que ça soit machin, tartempion ou bidule qui gère l'entreprise, à partir du moment où ils appliquent la même politique qu'on a aujourd'hui, ça nous va bien. Ce n'est pas l'homme qu'on défend, c'est la gouvernance", a déclaré à l'AFP Bruno Largillière, coordonnateur CFDT chez Danone, tout en précisant préférer que M. Faber reste en place.

"On ne comprendrait pas du tout qu'il soit remis en cause pour apporter plus de bénéfice aux actionnaires qui aujourd'hui arrivent, ne pèsent que 3% et viennent révolutionner l'entreprise", a-t-il ajouté.

Dimanche, la présidente de la FNSEA, premier syndicat agricole français, Christiane Lambert, s'est aussi émue de la situation dans un tweet: "Hasard du calendrier: le 01/03 marque la fin des #négociations entre #GMS [grandes et moyennes surfaces] et #industriels sous pression forte pour imposer encore des déflations. Le même jour @EmmanuelFaber fait face à des +fonds activistes+ qui exigent plus de +rentabilité+ pour @DanoneFR #producteurs inquiets !"

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Le 1 mars 2021

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