Hong Kong: le groupe des veillées Tiananmen se saborde

(AFP)

Le 25 septembre 2021

Le groupe pro-démocratie qui organisait depuis trois décennies à Hong Kong des veillées annuelles à la mémoire des victimes de la répression de la place Tiananmen à Pékin a annoncé samedi avoir voté sa dissolution, face aux pressions croissantes contre la dissidence dans la ville.

"C'est une dissolution très douloureuse", a déclaré Tsang King-shing, membre de l'Alliance de Hong Kong, après le vote. "Le gouvernement utilise toutes sortes de lois pour forcer un groupe de la société civile à se dissoudre", a-t-il ajouté.

Le groupe était l'un des symboles les plus visibles du pluralisme politique à Hong Kong. Sa disparition est la dernière illustration en date de la rapidité de la reprise en main par Pékin de l'ancienne colonie britannique, grand centre d'affaires mondial autrefois semi-autonome.

Après avoir annoncé leur dissolution, les représentants de l'Alliance ont lu une lettre de leur président, Lee Cheuk-yan, en prison.

- "Priver de sa mémoire" -

"Un régime ne peut pas priver le peuple de sa mémoire et de sa conscience", a-t-il écrit. "Les convictions de l'Alliance de Hong Kong seront transmises dans le cœur des Hongkongais."

Au début du mois, la police a inculpé trois hauts responsables, dont M. Lee, pour subversion, un crime contre la sécurité nationale. La police a également ordonné au groupe de retirer son site Internet et ses plateformes de médias sociaux, et les autorités ont promis de révoquer son enregistrement en tant que société.

Cette dissolution ne faisait pas l'unanimité parmi les dirigeants de l'alliance.

"J'espère toujours montrer les convictions de l'Alliance de Hong Kong au monde entier et poursuivre ce mouvement qui dure déjà depuis 32 ans", avait écrit l'avocate Chow Hang Tung en début de semaine.

Mais d'autres personnalités, dont Lee et Albert Ho, ont indiqué y être favorable.

L'Alliance a été informée en début d'année qu'elle faisait l'objet d'une enquête de la part de l'unité de sécurité nationale et a reçu l'ordre de remettre une multitude de documents et de détails sur ses membres.

Contrairement à de nombreux groupes d'opposition qui se sont rapidement repliés ou ont obéi aux demandes de la police, l'Alliance a adopté une approche plus provocante.

Nombre de ses figures de proue sont des avocats et ont fait valoir que la demande de la police était illégale.

Fin août, la nouvelle police de sécurité nationale de la ville a envoyé des lettres aux dirigeants de l'Alliance, les accusant d'être des "agents des forces étrangères".

Les lettres leur demandaient également de remettre les informations personnelles de tous les membres depuis sa fondation en 1989, tous les procès-verbaux des réunions, les registres des revenus et ses échanges avec plusieurs ONG concernant la démocratie et les droits de l'homme en Chine.

Quand l'Alliance a confirmé qu'elle ne coopérerait pas, la police a accusé ses dirigeants de subversion.

- 30 ans de veillées -

Officiellement intitulé "Hong Kong Alliance in Support of Patriotic Democratic Movements of China" (Alliance de Hong Kong de soutien aux mouvements patriotiques et démocratiques de Chine), le groupe avait été fondé en mai 1989 pour soutenir les étudiants qui organisaient des rassemblements pour la démocratie et contre la corruption à Pékin.

Un mois plus tard, le 4 juin, le mouvement étudiant était écrasé dans le sang. L'événement reste lourdement censuré par le régime communiste en Chine continentale, mais à Hong Kong, l'Alliance a entretenu son souvenir tout au long des trois décennies suivantes tout en appelant les dirigeants chinois à la réforme, avec des slogans tels que "Mettre fin au régime du parti unique" et "Construire une Chine démocratique".

Le 4 juin de chaque année, l'Alliance organisait de grandes veillées aux chandelles dans le parc Victoria de Hong Kong, auxquelles assistaient régulièrement des dizaines de milliers de personnes. Les foules ont augmenté ces dernières années à mesure que la colère des habitants contre la façon dont Pékin gérait la ville s'intensifiait.

Les deux dernières veillées avaient été interdites par la police, officiellement à cause de l'épidémie de Covid-19.

La police de Hong Kong et la dirigeante du territoire, Carrie Lam, ont averti ces dernières semaines que la dissolution d'une organisation ne mettrait pas celle-ci ou son personnel à l'abri de poursuites en vertu de la loi sur la sécurité nationale, un texte draconien adopté à la suite des manifestations de 2019, ou de toute autre législation.

Au cours des derniers mois, une trentaine de groupes militants se sont sabordés, dont le plus grand syndicat de la ville et la coalition qui avait organisé les gigantesques manifestations pro-démocratie de 2019.

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Le 25 septembre 2021

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