Hong Kong: les milieux d'affaires soutiennent la loi sur la sécurité

(AFP)

Le 2 juillet 2020

Si de nombreux habitants de Hong Kong redoutent la nouvelle loi chinoise sur la sécurité, les milieux d'affaires la voient plutôt comme un moyen de renouer avec l'activité économique.

Après des mois de manifestations pro-démocratie, qui ont plongé Hong Kong dans une crise sans précédent, les autorités de Pékin espèrent qu'elle permettra un retour au calme dans ce centre financier international.

Alors que des groupes de défense des droits et des juristes redoutent que cette loi ne porte un coup fatal à l'autonomie et à la liberté d'expression dont jouit le territoire, nombre de milieux d'affaires s'en félicitent, espérant un retour de la stabilité.

En début de semaine, la Chambre générale de commerce de Hong Kong a estimé que cette loi est "un instrument contribuant à restaurer la stabilité et la confiance à Hong Kong, durement touchée depuis l'an dernier par les troubles sociaux".

"Nous avons besoin d'un cadre stable et c'est ce qu'elle (loi sur la sécurité) apportera".

Le mois dernier, les géants bancaires britanniques, HSBC et Standard Chartered, largement implantés à Hong Kong et en Chine se sont joints à d'autres sociétés pour apporter leur soutien à ce texte.

Des analystes et des membres des milieux d'affaires soulignent cependant que, si cette loi pourrait compliquer l'activité à Hong Kong, il est peu probable qu'elle entraîne un exode massif des entreprises étrangères.

"En général, les hommes d'affaires essaient toujours de continuer à agir comme si rien n'avait changé et essaient d'éviter les risques politiques", selon Ben Bland, politologue au Lowy Institute, un groupe de réflexion australien.

Ainsi, si Jes Staley, PDG de la banque britannique Barclays, a reconnu auprès de Bloomberg News que "la situation politique est très compliquée" mais "nous n'allons pas nous impliquer dans la politique hongkongaise".

Une disposition encore floue de la loi suscite cependant l'inquiétude: elle concerne la suprématie des tribunaux chinois sur ceux de Hong Kong.

La ville est devenue un des grands centres financiers internationaux grâce à la réputation d'indépendance de son système judiciaire.

Elle est un centre d'arbitrage et de règlement des conflits, en particulier avec les entreprises de Chine continentale.

En vertu du principe "Un pays, deux systèmes", qui avait présidé à la rétrocession de l'ex-colonie britannique à la Chine, l'autonomie juridique de Hong Kong était garantie jusqu'en 2047.

- "Plaque tournante" -

Cela a permis de créer un pare-feu entre le territoire et l'opaque système juridique chinois.

Cela avait également fait de Hong Kong une porte d'entrée de la Chine pour les entreprises étrangères.

Cette nouvelle loi pourrait cependant porter un sérieux coup à ce système et le barreau de Hong Kong s'est dit jeudi "profondément préoccupé".

Elle menace les droits fondamentaux et la liberté d'expression, a déclaré l'organisation, qui redoute également qu'elle ne sonne la fin des procès équitables.

"Sur le long terme, la loi va très probablement encourager Pékin et ses alliés hongkongais à exercer une plus forte pression politique sur les entreprises et leurs employés afin qu'ils adhèrent étroitement au programme de Pékin", a expliqué à Bloomberg William Nee d'Amnesty International.

Des analystes ont rappelé la manière dont certaines entreprises ont fait l'objet de pressions de la part de Pékin en matière politique.

Ainsi, l'an dernier, la Chine avait sévèrement réagi à l'encontre du personnel de la compagnie hongkongaise Cathay Pacific accusée d'avoir soutenu les manifestations pro-démocratie.

Mais le statut de Hong Kong en tant que porte d'entrée du marché chinois continuera de prévaloir, selon des analystes.

Ces dernières années, des milliards de dollars provenant de Chine continentale ont continué à être investis en Bourse et dans l'immobilier du territoire.

Fin 2019, les entreprises chinoises représentaient 73% de la capitalisation boursière de Hong Kong, soit 3.400 milliards de dollars (3.000 milliards d'euros), selon le Conseil pour le développement du commerce de Hong Kong.

Certaines des plus grandes entreprises publiques et privées chinoises sont cotées en Bourse.

En juin, JD.com le géant chinois du commerce en ligne a levé quelque 3,5 milliards d'euros lors de la première journée de son introduction en Bourse, soit, par son montant, la deuxième plus grande levée de fonds dans le monde depuis le début de l'année.

"Je pense que (la loi) va encore compliquer le fait de travailler à Hong Kong" ou d'opérer à partir de Hong Kong", a estimé Jun Bei Liu de Tribeca Investment Partners. Il estime cependant que la ville demeure "la plaque tournante pour avoir accès à la Chine".

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Le 2 juillet 2020

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