L'attentat sur un marché de Bagdad, un sanglant message des jihadistes de l'EI

(AFP)

Le 20 juillet 2021

Bagdad s'est réveillée sous le choc mardi d'un sanglant attentat sur un marché populaire revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), soulevant de nouvelles inquiétudes sur la capacité de l'organisation jihadiste, officiellement vaincue, à frapper en plein coeur de l'Irak.

Des hurlements, des larmes, du sang et le chaos: la capitale irakienne a renoué lundi soir avec l'horreur des attentats, après des mois de calme relatif. En cette veille de l'Aïd al-Adha, la plus importante des fêtes musulmanes, les familles se pressaient pour faire leurs courses sur le marché d'al-Woheilat, à Sadr City, immense banlieue chiite déshéritée dans l'est de Bagdad.

Selon des sources de sécurité, un kamikaze a alors fait détoner sa ceinture d'explosifs, semant la panique et le chaos sur le marché, et tuant une trentaine de personnes, en majorité des femmes et des enfants. Aucun bilan officiel n'a encore été donné, mais le nombre de victimes s'établit à au moins 36 morts et une soixantaine de blessés, selon une source médicale interrogée par l'AFP.

Quelques heures après le carnage, on pouvait encore voir des éclaboussures de sang sur le sol et les étals, des centaines de sandales éparpillées au milieu des fruits et légumes. Mardi matin, le marché était fermé et sous haute surveillance policière.

Dans un communiqué mardi, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi a promis que "le terrorisme ne resterait pas impuni", et que "les auteurs seraient poursuivis où qu'ils se cachent".

"Les criminels, avec leurs actions désespérées, veulent créer le chaos", a-t-il ajouté, avant d'assurer que "ce lâche attentat illustre l'échec des terroristes à reprendre pied (en Irak) après avoir été défait par nos héroïques forces de sécurité".

- Message sanglant -

L'attentat intervient alors que M. Kazimi est attendu à Washington en fin de semaine pour rencontrer Joe Biden, et dans un contexte politique déliquescent à quelques mois des élections législatives prévues en octobre.

"A l'approche des élections, les opérations terroristes visent à envoyer le message que le système politique irakien est fragile et défaillant. L'attaque entend prouver que l'organisation (EI) existe toujours et est capable d'atteindre ses cibles dans Bagdad", a estimé le président de l'Association irakienne des Sciences politiques, Ossama Saidi.

L'EI qui a contrôlé de vastes portions du territoire irakien entre 2014 et 2017, a été officiellement vaincue par les troupes irakiennes appuyées par une coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis.

Mais des cellules de l'EI sont cependant toujours présentes dans le pays notamment dans les zones montagneuses et désertiques, et revendiquent des attaques ponctuelles.

En janvier déjà, un sanglant attentat perpétré par deux kamikazes sur un marché de Bagdad avait fait 32 morts et avait été revendiqué par l'EI. En avril, un civil avait été tué dans une explosion à Sadr City mais les autorités n'ont jamais confirmé qu'il s'agissait d'un attentat. Et en mai, des attaques non revendiquées mais attribuées à l'EI avaient visé des militaires, notamment près de Bagdad, faisant 18 morts.

Pour l'analyste irakien Jassem al-Moussaoui, l'attentat du marché de Sadr City met en lumière "la faiblesse des forces de sécurité, qui n'ont pas été formées sur des bases professionnelles, mais en fonction de leurs loyautés politiques", et qui sont "incapables d'anticiper les mouvements des terroristes".

Sadr City, proche banlieue populaire de Bagdad, est le fief du puissant leader chiite Moqtada Sadr, dont l'influence est souvent déterminante dans la politique irakienne. Ce dernier n'avait pas encore réagi mardi.

Les réactions d'horreur se sont multipliées, l'ONU en Irak condamnant un "horrible attentat qui rappelle que le terrorisme ne connaît pas de limites". L'ambassade d'Allemagne à Bagdad a fait part de sa "tristesse après cette attaque insensée et brutale".

Lundi soir, le président irakien Barham Saleh avait dénoncé sur Twitter "un crime haineux et d'une cruauté sans précédent". "Ils ciblent nos civils à Sadr City à la veille de l'Aïd. Ils n'acceptent pas que les gens se réjouissent, même un instant", a-t-il déploré.

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Le 20 juillet 2021

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