Les Estoniens votent dimanche, inquiets pour leur sécurité face à Moscou

(AFP)

Le 1 mars 2015

Les Estoniens élisaient dimanche leur Parlement lors d'un vote marqué par des inquiétudes pour la sécurité du pays face à Moscou, et par un bon score attendu du parti pro-russe du Centre, incapable pourtant de former un gouvernement.

L'annexion de la Crimée et les actions russes en Ukraine sont suivies de près dans cette ancienne république soviétique de 1,3 million d'habitants, dont un quart de russophones, qui a divorcé d'avec l'URSS en 1991.

Des exercices militaires russes à la frontière estonienne quelques jours avant le scrutin ont renforcé les craintes de ceux qui prêtent au Kremlin l'intention de déstabiliser d'anciens membres de l'Union soviétique.

"Si les Russes viennent ici, il y aura, par exemple, 1.000 ou 10.000 chars à la frontière. L'Estonie ne peut rien faire et je ne suis pas sûr que l'Otan vienne nous aider", a déclaré à l'AFP Pyotr Sirotkin, étudiant à l'Université de Tallinn.

"La situation changerait totalement si les Américains venaient ici pour nous défendre", a estimé cet homme de 25 ans.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 et fermeront à 18h00 GMT. Un tiers des électeurs, soit près de 177.000 personnes, ayant déjà voté via internet, les résultats complets du scrutin sont attendus vers 21h00 GMT.

Le sondage de TNS Emori publié samedi donnait environ 22% des intentions de vote au Centre, juste derrière le parti de la Réforme (26%) et les sociaux-démocrates (19%), ces deux formations étant actuellement au pouvoir.

Le bon score possible du parti du Centre s'explique par le soutien apporté à ce parti par la minorité russophone dans ce pays relativement prospère, membre de l'Otan, de l'Union européenne et de la zone euro.

Des sondages précédents plaçaient le parti du Centre en tête de la course électorale, mais, selon les analystes, ce parti manque d'alliés pour former une majorité au Parlement (101 sièges), et c'est la coalition actuelle qui devrait rester au pouvoir, appuyée aussi par les conservateurs d'IRL crédités de 16% des intentions de vote.

Le leader du Centre, Edgar Savisaar, a vu sa cote personnelle baisser l'année dernière, après sa visite controversée à Moscou où il a dit approuver l'annexion de la Crimée par la Russie. Premier chef de gouvernement après la chute de l'URSS, M. Savisaar est depuis 2007 maire de Tallinn.

- 'Changement climatique' -

"La situation sécuritaire actuelle se perpétuera sur une longue période", a estimé le Premier ministre et membre du parti de la Réforme, Taavi Roivas, évoquant les tensions régionales. "Ce n'est pas seulement du mauvais temps, c'est un changement climatique", a-t-il jugé.

Le plus jeune chef du gouvernement de l'UE - il a 35 ans - a joint sa voix à celles de ses homologues letton et lituanien pour réclamer une présence accrue de l'Otan, notamment dans les airs, pour répondre à celle de l'armée russe à proximité de leurs frontières.

Dans ce contexte, l'Alliance a annoncé la création d'une force "Fer de lance" de 5.000 hommes et de six centres de commandement dans la région, dont un en Estonie.

- 'Nervosité palpable' -

"La nervosité du public est palpable", déclarait à l'AFP l'analyste politique Ahto Lobjakas.

Cependant, si la politique de Moscou suscite quelques frissons à Tallinn, il n'en est pas de même à Narva, à la frontière russe, où 90% des 60.000 habitants sont d'origine russe.

"Comment la Russie pourrait-elle être une menace pour l'Otan?", s'étonnait Evguenia, une élégante retraitée. "Sont-ils fous? L'Otan compte 28 pays!".

Les questions sociales, comme une proposition du parti du Centre de tripler le salaire minimum en le portant à 1.000 euros, et de baisser les cotisations de la sécurité sociale, ont fait l'objet de vifs débats lors de la campagne électorale dans ce pays qui applique depuis longtemps une politique d'austérité rigoureuse.

"Ce que nous avons aujourd'hui, c'est ok, je peux vivre avec ça", a déclaré Pyotr Sirotkin qui touche chaque mois 260 euros de rente maladie.

"Mais en 2016, ils vont réduire ma rente à 190 EUR (...) Ce n'est pas une bonne idée", a-t-il regretté, déclarant qu'il n'allait certainement pas voter pour le parti de la Réforme au pouvoir.

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Le 1 mars 2015

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