L'opposant russe Navalny à l'hôpital, l'UE discute de ses relations avec Moscou

(AFP)

Le 19 avril 2021

La Russie a décidé lundi d'hospitaliser l'opposant en grève de la faim Alexeï Navalny tout en jugeant son état "satisfaisant", alors que sa santé est devenue un nouvelle source de tensions russo-occidentales.

Le militant anti-corruption, qui a cessé de s'alimenter il y a trois semaines, a été transféré dans une unité carcérale hospitalière située dans la même région que la colonie où il est emprisonné depuis début mars.

"L'état de santé de A. Navalny est jugé satisfaisant", ont assuré les services pénitentiaires, assurant qu'il a accepté de prendre "une thérapie vitaminée". Pendant le weekend, ses proches avaient indiqué qu'il risquait la mort à chaque instant.

Sa santé est à ce titre au programme lundi d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des 27, consacrée plus globalement aux rapports avec la Russie avec notamment son déploiement de troupes aux abords de l’Ukraine et les expulsions croisées de diplomates russes et tchèques.

"Les relations avec la Russie ne s'améliorent pas. Au contraire, la tension s'accroît dans différents domaines", a déploré le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell au début de cette réunion informelle.

Les ministres doivent s'entretenir de l'état de santé "très inquiétant" d'Alexeï Navalny, a ajouté M. Borrell, déplorant que la demande européenne de lui fournir des soins "n'a pas été prise en compte" et rendant "les autorités russes responsables de la santé de M. Navalny". Washington a aussi menacé Moscou de représailles en cas de décès.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a balayé les critiques occidentales. "Nous ne pouvons pas accepter de telles déclarations de la part de représentants d'autres gouvernements" a-t-il déclaré aux journalistes. "Nous ne suivons pas l'état de santé des prisonniers russes".

Alexeï Navalny a arrêté de s'alimenter le 31 mars pour protester contre ses conditions de détention, accusant notamment l'administration pénitentiaire de lui refuser l'accès à un médecin alors qu'il souffre d'une double hernie discale, selon ses avocats.

Les partisans de l'opposant âgé de 44 ans ont aussi appelé à des manifestations dans toute la Russie mercredi, jour d'une adresse au Parlement de Vladimir Poutine.

Le ministère de l'Intérieur a prévenu qu'il ne permettra aucune "déstabilisation" et prendra "toutes les mesures qui s'imposent", alors que parallèlement le parquet veut faire interdire tout le mouvement de M. Navalny pour "extrémisme".

Les messages internationaux de fermeté visant Moscou se sont multipliés après que les proches du détracteur le plus en vue de Vladimir Poutine ont dressé un bilan alarmant de son état de santé.

- "Eviter de donner un prétexte" -

Des médecins proches de l'opposant avaient dit samedi craindre qu'il ne fasse un arrêt cardiaque "d'une minute à l'autre" en raison d'un niveau "critique" de concentration de potassium dans le sang.

En réaction, l'Allemagne et la France ont demandé de manière "urgente" aux autorités russes de fournir un "traitement médical adéquat" par des médecins ayant "la confiance" d'Alexeï Navalny.

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a évoqué la "responsabilité majeure" du président russe Vladimir Poutine et Washington a mis en garde le Kremlin contre des "conséquences si M. Navalny mourait".

L'ambassadeur russe à Londres, Andreï Kéline, a lui affirmé que Moscou ne le laisserait pas "mourir en prison".

A Bruxelles, les Européens discuteront d'une autre grosse source de tension avec la Russie, l'Ukraine, alors que Moscou a déployé des dizaines de milliers de troupes à ses frontières et en Crimée annexée.

"Un conflit reste une possibilité avec un tel déploiement de troupes. Le danger d'un conflit par accident ne peut être écarté", a confié un haut responsable européen.

L'Ukraine craint que le Kremlin ne cherche un prétexte pour l'attaquer. Le président Volodymyr Zelensky a demandé à l'Otan et à l'UE d'accélérer le processus d'adhésion de son pays pour envoyer au Kremlin "un vrai signal", mais cela lui a été refusé.

"Personne ne veut donner un prétexte à la Russie. L'Otan comme l'UE soutiennent les aspirations de l'Ukraine, mais sans enclencher le processus d'adhésion", ont expliqué plusieurs diplomates des deux organisations.

Qu'il s'agisse de Navalny ou de l’Ukraine, les Vingt-Sept vont tenter de se mettre d'accord sur des leviers à actionner, mais aucune sanction n'est pour le moment en discussion. Le président français Emmanuel Macron a néanmoins évoqué cette option samedi "en cas de comportement inacceptable" de Moscou.

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Le 19 avril 2021

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