Nucléaire: les pourparlers entre l'Iran et l'UE se tiennent dans un climat tendu

(AFP)

Le 14 octobre 2021

Une délégation de l'Union européenne est jeudi à Téhéran pour tenter de convaincre l'Iran de revenir à la table des négociations afin de sauver l'accord international sur son programme nucléaire, les discussions ayant lieu dans un climat tendu après des menaces américaines.

Le négociateur de l'UE en charge du dossier Enrique Mora a rencontré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Ali Bagheri, au moment où les Occidentaux perdent patience devant le refus de l'Iran de fixer une date pour la reprise des négociations, au point mort depuis juin, pour sauver ce pacte.

Mercredi, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a regretté "le manque de volonté" iranienne pour "dialoguer" et fait planer la menace militaire, affirmant que son pays était "prêt à se tourner vers d'autres options" si la diplomatie échouait.

Conclu en 2015, l'accord sur le nucléaire iranien offrait à l'Iran la levée d'une partie des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l'arme atomique et d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous le strict contrôle de l'ONU.

Mais après le retrait unilatéral des Américains de l'accord trois ans plus tard et le rétablissement de sanctions, Téhéran s'est progressivement affranchi de la plupart de ses engagements.

- Méfiance à Téhéran -

Les négociations débutées en avril à Vienne --et auxquelles participent indirectement les Etats-Unis-- pour sauver l'accord en y réintégrant les Américains sont suspendues depuis juin et l'élection du nouveau président iranien Ebrahim Raïssi.

Selon la diplomatie iranienne, UE et Iran doivent discuter "des questions d'intérêt mutuel, régional et international, à savoir les relations entre l'Iran et l'Union européenne, la question de l'Afghanistan et les négociations pour la levée des cruelles sanctions" imposées à la République islamique.

Arrivés au pouvoir en Iran, les ultraconservateurs sont peu enclins aux concessions et souhaitent que les pays européens garantissent le respect de l'accord.

"Ils (les Européens) doivent donner la pleine assurance à la République islamique que cette fois, aucune partie ne violera l'accord sur le nucléaire", a martelé lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh.

"Je vais insister sur l'urgence de reprendre les négociations", a de son côté tweeté mercredi M. Mora, coordonnateur du texte de 2015.

Tandis que M. Mora est à Téhéran, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell est lui a Washington pour échanger avec son homologue américain.

Selon le porte-parole de M. Borrell, l'UE va convoquer une réunion des négociateurs de l'accord sur le nucléaire iranien dès que toutes les parties seront d'accord et attend les réponses de Washington et de Téhéran à ce sujet.

Le président américain Joe Biden s'est dit prêt à revenir dans l'accord, à condition que l'Iran renoue avec ses engagements.

Mais Etats-Unis et surtout Israël sont convaincus que Téhéran joue la montre pour avancer le plus loin possible dans son programme nucléaire.

- Menace à Washington -

"Une solution diplomatique est la meilleure manière" d'éviter que la République islamique devienne une puissance nucléaire, a déclaré mercredi M. Blinken lors d'une conférence de presse avec son homologue israélien Yaïr Lapid dans la capitale américaine.

Mais jugeant peu "encourageants" les signaux émanant de Téhéran, qui n'a toujours pas fixé de date pour la reprise des négociations, il a prévenu que son pays était prêt à se "tourner vers d'autres options".

"En disant +d'autres options+, je pense que tout le monde comprend", a lancé, à ses côtés, M. Lapid dans une allusion claire à l'option militaire.

"Le secrétaire d'Etat Blinken et moi sommes des enfants de survivants de l'Holocauste. Nous savons qu'il y a des moments où les nations doivent avoir recours à la force pour protéger le monde du Mal", a-t-il déclaré.

L'Iran a averti Israël de ne pas tenter d'"aventure militaire" contre son "programme nucléaire", dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité de l'ONU et publié jeudi par l'agence de presse Tasnim.

"Nous mettons en garde contre toute erreur de calcul et toute aventure militaire du régime israélien contre l'Iran et son programme nucléaire", peut-on lire dans le texte de l'ambassadeur d'Iran auprès de l'ONU, Majid Takhtarvanchi.

De son côté, l'émissaire américain pour l'Iran, Rob Malley, a annoncé qu'il se rendrait en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et au Qatar pour évoquer notamment les "options" pour "contrôler le programme nucléaire iranien" si les négociations n'aboutissent pas, estimant qu'il y avait "au moins une forte possibilité que l'Iran choisisse une autre voie" que la diplomatie.

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Le 14 octobre 2021

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