Royaume-Uni: les entreprises critiques face à la stratégie économique de Boris Johnson

(AFP)

Le 7 octobre 2021

Les milieux économiques ont réagi avec scepticisme au lendemain du discours du Premier ministre britannique Boris Johnson, y compris des chefs d'entreprises qui ont voté en faveur du Brexit mais se sentent essorés comme des "éponges" face aux crises actuelles.

Dans un discours au ton optimiste prononcé mercredi 6 octobre en clôture du congrès annuel de son Parti conservateur, à Manchester (nord-ouest de l'Angleterre), Boris Johnson a défendu sa stratégie de se passer progressivement d'une main d'oeuvre immigrée bon marché, assurant que c'est ce que souhaitaient les Britanniques qui ont voté pour le Brexit en 2016.

Il a affirmé que le pays se dirigeait "vers une économie à salaires élevés, compétences élevées, productivité élevée et à faible fiscalité", tout en admettant que tout cela "prendrait du temps" et serait "parfois difficile".

Mais ce ton confiant ne convainc pas tout à fait les milieux économiques face aux problèmes d'approvisionnement qui frappent le pays, des stations-service aux rayons des supermarchés, largement dus à un manque de chauffeurs routiers, estimé à 100.000 par les professionnels.

De nombreux conducteurs de poids lourds originaires de l'Union européenne sont repartis dans leurs pays d'origine en raison du Brexit et de la pandémie et les règles d'immigration durcies ont découragé certains de revenir.

Plusieurs chefs d'entreprises ont prévenu que tourner le dos à ces travailleurs immigrés au profit d'une main d'oeuvre locale mieux payée se traduirait par une hausse de l'inflation, et qu'au final, ce seront les consommateurs qui en supporteront le coût.

Richard Walker, directeur général de la chaîne de supermarchés Iceland, qui a voté pour le Brexit, a accusé le gouvernement de traiter les entreprises comme des "éponges" alors qu'elles ne peuvent "absorber" toutes les augmentations de coût, des factures d'énergies à l'embauche de conducteurs de poids lourds supplémentaires.

Simon Wolfson, directeur général de la chaîne de vêtements Next et lui aussi pro-Brexit, a déclaré qu'il y avait "une véritable panique et un découragement" dans certains secteurs.

D'après lui, les pénuries de travailleurs qui touchent aussi les secteurs de l'agroalimentaire, la restauration ou la distribution ne pourront être résolues sans faire appel aux travailleurs étrangers, même s'il affirme ne pas être contre le contrôle de l'immigration ou des coûts supplémentaires pour les employés non-britanniques.

Le think tank libéral Adam Smith Institute, a qualifié le discours de Boris Johnson de "grandiloquent mais vide de sens et ignorant d'un point de vue économique", tandis que Ryan Shorthouse, directeur du groupe de réflexion conservateur Bright Blue a jugé que "le public se lassera bientôt des bons mots de Boris si le gouvernement ne maîtrise pas les crises croissantes: hausse des prix, des taxes, pénurie de carburant, de main-d'œuvre".

Une critique partagée par la Fédération des petites entreprises (FSB). "Nous demandons au gouvernement moins de paroles et plus d'actes", a souligné la vice-présidente de la FSB Tina McKenzie à Sky News.

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Le 7 octobre 2021

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