Le Conseil de sécurité doit agir pour préserver le processus politique du Sahara

Le 28 décembre 2019 à 7h35

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

L'audace de la décision du Polisario, son mépris du processus politique onusien et le silence de l’Onu font planer de l’incertitude sur l'avenir du processus politique et soulèvent de sérieuses questions sur l'impartialité du personnel onusien chargé de la gestion quotidienne de ce différend territorial.

Le Maroc devrait demander des explications à l'Onu

Le Maroc devrait agir rapidement et demander à l’Onu des explications concernant le non-respect par cette dernière de ses obligations au Sahara en vertu de l’accord de cessez-le-feu de 1991 et des dispositions des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier les résolutions 2414 et 2440, 2468 et 2494.

Dans la résolution 2414, le Conseil de sécurité s'est déclaré préoccupé par la présence du Polisario dans la zone tampon de Guerguerat et a appelé au retrait du Polisario de la région. Le Conseil de sécurité a également demandé au Polisario de s'abstenir de transférer toute installation administrative à Bir Lahlou.

En outre, la résolution 2440 a appelé les parties à s'abstenir de toute action qui pourrait porter atteinte au processus politique et a spécifiquement appelé le Polisario à "respecter pleinement ses engagements envers l'Envoyé personnel concernant Bir Lahlou, Tifariti et la bande tampon de Guerguerat".

Le Maroc devrait également demander à l'Onu de clarifier les motifs de la présence de deux représentants de la Minurso dans un congrès organisé par le Front Polisario dans la zone tampon.

Le silence de l’Onu et sa non-condamnation de la décision provocatrice du Polisario de tenir son congrès dans la zone tampon - en particulier la présence de représentants de la MINURSO à l’événement - ont jeté des soupçons sur son impartialité de dans le processus politique.

Le laxisme de l’Onu à l’égard du Polisario et son manque de volonté de faire pression sur ce dernier et d'exiger de lui de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité, l’encouragent à persister dans ses fausses allégations selon lesquelles la zone située à l'est du mur de défense ferait partie des "zones libérées" sous son contrôle présumé.

Si l’Onu ne brandit pas le spectre des sanctions, ce dernier se sentirait enhardi et pourrait décider que le moment est venu pour transférer ses installations administratives dans la zone tampon.

Le Maroc devrait utiliser la décision du Polisario à sa faveur et exiger du Secrétariat de l'Onu et du Conseil de sécurité d’intervenir fermement pour faire appliquer les récentes résolutions du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 2414 et 2440.

Le Maroc devrait également exhorter le Secrétaire général Antonio Guterres à se prononcer publiquement sur le danger que le congrès organisé par le Polisario dans la zone tampon pose pour le processus politique. Par ailleurs, Guterres devrait présenter des excuses au Maroc pour la présence de représentants de la Minurso au congrès, condamner cette décision imprudente et souligner la neutralité de l’Onu et son souci de ne prendre parti pour aucune partie au conflit.

À cet égard, le Maroc devrait préciser que la déclaration publiée par Stéphane Dujarric, porte-parole personnel du Secrétaire général, le lundi 23 décembre, dans laquelle il a indiqué que la présence de représentants de la Minurso au congrès ne reflète pas leur position ni celle de la Minurso, ne dissipe pas les soupçons quant à la partialité du personnel de cette dernière et ne met aucune pression sur le Polisario.

Le fait que le porte-parole de l’Onu admette que le Polisario a tenu son congrès dans la zone tampon sans exprimer guère la préoccupation du Secrétaire général et de son impact négatif sur le processus politique est en soi problématique et reflète l'incapacité ou le manque de volonté de l'Onu d’imposer à toutes les parties le plein respect des résolutions du Conseil de sécurité.

De même, le Maroc devrait demander au Secrétaire général de déclarer sans équivoque que le Polisario n'a aucune souveraineté sur la zone tampon à l'est du mur de défense marocain au Sahara et de mentionner ses violations dans le rapport annuel qu’il présentera Conseil de sécurité en octobre 2020.

En outre, le Maroc devrait envoyer des lettres aux membres permanents du Conseil de sécurité pour les informer à la fois des violations du personnel de la Minurso de de leur neutralité et de la menace que le congrès fait peser sur la stabilité de la région. Le Maroc devrait indiquer clairement qu'il ne ménagera aucun effort pour protéger ses droits et intérêts et empêcher toute partie de changer le statu quo de la région à travers le fait accompli.

D’autre part, le Maroc devrait faire dépendre son approbation du futur envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara de l’engagement solennel de celui-ci de déclarer sans équivoques que les récentes actions provocatrices du Polisario sont des violations flagrantes des résolutions du Conseil de sécurité.

Dans le même esprit, le Maroc devrait exiger de l'Onu d’arborer la menace des sanctions si le Polisario persiste à violer les résolutions du Conseil de sécurité et à menacer la viabilité du processus politique.

Les diplomates marocains devraient également rappeler à la communauté internationale que le Maroc n'a pas quitté la zone tampon en 1991 pour permettre au Polisario d'affirmer sa souveraineté sur elle, mais plutôt en signe de bonne foi et de son intention de préparer le terrain à l'Onu pour entamer le processus politique.

Le Maroc devrait également signaler sa volonté d'entrer dans la zone tampon et d'étendre son contrôle sur celle-ci si le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l'Onu ne s'acquittent pas de leur responsabilité de maintenir la paix et la sécurité dans la région, ainsi que la viabilité du processus politique.

Le laxisme de l'Onu fait planer le doute sur son impartialité

La crédibilité du Secrétariat de l'Onu et du Conseil de sécurité et leur capacité à jouer un rôle de médiateur dans la résolution des conflits et dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales sont en jeu.

Tout manquement de l’Onu à son devoir de rappeler au Polisario les règles et principes du processus politique et les dispositions des résolutions du Conseil de sécurité saperait la confiance des États membres dans sa capacité d’intervenir avec succès dans les conflits inscrits à son ordre du jour, y compris le Sahara.

Ce n'est pas la première fois que le Polisario viole les dispositions des résolutions 2414 et 2440 et l'esprit du processus politique parrainé par l'Onu. Au début de janvier de cette année, la milice du Polisario a mené ce qu'elle a appelé des exercices militaires dans la région de Mhiriz, dans la zone tampon.

Ce n'est pas non plus la première fois que le personnel de l’Onu est impliqué dans des actions douteuses qui remettent en cause sa crédibilité et son intégrité professionnelle.

En 2013, une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montrait un employé de la Minurso de nationalité égyptienne en train de qualifier le Maroc d‘ "envahisseur" et d’inciter les partisans du Polisario à se soulever contre ce dernier. La vidéo a provoqué un tollé sans précédent, et a suscité la colère du gouvernement et des Marocains. L’Onu a finalement ouvert une enquête et fini par renvoyer cet ancien membre de la Minurso.

En outre, en mars 2016, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-Moon, a visité les camps de Tindouf et décrit le Maroc comme un "occupant" du Sahara. Le Maroc a rapidement dénoncé la déclaration de Ban Ki-Moon et remis en question sa crédibilité et son aptitude à jouer un rôle de médiateur dans le conflit.

Ces déclarations ont entraîné une tension sans précédent entre le Maroc et le Secrétariat général de l'Onu et creusé le fossé de méfiance entre les deux parties. Néanmoins, l'élection d'Antonio Guterres au poste de Secrétaire général a contribué à rétablir un certain degré de confiance entre les deux parties.

Or le silence continu de l’actuel Secrétaire général au sujet des violations du Polisario et de la présence de représentants de la Minurso au congrès de ce dernier risquent encore une fois de faire planer le doute sur l’intégrité des responsables chargés de gérer ce conflit au sein du Secrétariat général de l’Onu.

L'ONU devrait agir pour sauvegarder le processus politique

Compte tenu du silence continu du Secrétaire général sur les provocations répétées du Polisario dans la zone tampon, de son refus de mentionner, ne serait-ce que brièvement, l'implication du Polisario et des dirigeants algériens dans le détournement de l'aide humanitaire consacrée au camps de Tindouf pendant plus de quatre décennies, comment le Maroc peut-il faire confiance à l'intégrité de l'équipe onusienne qui rédige le rapport annuel sur le conflit ?

Comment le Maroc peut-il continuer à traiter de bonne foi les différentes parties tant que l'Onu ne fera guère montre de fermeté à l’égard du Polisario et ne veille pas au respect des dispositions des résolutions du Conseil de sécurité ?

À moins que l'Onu ne rectifie le tir, ne remédie à la situation et affirme sa neutralité et sa volonté de faire face fermement à toute violation des résolutions du Conseil de sécurité, le processus politique risque de s’enliser davantage.

Le silence de l’Onu sur les provocations répétées du Polisario risque de sonner le glas du processus politique onusien, dans la mesure où le Maroc perdrait sa confiance dans la neutralité de l’Onu et sa détermination à mener ce processus à bon port.

Si l'Onu souhaite sauvegarder le processus politique et maintenir l'élan généré par les deux tables rondes tenues en décembre 2018 et mars 2019 à Genève, elle devrait agir rapidement et condamner les actions irresponsables du Polisario. L'Onu devrait également signifier au Polisario sans équivoques qu’il n’a plus de marge d’erreur et que toute autre mesure provocatrice le rendrait passible de sanctions.

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