Les avantages économiques du planning familial

Le 3 août 2018 à 12h09

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

NEW YORK –La décision de fonder une famille est l'un des choix les plus importants de la vie d'une personne. C'est également un droit de l'homme fondamental: seuls les individus adultes doivent avoir le pouvoir de décider du moment et du nombre de fois où ils souhaitent se reproduire. Mais pour des millions de personnes dans le monde, ce droit demeure latent.

Plus de 200 millions de femmes dans les pays en voie de développement qui veulent retarder ou éviter une grossesse n'utilisent pas de moyen de contraception moderne. Les femmes qui sont pauvres, moins instruites, ou qui vivent dans des régions rurales peuvent être confrontées à des barrières économiques, culturelles et institutionnelles significatives au contrôle des naissances et ont souvent recours à des formes dangereuses de prévention des grossesses par désespoir. Si les femmes avaient un accès universel à l'information et aux services de planning familial volontaire, les décès maternels pourraient être réduits de près de trois quarts et les décès infantiles de près d'un cinquième.

Mais le planning familial fait plus que sauver des vies: il économise également de l'argent. Pour chaque dollar investi dans la santé en matière de procréation, 2,20 dollars sont économisés en coûts de santé liés à la grossesse. En outre, plus une femme attend pour avoir des enfants, plus elle peut intégrer longtemps le marché du travail, en amplifiant de ce fait la santé et la prospérité économique des communautés pauvres.

Certains gouvernements ont déjà reconnu ces avantages et alloué des fonds en conséquence. En Thaïlande, par exemple, le ministère de la Santé a augmenté son budget de planning familial au motif que la dépense supplémentaire actuelle va réduire les coûts de santé à venir.

L'estimation des autorités thaïlandaises est correcte: lorsque les pays en voie de développement font des investissements qui autorisent les jeunes à fonder une famille seulement quand ils sont prêts, les taux de natalité chutent et la part de la population en âge de travailler augmente relativement à la population dépendante. Les prévisions de ces "dividendes démographiques" sont particulièrement élevés pour les pays d'Afrique sub-saharienne, où près d'un tiers de la population a entre 10 et 24 ans.

Pourtant en dépit des nombreux avantages liés aux services de planning familial, trop de pays continuent à sous-financer cette partie essentielle de leurs systèmes de santé. The Reproductive Health Supplies Coalition, un groupe de sensibilisation et de recherche mondial, estime que les pays en voie de développement seront confrontés à un déficit de financement de 793 millions de dollars en offres de contraception au cours des trois années à venir. Pour les femmes pauvres en particulier, les services publics sont souvent la seule option pour des solutions sûres et efficaces de planning familial. Quand les programmes publics ne sont pas disponibles, la capacité à fonder une famille est affaiblie et le taux d'augmentation fortuite des grossesses augmente.

Les investissements en capital humain, une fois accompagnés de mesures économiques saines et de marchés du travail robustes, produisent des gains significatifs pour les économies des pays en développement. Financer entièrement les besoins en planning familial des pays pauvres pourrait tirer des millions de gens de la pauvreté, améliorer des taux de réussite scolaire et aider à réduire l'inégalité des salaires entre les sexes dans les pays du Sud. Pour ces dernières raisons et bien d'autres, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) des Nations Unies s'engage entièrement à venir en aide aux efforts des pays qui font respecter les droits des individus -et en particulier des femmes- à choisir l'opportunité et le moment d'avoir des enfants.

D'ici 2030, l'UNFPA entend s'assurer que les femmes partout dans le monde aient accès aux services de planning familial sans crainte des conséquences ni du coût. Mais nous ne pouvons pas y parvenir seuls. Les chefs de gouvernement, le secteur privé et la société civile doivent nous rejoindre pour collaborer avec nous à cet objectif ambitieux.

Les pays développés pourraient résoudre le déficit de financement du planning familial mondial avec seulement 20 cents par personne et par an, une bonne affaire étant donné les retours projetés pour les individus, les familles et les économies. En plus des dépenses accrues, de nouvelles mesures, lois et mises en œuvre des règlementations existantes seront nécessaires pour aider à protéger les femmes et à mobiliser de jeunes couples.

Les efforts visant à élargir l'accès aux services de planning familial et de santé ne sont pas nouveaux. Il y a cinquante ans, à la Conférence internationale sur des droits de l'homme qui s'est tenue à Téhéran, la communauté mondiale a déclaré que les "parents ont un droit de l'homme fondamental à déterminer librement et de façon responsable le nombre et l'espacement des naissances de leurs enfants." A cette époque, cette idée était visionnaire: nous savons à présent que sa réalisation est une condition d'un développement réussi.

© Project Syndicate 1995–2018
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