Abdelhamid El Ouali

Professeur émérite (Droit international)

L’irrationnelle hostilité de l’Algérie

Le 31 août 2021 à 14h17

Modifié 31 août 2021 à 17h18

L’hostilité affichée par l’Algérie[1] à l’égard du Maroc depuis son indépendance en 1962 est considérée comme une véritable énigme par de nombreux observateurs étrangers. En réalité, elle trouve son explication dans la nature du pouvoir en Algérie, qui, à défaut de légitimité démocratique ou tout au moins historique, perçoit cette hostilité comme nécessaire à sa perduration.

Nous rappellerons brièvement comment cette hostilité s’est incarnée dans les faits ainsi que l’interprétation qui en est donnée par les observateurs étrangers, avant de suggérer notre propre interprétation d’un phénomène qui nous semble irrationnel. Nous évoquerons, enfin, la situation actuelle où le scénario de la « guerre des sables » est plus que jamais d’actualité.

Comment l’hostilité de l’Algérie s’est incarnée dans les faits

Depuis son indépendance, en 1962, l’Algérie livre une véritable guerre au Maroc, après avoir renié l’engagement pris une année auparavant de régler la question des frontières par la négociation. Si cette guerre a pris une forme déclarée, celle de la « guerre des sables » de 1963, elle ne dira pas son nom par la suite, bien que son moyen d’expression, la question du Sahara, soit connu de tous.

C’est ainsi que l’Algérie en viendra, dès le milieu des années 1960, à appuyer la politique néocoloniale espagnole visant la création d’un Etat artificiel au Sahara. Elle continuera à livrer sa guerre secrète[2] au Maroc même lorsque ce dernier consentira, en 1972, à la conclusion d’un traité réglant le problème frontalier, quand bien même la conclusion de ce traité ait été conditionnée par son engagement de soutenir le Maroc dans ses démarches visant à récupérer le Sahara occidental.

La position de l’Algérie se raidit encore davantage après la récupération du Sahara par le Maroc en 1975. C’est à partir de cette date qu’elle décide de reprendre à son compte la politique espagnole. Ainsi, elle établit d’abord son contrôle sur le Polisario, qu’elle incite à lancer des attaques armées contre le territoire marocain. Elle crée ensuite une situation artificielle de réfugiés en effectuant un transfert forcé de dizaines de milliers de Sahraouis en vue de les placer dans des camps militaires à Tindouf placés sous le contrôle de la milice armée du Polisario. Elle crée enfin dans ces mêmes camps la pseudo République Démocratique Arabe Sahraouie (RASD).

L’Algérie a aussi saboté toute initiative visant à régler définitivement le conflit du Sahara, en manipulant notamment l’opération de détermination du corps électoral, préalable nécessaire à l’organisation d’un référendum d’autodétermination, ou en s’opposant à l’application d’un régime d’autonomie avancée au Sahara[3].

Enfin, l’Algérie s’est parfois directement opposée au Maroc lorsqu’elle a notamment déclenché la « guerre des sables », engagé ses troupes à Amgala ou expulsé des dizaines de milliers de citoyens marocains.

L’hostilité de l’Algérie laisse perplexes un grand nombre d’observateurs étrangers

Pour un grand nombre d’analystes et de diplomates étrangers, l’hostilité de l’Algérie laisse perplexe car elle ne semble avoir aucun fondement.

Ainsi, W. Zartman, fin connaisseur de la région, fait-il part de sa perplexité lorsqu’il écrit que « les diplomates ont pendant longtemps cherché à savoir ce que voulait vraiment l’Algérie, dans la mesure où la question (du Sahara) n’est existentielle ni pour le gouvernement ni pour l’Etat et qu’elle est au mieux (ou au pire) une affaire de fierté pour l’armée algérienne… D’autres ont suggéré que la ratification par le Maroc du traité de 1972 sur les frontières, effectuée par le Roi en 1981 mais sans l’autorisation du Parlement (qui n’existait pas à l’époque), aurait pu réduire la tension, surtout que l’Algérie, qui a ratifié ledit traité en 1973, estime qu’il est définitif et que le Maroc ne peut de ce fait le remettre en cause. D’autres encore estiment que si l’Algérie cherche à obtenir un accès à l’océan Atlantique, le fait que le Maroc ait accepté la construction d’une ligne de chemin de fer pour transporter le fer de Gara Jebilet vers l’océan Atlantique est en soit une assurance suffisante pour avoir un accès à ce dernier. Néanmoins, en dépit de tout cela, il se peut que la motivation algérienne soit plutôt d’affaiblir le Maroc[4]».

Pour sa part, l’International Crisis Group estime que la question du Sahara est devenue, du fait de la dégradation de la situation politique intérieure, une question algéro-algérienne. Selon lui, la question du Sahara a fini, ces dernières années (l’étude date de 2007), par devenir un enjeu dans les rapports entre les chefs de l’armée et les présidents algériens[5]. Cette question est, chaque fois que cela est jugé opportun, utilisée par les chefs de l’armée pour prendre le contre-pied du président, sachant que ces mêmes chefs de l’armée sont largement perçus comme ayant un intérêt matériel dans le maintien du statu quo. La conséquence en est que les éléments civils (souvent ex-militaires) du gouvernement algérien, y compris la présidence, ont été constamment handicapés dans leurs efforts pour trouver une solution à la question du Sahara.

Enfin, Yahia H. Zoubir est d’avis, bien qu’il ne cache pas son soutien à la politique algérienne dans l’affaire du Sahara, que le problème du Sahara est en fait un problème de démocratie en Algérie et non pas une question d’autodétermination. Il a ainsi admis, à cet égard, que « les liens religieux, linguistiques, historiques et ethniques sont plus puissants que la tension et les contrariétés émotionnelles qui ont caractérisé les relations de l’Algérie et du Maroc depuis l’indépendance. Il n’y a aucun doute que le changement graduel d’élites, ainsi que la démocratisation des deux pays, auront des effets positifs sur leurs relations, et, par extension, sur l’ensemble du Maghreb[6] ».

L’hostilité de l’Algérie : Un moyen de légitimation de l’oligarchie militaire algérienne

En réalité, l’hostilité qu’affiche l’oligarchie algérienne à l’égard du Maroc relève de l’irrationnel. Elle a été conçue par celle-ci au lendemain de la « guerre des sables », en 1963, en vue de légitimer son maintien au pouvoir. Le paradoxe est que, bien que la population algérienne ait d’autres soucis beaucoup plus urgents, dont en particulier celui de jouir de conditions de vie décentes, l’oligarchie militaire continue jusqu’à aujourd’hui de faire du Maroc un épouvantail, une sérieuse menace à l’existence même de l’Algérie. Comble de la démence, elle pense avoir réussi à créer chez les Algériens une obsession phobique du Maroc, une obsession sur laquelle elle peut jouer chaque fois que cela lui parait nécessaire. En faisant cela, l’oligarchie militaire montre la piètre idée qu’elle a de son peuple. Elle fait aussi fi de l’attachement réciproque des peuples algérien et marocain, qui, comme le dit si bien Stora, ont le sentiment de constituer une même communauté unie par l’Islam, la culture, la géographie ainsi que par un patrimoine collectif de luttes d’émancipation, et une « aspiration au vivre-ensemble[7] » .

Certes, certains Algériens aiment appeler, avec une certaine fierté, leur pays « le continent ». Or, outre qu’il n’y a pas de quoi être fier lorsque l’on sait que « leur » pays a été artificiellement créé par une puissance étrangère, il y a aussi, et surtout, lieu de s’en inquiéter. Car la pratique a montré qu’un pays n’a pas d’avenir lorsqu’il est le résultat d’une territorialisation exogène[8]. Or, tout le monde sait que l’Algérie n’a commencé à exister qu’à partir de 1830 grâce au colonisateur français qui lui « fabrique, sans le vouloir, une capitale, des frontières, une structure administrative et une culture politique centraliste[9] » . Mais les Algériens ne sont pas dupes car ils savent que leur « pays » est né de la spoliation de territoires appartenant à d’autres pays. D’où la peur, qui ne dit pas son nom, que ces pays ne réclament un jour le retour de ces territoires à leurs mères patries ; cette peur sur laquelle joue l’oligarchie militaire pour se maintenir au pouvoir, et qu’elle nourrit régulièrement.

La fabrication du mythe du « Maroc, ennemi mortel de l’Algérie »

L’oligarchie militaire algérienne a appris à jouer sur la peur des Algériens au lendemain de la guerre des sables en créant le mythe du « Maroc, ennemi mortel de l’Algérie ». On le sait, ladite guerre a été provoquée par cette même oligarchie qui, bien qu’issue de l’armée des frontières (le groupe d’Oujda) et en dépit du fait qu’elle n’ait tiré aucun coup de fusil contre le colonisateur français, venait de s’emparer du pouvoir après s’être livrée à l’exécution des principaux dirigeants de l’armée de l’intérieur et poussé à l’exil de nombreux leaders démocrates, dont la plupart se réfugient au Maroc[10].

La guerre des sables a été provoquée afin de faire diversion en raison de l’état d’insurrection quasi-général qui régnait en Kabylie et dans un grand nombre de wilayas[11]. Mais l’armée algérienne va subir un cuisant échec, en dépit de l’aide militaire que lui apportent l’Égypte et Cuba sous forme de contingents armés. Humiliée, elle cherche à se faire excuser par les Algériens en alléguant que le Maroc était l’agresseur et qu’il a tiré profit de la faiblesse de l’armée algérienne dont la construction était à peine amorcée. Pourtant, le Maroc ne met pas à profit sa supériorité sur le terrain car il ordonne à son armée, qui était en train de récupérer les territoires spoliés, de rebrousser chemin. Il le fait pour satisfaire une demande de l’O.U.A. de cessez-le-feu en contrepartie de la création d’une commission d’arbitrage. Mais les travaux de celle-ci n’aboutiront jamais. Plus grave, une année après, l’O.U.A. surprend tout le monde en adoptant, avec la complicité des pays amis de l’Algérie, et en violation de sa Charte ainsi que du droit international, le principe de l’intangibilité des frontières coloniales[12].

En fin de compte, si la guerre des sables a fait autant de bruit, c’est moins en raison des dégâts humains et matériels qu’elle a provoqués, qui en vérité sont minimes, que parce qu’elle n’a cessé, depuis lors, d’être instrumentalisée par l’oligarchie militaire pour diaboliser le Maroc, et cela au point que celle-ci a fini par croire aux moulins à vent qu’elle dit combattre pour le salut des Algériens. Car ces derniers savent mieux que quiconque que les Marocains ont toujours été à leurs côtés quitte à sacrifier leurs propres intérêts, comme cela s’est passé en 1844 ou à la fin des années 1950.

L’Algérie : un pays menacé d’éclatement

Aveuglée par son combat contre des moulins à vent, l’oligarchie algérienne ne se rend pas compte que le plus grand danger qui menace l’Algérie, ainsi que cette oligarchie, se trouve à l’intérieur de celle-ci et non par de-delà ses frontières. En effet, ce à quoi ne semblent pas prêter attention les militaires algériens, c’est qu’aujourd’hui la désintégration d’un pays artificiellement créé est très souvent due à des facteurs internes et non pas externes, lorsque notamment une partie de la population ne trouve plus « son compte » dans son appartenance à un Etat donné. Or, c’est une lapalissade de dire que la résurgence de l’irrédentisme ethnique se trouve dans un état avancé non seulement dans le cas bien connu de la Kabylie[13], mais aussi dans les régions du Sud de l’Algérie. Cela a fait dire à des observateurs avertis que « pour le gouvernement (algérien), l’aspect le plus inquiétant de ce nouveau régionalisme (ethnique) n’est pas seulement qu’il soit l’expression d’une division entre le Nord et le Sud du pays, mais aussi parce que les populations du Sud peuvent commencer à regarder vers le Sud - au-delà des frontières - pour entrevoir leur avenir politique et économique[14] » .

Une crise de type systémique

Aujourd’hui, nul ne conteste que l’Algérie est en train de s’installer dans une crise multidimensionnelle de type systémique. En effet, si la crise est restée, pendant longtemps, confinée à l’économie, elle affecte aujourd’hui les fondements institutionnels et politiques de l’Etat algérien, qui n’est plus à même de répondre aux attentes de la population. Parmi les facteurs qui sont derrière cette crise systémique, deux revêtent une importance majeure.

Le premier est le déclassement de la source principale de richesse de l’Algérie : le gaz, en raison, d’une part, de sa mise à l’écart de plus en plus grande du marché mondial, due à une très forte compétition étrangère, et, d’autre part, du tarissement des gisements gaziers algériens, sans parler de la tendance à la baisse des prix des hydrocarbures.

Le second facteur est le caractère néopatrimonial de l’Etat algérien. Ce dernier a, pendant longtemps, fait illusion en donnant de lui l’image d’un Etat qui cherche à promouvoir le progrès et la justice sociale. Mais une autre réalité se cachait derrière ce comportement de façade : l’appropriation des richesses nationales par l’oligarchie militaire qui gouverne le pays depuis l’indépendance.

C’est le caractère néopatrimonial de l’Etat algérien qui a fait que celui-ci n’a jamais été à même de jeter les bases d’une économie viable en dépit de l’adoption de différentes réformes, dont celles relatives à la privatisation, la mise à niveau des entreprises et la libéralisation du commerce extérieur. En fait, au lieu de permettre la construction d’une économie nationale, ces réformes ont fait de l’Algérie un simple marché de consommation de produits importés par le biais de sociétés dont le capital est détenu par l’oligarchie militaire algérienne et ses alliés.

C’est la découverte de cette réalité, et de ses conséquences désastreuses, qui est à l’origine du soulèvement du peuple algérien et de la répression sanglante qui s’en est suivie dans les années 1990. C’est aussi en réaction au caractère néopatrimonial de l’Etat algérien qu’est né le Hirak, qui réclame le départ de l’oligarchie militaire et l’instauration d’un « État civil et non militaire », doté d’un système de gouvernance « libre et démocratique »[15].

L’hostilité de l’Algérie a contribué à faire émerger un « Maroc nouveau »

On le sait, l’hostilité de l’Algérie a énormément nui aux régions se trouvant des deux côtés de la frontière algéro-marocaine[16]. En revanche, aussi paradoxal que cela puisse paraître, elle a eu pour effet de renforcer le Maroc au lieu de l’affaiblir.

On le sait, la Covid-19 a été un révélateur impitoyable de la force et de la faiblesse des Etats. Au Maroc, il nous a fait découvrir, ainsi qu’au reste du monde, que quelque chose de nouveau se produisait dans le pays. Qui parmi nous n’a pas été agréablement surpris par l’éblouissante manière avec laquelle l’Etat a réagi dès la manifestation des premiers signes de l’épidémie ? On a rarement vu un sens aussi aigu de l’anticipation des événements. Une véritable stratégie de guerre a été mise en place en un temps record. Les hôpitaux ont été rééquipés, en un temps record, en matériel médical le plus sophistiqué qui soit ; des usines ont surgi du néant pour fabriquer des masques ; les médecins se sont mobilisés avec un grand élan de générosité et de dévouement ; la police a également été de la partie, animée par un incroyable esprit citoyen ; des budgets spéciaux ont été créés pour venir en aide à ceux dont les métiers ou les emplois allaient subir les contrecoups de la pandémie, etc.. Médusés, nous voyons notre pays faire mieux que nombre de pays développés. Une grande question surgissait alors : qu’est-ce qui s’était passé dans le pays ?

Obnubilés par le passé et ses clichés, nous ne savions pas qu’un Maroc nouveau était né. Et que l’hostilité de l’Algérie y avait contribué.

L’hostilité de l’Algérie a eu d’abord pour effet de consolider le front intérieur et de nous pousser à concevoir une manière plus consensuelle de faire la politique. Elle a eu ensuite pour effet de réformer les institutions pour les revigorer, de susciter un dialogue national sur les moyens permettant l’édification de la démocratie et la promotion des droits de l’homme, de renforcer et de rénover les infrastructures ou d’en construire de nouvelles (routes, ponts, chemins de fer, ports, etc.), de lancer des projets structurants qui, couvrant différentes régions du pays, ont créé une nouvelle dynamique économique, dont l’ampleur a été telle qu’elle a poussé les entrepreneurs marocains à aller à la conquête de nouveaux marchés, ailleurs dans le monde, notamment en Afrique. Elle a également eu pour effet de mettre en place les jalons d’un système avancé de régionalisation, qui permet à la population locale de gérer ses propres affaires, etc.. Certes, des pesanteurs, internes et externes, continuent à empêcher l’économie nationale d'afficher des taux de croissance élevés permettant d’éradiquer la pauvreté. Mais le gouvernement estime qu’il peut venir à bout de ces pesanteurs en adoptant un nouveau modèle de développement.

Ainsi est née tout en douceur, comme sur du velours, une « Force tranquille » au service non seulement des siens, mais aussi des autres. Une force qui participe au développement de l’Afrique, promeut la paix dans la région (Lybie, Sahel, etc.), dit « non » à l’injustice des anciennes puissances coloniales (suppression des liens de dépendance) et se mobilise pour les grandes causes mondiales (COP, émigration, etc.). Derrière cette force, il y a aussi l’autre dimension, celle des armes, sans laquelle il ne peut y avoir de paix réelle et durable, et que le monde découvre avec stupéfaction lorsque le pays place en orbite un satellite capable de détecter le moindre mouvement de ses adversaires et fait appel aux drones les plus sophistiqués pour neutraliser ses ennemis.

Une nouvelle « guerre des sables » sonnerait le glas de l’Algérie

Partant de ce qui précède, il est fort à craindre que l’oligarchie militaire algérienne soit amenée à faire une fois encore de l’hostilité au Maroc un dérivatif aux tensions internes que connait l’Algérie. En effet, les militaires algériens pourraient être tentés de détourner l’ire des Algériens vers le Maroc, comme ils l’ont fait en 1963 avec la guerre des sables. La rupture unilatérale des relations diplomatiques est une étape dans ce sens ; laquelle étape a été précédée, depuis l’émergence du Hirak, par une campagne médiatique anti-marocaine. Mais l’oligarchie algérienne se trompe d’époque car 1963 n’est pas 2021.

En 1963, cette oligarchie venait à peine de s’installer au pouvoir. Elle a pu alors bercer l’imaginaire algérien avec les promesses mirifiques des pétrodollars et de l’idéologie nassérienne et baasiste. Or aujourd’hui, l’oligarchie traîne derrière elle 60 ans d’exercice d’un pouvoir autoritaire et prédateur qui a mené l’Algérie à la ruine que l’on sait. Ainsi donc, l’oligarchie algérienne n’a plus de virginité politique pour faire illusion. Elle sera très probablement amenée à rendre compte au peuple algérien de toute mésaventure qui lui serait coûteuse.

Néanmoins, le plus grand perdant sera l’Algérie car, ainsi que nous l’avons vu, celle-ci est déjà menacée de désintégration par des forces internes, qui attendent de prendre leur revanche sur un Etat qui les a appauvries, ignorées et humiliées.

Bien que totalement insensée, une fuite en avant, sous la forme d’une guerre contre le Maroc, n’est plus alors à exclure de la part d’une oligarchie aveuglée par le pouvoir. Cette perspective, très plausible, devrait pousser les puissances européennes concernées à y réfléchir sérieusement car elle pourrait avoir un impact tectonique sur toute la région, y compris l’Europe de l’Ouest. Ces puissances jouent avec le feu en encourageant, d’un côté, l’oligarchie algérienne à persister dans son aveuglement, et en cherchant, de l’autre, à créer d’inexplicables difficultés au Maroc.

Enfin, qu’il soit clairement dit que le Maroc a besoin d’une Algérie unie, stable et forte ; une Algérie avec laquelle il pourra interagir économiquement pour le bien-être de leurs peuples respectifs (on estime que cela pourrait induire une augmentation de 1.5% du PIB de chacun des deux pays) pour relancer la construction du Maghreb et former un puissant binôme afin de prémunir la région des dangers qui la guettent.


[1] Nous entendons par Algérie l’Etat, la structure politique dominée par une oligarchie militaire depuis l’indépendance de ce pays

[2] Voir H. Alaoui “Guerre secrète au Sahara occidental », Paris, Encre d’Orient, 2010

[3] Voir sur toutes ces questions A. El Ouali « Le conflit du Sahara au regard du Droit International”, tome 1 « Souveraineté et droit d’exploitation des ressources naturelles », tome 2, « Autodétermination : Changement de paradigme et perspective de règlement », Bruxelles, Bruylant, 2015

[4] « Time For a Solution in the Western Sahara Conflict”, Middle East Policy, Winter 2007, vol.XIV , No. 4, p181

[5] « Western Sahara: Out of the Impasse », Middle East/North Africa Report No 66, 11 June 2007. Sur l’instrumentalisation de la question du Sahara par l’armée et le gouvernement en Algérie, voir aussi Khadija Mohsen-Finan « Sahara occidental. Les enjeux d’un conflit régional », Paris, CNRS Editions, 1997, p 115 et suiv. et son article « Le règlement du conflit du Sahara occidental à l’épreuve de la nouvelle donne régionale », Politique Africaine, Décembre 1999, No 76, p 98 et suiv. Yahia H. Zoubir décrit, pour sa part, un certain nombre de situations dans lesquelles l’armée algérienne n’a pas manqué de torpiller les initiatives de paix auxquelles paraissait sensible le Gouvernement algérien. Voir son étude « The Western Sahara Conflict: A Case Study in Failure of Prenegotiation and Prolongation of Conflict », California Western International Law Journal, Spring 1996, vol. 6, No 2, pp 188-189, p 192 et pp 196-197.

[6] « Algerian-Moroccan relations and their impact on Maghribi integration », The Journal of North African Studies, Autumn 2000, Vol. 5, No 3, p 70. Benjamin Stora parvient également à la conclusion que seule l’instauration de la démocratie pourrait aider à surmonter les difficultés actuelles et à faciliter l’intégration des pays du Maghreb. Voir son étude « Algeria/Morocco: the passions of the past. Representations of the nation that unite and divide », The Journal of North African Studies, 2003, vol. 8, No 1, p 32

[7] « Algérie-Maroc. Histoires parallèles et destins croisés », Paris, Maisonneuve et larose,2002, p13

[8] Voir A El Ouali « Territorial Integrity in a Globalizing World. International Law and States’ Quest for Survival”, Heidelberg/New York, 2012

[9] P.Orly “Qu’est-ce qu’une nation ? C’est un Etat » in Ronan Le Coadic (dir.) « Identités et Démocratie. Diversité culturelle et mondialisation : repenser la démocratie », Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003, p 260

[10] Voir M.Harbi “Le F.L.N., mirage et réalité. Des origines à la prise du pouvoir (1945-1962) », Paris, Editions j.a., 1980

[11] Voir K.Farsoun and J.Paul “War in the Sahara : 1963”, MERIP Reports. No.45, March 1976; H.Benmousa “The War Sand (1963): An Overview of an Instrumentalized Conflict”, McGill Journal of Middle East Studies,  March 29, 2014a229, 2014arch 29, 2014, 2014

[12] Cf.A. El Oualii  « L’intangibilité des frontières ou le non-sens juridique du principe de base de l’OUA pour le règlement des différends territoriaux », Revue Françaises d’Etudes Politiques Africaines,  déc.1984-janv.1985

[13] Voir  Paul A. Silverstein “Martyrs and patriots: ethnic, national and transnational dimensions of Kabyle politics », The Journal of North African Studies, 2003, vol.8,No 1,pp 86-111; B.Maddy- Weitzman “The Berber Question in Algeria: Nationalism in the Making” in O.Bengo and G.Ben- Dor (eds.) “Minorities and the State in the Arab Worlf”, Boulder, CO: Lynne Rienner, 1999

[14] J.Keenan « Ethnicity, Regionalism and Political Stability in Algeria’s Grand Sud », The Journal of  North African Studies, mars 2005, vol. 8, No 1, p 88

[15] Un des slogans du Hirak

[16] Cf. F.Daoudi « Analyse de situation aux frontières terrestres algéro marocaines : vie quotidienne d’une population partagée ». Science politique. Université Grenoble Alpes, 2015

 

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