Agrumes : «le Plan Maroc Vert a atteint ses objectifs trop tôt»

Lors d'un séminaire organisé mardi 2 juillet à Casablanca avec la Fédération interprofessionnelle marocaine des agrumes Maroc Citrus, l'Ascam (Association des conditionneurs d'agrumes du Maroc) a présenté son bilan du Plan Maroc Vert et ses projets pour mieux exploiter le marché local.  

Sur les marchés extérieurs, l’orange s’exporte de moins en moins à cause de la concurrence agressive des oranges égyptienne et turque.

Agrumes : «le Plan Maroc Vert a atteint ses objectifs trop tôt»

Le 3 juillet 2013 à 16h57

Modifié 3 juillet 2013 à 16h57

Lors d'un séminaire organisé mardi 2 juillet à Casablanca avec la Fédération interprofessionnelle marocaine des agrumes Maroc Citrus, l'Ascam (Association des conditionneurs d'agrumes du Maroc) a présenté son bilan du Plan Maroc Vert et ses projets pour mieux exploiter le marché local.  

Pour Khalid Bounajma, secrétaire général de l'Ascam, le Plan Maroc Vert a atteint ses objectifs trop tôt : «Nous étions sur un objectif de 105.000 hectares à l'horizon 2020, nous sommes actuellement à 115.000 hectares de plantations agrumicoles, ce qui implique un grand volume à venir», explique-t-il à Médias 24.

S'il est confiant quant à la prochaine campagne, M. Bounajma rappelle qu'il faut miser sur le marché local pour pouvoir booster les exportations. En effet, le marché intérieur serait le marché numéro 1 des agrumes, qui manque malheureusement de structuration, si bien que l'association y constate des pertes de 40% : «Les différents intervenants notamment ministériels travaillent séparément et nous ne savons pas réellement quelle est leur stratégie» regrette-t-il.

L'organisation de ce séminaire a été l'occasion de réunir les experts du conditionnement d'agrumes, qui se sont exprimés sur les moyens de garantir au consommateur un prix stable et abordable, ainsi qu'une satisfaction des normes de qualité et de salubrité, et au producteur une valorisation des produits.

Car si les Marocains raffolent d'agrumes, leurs habitudes consuméristes particulières, basées sur le visuel et le toucher, sont très contraignantes dans le flux de la valorisation. Mais bien avant d'arriver entre les mains du consommateur, le fruit est exposé à un mauvais conditionnement : exposition à des températures ambiantes, emballages inadéquats, manque de traitement de conservation, commercialisation avec la feuille, et surtout rupture de la chaîne du froid : Selon un expert invité à s'exprimer lors du séminaire, le fruit respire 2,5 fois plus lorsqu'on augmente la température de 10%, ce qui le fait puiser dans ses réserves de sucre, et perdre ainsi en saveur.

Pour l'ASCAM, le Plan Maroc Vert s'est trop concentré sur la production et pas assez sur la chaîne de valeurs. S'ils souhaitent que leur voix soit entendue lors de l'élaboration de la stratégie ministérielle, les conditionneurs agrumicoles ne sont pas moins munis d'une vision à long terme. Pour restructurer la filière, l'association prend exemple sur l'agrumiculture turque, dont le marché local est tellement fort que les producteurs réussissent à obtenir un retour sur investissement rapide. Puisque la machine traite un volume conséquent, les coûts d'exportation et de conditionnement baissent, ce qui permet aux turcs de vendre des produits à des prix imbattables. Le manque de compétitivité des agrumes marocains sur les marchés occidentaux pourrait donc être relevé à la condition de miser sur le marché intérieur.

Pour Khalid Bounajma, la filière du conditionnement demande de l'expertise et du savoir-faire. Les normes drastiques auxquels ils sont obligés de se soumettre imposent une formation du personnel, composé essentiellement de saisonniers recrutés pour trois ou quatre mois de récolte. Ainsi, la filière a du mal a stabiliser la main-d'œuvre, et les formations sont donc nécessaires à chaque campagne. Une situation qui pourrait être évitée s'il existait une vraie politique de formation des producteurs, notamment en matière d'hygiène.

Pour autant, le secrétaire général de l'ASCAM reste confiant quant à la campagne à venir : «Nous allons sans doute dépasser les deux millions de tonnes d'agrumes l'année prochaine», indique-t-il en exclusivité à Médias 24. En tout cas, il faudra essayer de résorber le problème de l'informel puisqu'à l'heure actuelle, sur les 1.200.000 tonnes d'agrumes vendus au Maroc cette année, seulement 40.000 tonnes circulent sur le marché officiel.

Une restructuration de la filière, qui ne nécessite pas au final un investissement important, s'impose donc pour pouvoir profiter autant aux consommateurs, aux producteurs qu'à l'Etat lui-même.

 

 

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