Déflation: La zone euro au bord de la dépression nerveuse économique?

La quasi-paralysie des prix constatée en zone euro fait craindre l'apparition d'une déflation, sorte de dépression nerveuse économique faisant flancher de concert les prix, les salaires et l'activité, ce qui selon les économistes appelle une réaction de la BCE.  

Déflation: La zone euro au bord de la dépression nerveuse économique?

Le 31 octobre 2013 à 13h18

Modifié 31 octobre 2013 à 13h18

La quasi-paralysie des prix constatée en zone euro fait craindre l'apparition d'une déflation, sorte de dépression nerveuse économique faisant flancher de concert les prix, les salaires et l'activité, ce qui selon les économistes appelle une réaction de la BCE.  

Les Etats-Unis eux-mêmes s'inquiètent d'une « tendance déflationniste » en zone euro, selon le rapport semi-annuel sur l’économie internationale du Trésor américain, publié mercredi. Le chiffre présenté jeudi par l'organisme européen de statistiques Eurostat est marquant: l'inflation annuelle en zone euro est ressortie le mois dernier à 0,7%, au plus bas depuis fin 2009. A priori, une bonne nouvelle pour des ménages confrontés à une baisse de pouvoir d'achat. Mais en réalité une « logique perverse », souligne Philippe Waechter, économiste chez Natixis Asset Management.

La déflation est plus longue à s'installer, et moins spectaculaire que l'inflation galopante, cette surchauffe de l'économie, synonyme de brouettes de billet qui valent une misère. Mais elle n'est pas moins dangereuse. Face à des prix qui baissent, le consommateur diffère ses achats, dans l'espoir de payer encore moins cher demain sa voiture, son canapé, son appartement. Les commandes aux entreprises baissent, ces dernières réduisent leur production, voire les salaires, ou licencient. De quoi paralyser encore davantage les ménages. Et le cercle vicieux s'enclenche. Sans compter, souligne Philippe Waechter, qu'avec la vigueur actuelle du cours de l'euro, « on importe de la déflation », puisque les prix des produits importés baissent. Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas, souligne que les prix à la consommation ne sont que « la partie émergée de l'iceberg » et qu'il faut s'intéresser aux salaires, en chute libre en Grèce, en recul dans plusieurs pays du Sud comme l'Espagne, anesthésiés ailleurs.

En France, l'Insee vient de révéler que les salaires réels ont stagné en 2011 pour la deuxième année consécutive.

« Un peu comme la varicelle »

« La déflation, c'est un peu comme la varicelle. Soudain vous avez une inflation négative ou très faible, tout le monde s'alarme, ce sont les boutons qui sortent. Mais la maladie couvait déjà depuis un moment », décrit M. Barbet. « Le processus de la déflation salariale s'étend » en Europe, encouragé par le choix généralisé de l'austérité, confirme Xavier Timbeau, directeur de l'analyse à l'Observatoire français des conjonctures économiques. Les Etats réduisent leurs dépenses, dérégulent le marché du travail et encouragent la modération salariale. Ce qui « peut être bénéfique quand on est en croissance, mais est néfaste dans la phase actuelle » de chômage record en zone euro, souligne M. Barbet.

Le Trésor américain est plus expéditif, et rend l'Allemagne, fervente partisane de l'austérité, responsable: « La croissance anémique de la demande intérieure de l'Allemagne et sa dépendance envers les exportations ont créé un déséquilibre (...) ».  Sans compter que pour des raisons historiques, à cause de l'hyperinflation qui a favorisé l'arrivée au pouvoir des nazis, Berlin tend à s'inquiéter davantage d'un risque d'emballement des prix que d'un risque d'inflation.

La BCE seule susceptible d'agir

Pour éviter que la zone euro ne s'enlise comme le Japon dans la déflation, rappelle M. Barbet, « la réponse ne peut être que macro-économique ». En l'absence de politique budgétaire commune, la seule institution susceptible d'agir est la Banque centrale européenne, pour qui le taux idéal pour la zone euro est « légèrement inférieur à 2% ». Contre donc 0,7% actuellement. « La BCE a largement de la marge pour venir en soutien de l'économie », estime Christian Schulz, économiste de la banque Berenberg.

La BCE dispose de trois « anti-dépresseurs » potentiels. Le premier serait de baisser son taux directeur, à 0,25% contre 0,5% aujourd'hui, peut-être « dès décembre »selon Howard Archer, économiste de la société IHS. Les autres: lancer une opération géante de crédit aux banques; ou, tout simplement, parler. Son chef Mario Draghi a mis fin à la crise de la dette en zone euro par quelques mots, en promettant à l'été 2012 que la BCE ferait « tout ce qui est nécessaire » (« whatever it takes ») pour sauver la monnaie unique. De l'avis général, il ne doit pas trop attendre: « Une fois la déflation installée, la politique monétaire n'a plus beaucoup de leviers », selon M. Barbet.

(Par AFP)

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