L’insécurité continue d’occuper le devant de la scène. Aux dernières nouvelles, la préfecture de police du Grand Casablanca annonce dans un communiqué relayé par Goud que plusieurs centaines d'interpellations ont eu lieu entre vendredi soir et samedi. Au moins 554 suspects ont été arrêtés, dont 137 personnes faisant l'objet de mandats de recherche.

Selon la même source, des instructions ont été données afin d’ouvrir une enquête sur « Tcharmil », ce phénomène inquiétant qui prolifère sur Internet et où l’on voit des délinquants exposant fièrement leurs butins, sabre à la main.

Des sources sécuritaires remettent néanmoins en question l’authenticité de ces photos. Selon elles, il ne s’agirait que de « mises en scène préfabriquées visant à perturber le développement de la ville de Casablanca. »

Cela n’empêche pas les internautes de continuer de se mobilier, en témoignent la création de plusieurs pétitions et la mobilisation croissante autour de la page Facebook de la marche contre l’insécurité à Casa.

Justement, nous avons posé quelques questions à la fondatrice de ce mouvement, la traductrice casablancaise Salima Abdelhadi, âgée de 39 ans.

-D’où vous est venue l’idée de créer cette page ?

Les faits divers sont devenus notre quotidien. Il ne s’agit plus seulement de vol ou d’agression, mais bien de meurtres. Le déclencheur a été le meurtre de cette dame de 70 ans (Farida Berrada, NDLR). Je suis sûre qu’il y’en a eu d’autres. Mais aujourd’hui,  il y a eu un véritable cumul et un ras-le-bol général.

- Plus de 17.000 adhérents à cette action en 4 jours. Vous attendiez-vous à une telle mobilisation ?

 Je savais que les gens étaient touchés, mais pas à ce point.

-Quand aura lieu cette marche ?

Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce sera un dimanche pour que tout le monde puisse y participer. Car il faut d’abord nous unir avec une association et demander une autorisation. Je ne sais pas combien de temps peut prendre la procédure. Des contacts ont été faits avec une association. Mais je ne peux pas vous en dire davantage.

-Une marche est-elle la solution pour combattre le crime ?  

Il s’agi surtout d’une prise de conscience collective. Nous voulons que les autorités publiques sachent que nous n’en pouvons plus. Le buzz créé autour de ça est déjà une réussite.

-Est-ce une initiative personnelle ? Etes-vous affiliée à un parti politique ?

Alors là ! Pas du tout. Il s’agit d’une initiative personnelle et totalement apolitique.

-Que répondez-vous à ceux qui estiment que l’insécurité et le buzz créé autour sont un coup monté pour détourner l’attention des citoyens sur les vraies questions ?

L’insécurité ne pourra jamais nous détourner des vrais problèmes comme l’éducation, le chômage ou la santé, car l’insécurité n’est que le résultat direct de ces questions. Si ces malfrats avaient reçu une éducation digne de ce nom, à la maison comme à l’école, s’ils avaient eu accès à un système de santé digne, des complexes sportifs, des centres culturels, est-ce qu’ils auraient sombré dans la délinquance ? L’insécurité n’est que le résultat de tous ces maux.