FIFA : pour Blatter, l’attribution du Mondial au Qatar était une “erreur”

Le président de la Fifa Sepp Blatter a reconnu que confier l’organisation du Mondial 2022 au Qatar avait été une "erreur", relançant une polémique qui ne cesse d’enfler sur les conditions d’attribution de la compétition à l’émirat.  

FIFA : pour Blatter, l’attribution du Mondial au Qatar était une “erreur”

Le 16 mai 2014 à 11h11

Modifié le 16 mai 2014 à 11h11

Le président de la Fifa Sepp Blatter a reconnu que confier l’organisation du Mondial 2022 au Qatar avait été une "erreur", relançant une polémique qui ne cesse d’enfler sur les conditions d’attribution de la compétition à l’émirat.  

A huit ans du coup d’envoi, et à quelques semaines de l’ouverture du Mondial au Brésil, le débat tourne au vinaigre quant à l’organisation de la compétition au Qatar où les températures atteignent en été entre 40°C et 50°C.

"Oui bien sûr", a-t-il lancé jeudi soir à un journaliste de la radio-télévision suisse RTS qui lui demandait si le choix de ce très riche pays du Golfe avait été une erreur. "Vous savez, on commet beaucoup d’erreurs dans la vie", a-t-il ajouté. "Le rapport technique du Qatar indiquait bien qu’il faisait trop chaud en été, mais le Comité exécutif [de la Fifa] avec une majorité assez large a décidé qu’on [allait] jouer au Qatar".

Le patron du foot mondial, qui vient d’annoncer qu’il comptait se présenter l’an prochain à sa propre succession, a du coup indiqué qu’il était "plus que probable" que la compétition se joue en hiver, sous des températures plus clémentes.

Une affirmation qui, cette fois, n’est pas nouvelle. Sepp Blatter s’était déjà exprimé en faveur d’une compétition en fin d’année pour éviter la fournaise. "La meilleure date serait la fin d’année. Il faut quand même rester un peu réaliste. Pour moi, si on change et on va changer, parce qu’on ne peut pas jouer en été bien que le Qatar insiste, on doit jouer en hiver à la fin de l’année", avait-il affirmé le 21 avril. Une position sur laquelle il avait rejoint Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa, qui avait évoqué en janvier une compétition entre le 15 novembre et le 15 janvier au plus tard".

La Fifa avait annoncé en décembre 2010 l’attribution du Mondial 2022 à l’émirat, puissant producteur de gaz et qui a assis sa stratégie de communication internationale sur une participation très active dans le sport mondial.

Pression française et allemande

La polémique n’a jamais cessé depuis, avec notamment des accusations de corruption et la dénonciation par des organisations de défense des droits de l’Homme des conditions de travail des ouvriers étrangers sur les chantiers du Mondial. A la RTS, Sepp Blatter n’a pour autant pas jugé condamnable en soi cette attribution. Mais il a évoqué la conséquence "de la poussée politique", provenant notamment de la France et de l’Allemagne dont il a évoqué les intérêts industriels dans la région.

"On sait très bien que des grandes maisons françaises et des grandes maisons allemandes travaillent au Qatar. Mais ils ne travaillent pas seulement pour la Coupe du monde !", a souligné M. Blatter, affirmant que la Fifa "ne pouvait pas intervenir dans les considérations politiques". A Paris, le président français Nicolas Sarkozy avait organisé à l’Elysée une réunion, avec notamment le président de l’UEFA Michel Platini et le Premier ministre du Qatar avant l’attribution du Mondial.

M. Blatter affirme dans son entretien ne pas avoir été "choqué" par cette réunion, d’autant qu’il en a été «informé immédiatement après», en toute "transparence". "Je vois mal le président suisse" faire de même, a-t-il cependant ajouté.

Plusieurs obstacles se dressent sur la route d’un Mondial hivernal, au premier rang desquels figure l’opposition des fédérations des sports d’hiver, inquiètes de la concurrence qu’exercera le sport-roi sur leurs compétitions. Il faudra aussi calmer la colère des pays battus lors de la désignation et trouver des arrangements avec les ligues professionnelles européennes, notamment anglaise.

De son côté, le Qatar s’est déjà préparé à toute éventualité en concevant en particulier des stades climatisés, dans lesquels la température serait maintenue autour de 26-28 degrés.

Vers la fin de la kafala

La communauté internationale a également élevé la voix pour dénoncer les atteintes aux droits l’Homme, dont les ouvriers étrangers font l’objet au Qatar en vu de ce Mondial contesté. La mobilisation commence à porter ses fruits. L’Émirat a promis, mercredi 14 mai, de mettre un terme au système de parrainage, appelé kafala, très contraignant pour les ouvriers étrangers qui travaillent, notamment, préparer le Mondial 2022, organisé dans le pays.

Ce code du travail interdit à tous les employés étrangers, y compris les Occidentaux, de rompre leur contrat sans l'aval d'un tuteur, qui est souvent leur patron. Ce dernier peut mettre fin à son parrainage quasiment à tout moment et renvoyer la personne dans son pays d'origine. Il peut aussi bloquer le départ d'un travailleur, comme ce fut le cas du footballeur franco-algérien Zahir Belounis pendant 17 mois.

"Les principaux amendements de la législation portent sur l'abolition de la kafala et son remplacement par un système de contrat de travail", a annoncé le colonel Abdallah al-Mohannadi, directeur du département des droits de l'Homme au ministère l'Intérieur, lors d'une conférence de presse. Avant d'être adoptée, cette nouvelle loi doit toutefois être soumise au conseil de la Choura, une instance consultative, et à la Chambre de commerce et d'Industrie. Une nouvelle loi prévoit aussi de multiplier par cinq l'amende imposée à l'employeur en cas de confiscation du passeport de son employé. Le Qatar assure également qu'il va adopter "des normes unifiées pour les conditions de logement des travailleurs".

(Avec AFP)

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