Crise irakienne, le pétrole prend 3% en une semaine

Le cours du baril de Brent s’affichait à 112,60 dollars à l’ouverture des marchés ce mardi matin. Il est en hausse de 2,75% en une semaine et de 4% sur 3 mois. Ce n’est pas catastrophique, mais ce n’est pas négligeable non plus.   

Crise irakienne, le pétrole prend 3% en une semaine

Le 17 juin 2014 à 11h37

Modifié le 17 juin 2014 à 11h37

Le cours du baril de Brent s’affichait à 112,60 dollars à l’ouverture des marchés ce mardi matin. Il est en hausse de 2,75% en une semaine et de 4% sur 3 mois. Ce n’est pas catastrophique, mais ce n’est pas négligeable non plus.   

L’agence Bloomberg donne un baril à 116 dollars pour cette fin de semaine.

 

Cependant force est de noter qu’au cours des dernières 24 heures le prix du baril est resté stable.

Si la hausse constatée de 2,75% en une semaine peut être interprétée comme une réaction aux craintes suscitées par l’offensive des djihadistes en Irak, le marché ne semble pas craindre une forte détérioration de l’offre en pétrole au cours des prochaines semaines. Mais 2,75% en une semaine, cela fait tout de même ½ point de hausse chaque jour.

Ce mardi 17 juin, l’Agence internationale de l’énergie rappelle que "de gros risques pèsent sur la production pétrolière irakienne" affichant un franc pessimisme en citant "des institutions faibles, une bureaucratie lourde, une résurgence de la violence dans le sillage de la guerre civile en Syrie, qui culmine à l'heure où nous écrivons dans une campagne militaire rapide d'insurgés sunnites".

L’AIE et BP prudents mais pas inquiets

Depuis les printemps arabes en 2011, note pour sa part le rapport annuel de la British Petroleum (BP) publié lundi 16 juin, "la production de pétrole aux Etats-Unis a complètement compensé les baisses de production en Libye et en Syrie", une offre de 3 millions de barils/jour (mbj).

Reste que l’Irak qui a retrouvé en 2013 ses meilleurs niveaux de production de ces 20 dernières années à 3,45 mbj est également considéré comme le pays susceptible de fournir 60% de l’augmentation de la demande en pétrole des 10 prochaines années, d’ici à 2025. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), "l’Irak a fourni en 2013 l’équivalent de la  4% de la demande mondiale en pétrole".

Par zones géographiques, outre l’Irak et sa contribution de 4%, les pays de l’OPEP ont fourni 36% du pétrole consommé en 2013, les pays de l’OCDE dont les Etats-Unis et le Canada 21% et le reste des producteurs dont la Norvège, Russie et la Chine 39%. La Chine continuant d’importer du pétrole, les principaux artisans de l’offre sur le marché sont les pays de l’OPEP, les USA, le Canada et la Norvège.

L’offre et la demande, et la situation géopolitique sont les principaux déterminants des prix du pétrole. Une demande internationale en légère augmentation, moins de 3% en 2013 et en 2014 en moyenne, et l’augmentation de l’offre américaine qui a réduit les importations U.S. au niveau zéro depuis deux ans expliquent en partie la relative sagesse des prix du pétrole malgré la crise irakienne. Mais selon l’AIE, l’Amérique redeviendra dépendante des importations en provenance du Moyen-Orient dès 2025. 30% du pétrole consommé dans le monde vient du Moyen-Orient qui dispose de 50% des réserves mondiales.

Un avantage coût déterminant

Autre élément jouant en faveur du pétrole du Moyen-Orient, son faible coût de production. Selon Businessindider.com, extraire un baril de pétrole de schiste aux Etats-Unis coûte 65 dollars, contre 50 dollars pour l’onshore en Russie, entre 41 et 52 dollars pour l’offshore mexicain ou norvégien, et … 27 dollars dans les champs irakiens ou saoudiens.

L’autre facteur déterminant à prendre en considération est le fait que le pétrole irakien soit situé en dehors des zones de l’ouest et du nord-ouest irakien contrôlés par l’EIIL. Les champs pétrolifères du nord de l’Irak sont sous contrôle kurde et ceux du sud sont contrôlés par le gouvernement de Bagdad.

Cela ne signifie pas toutefois que l’EIIL ne contrôle pas quelques champs de pétrole, assez en tous les cas pour en vendre et en tirer des revenus qui lui servent à maintenir sa pression armée en Irak et en Syrie voisine.

Dans la situation actuelle sur le terrain irakien, on peut considérer que tant que le pétrole coule sans entraves et que le pouvoir chiite de Bagdad est "neutralisé", cela convient parfaitement aux intérêts américains et saoudiens.

Un pouvoir chiite irakien neutralisé signifie un Irak quasi-partagé en trois mini-Etats, un axe Téhéran-Bagdad-Damas affaibli, une pression maintenue sur le régime de Bachar al-Assad et un approvisionnement pétrolier quasi-normal.

Tant que l’EIIL ne touche pas aux champs pétroliers du sud irakien, cette situation peut encore durer évitant également aux Américains de devoir intervenir militairement.

81,5 MMDH: facture pétrolière marocaine en 2013

Pour ce qui est des pays importateurs comme le Maroc qui a consacré 81,5 MMDH à l’achat de brut en 2013, toute crise au Moyen-Orient n’est pas bonne. Que le baril de pétrole n’augmente "que" de 3% ou 5% malgré la gravité d’une crise politique, cela reste 3% ou 5% de plus à trouver pour payer la facture énergétique.

A la pompe pour les ménages, pour les transports publics et pour l’industrie cela fait des dirhams en plus à débourser chaque mois. La hausse du brut pour l’économie marocaine c’est synonyme d’une croissance ralentie dans le pays, mais également en Europe principal partenaire économique du royaume.

D’un autre côté, les alertes récurrentes sur le cours du baril devraient nous rappeler que le seul moyen efficace à terme pour les finances marocaines est de jouer sur la demande. La crise actuelle conforte toutefois la politique marocaine de diversification de ses sources d’énergie avec les renouvelables, tout en incitant Rabat à concevoir une vraie politique des transports moins dépendante des énergies fossiles et à promouvoir les économies d’énergie dans l’habitat.

Les choix de plus de véhicules hybrides et solaires, de logements mieux isolés et de plus de photovoltaïque pour l’éclairage public et privé et l’eau chaude devraient faire l’objet de politiques plus volontaristes.

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