Drame de Casa, le coup de gueule de Nabil Benabdellah contre les élus locaux

Le ministre de l’Habitat se montre sévère. Dans cet entretien réalisé au lendemain du drame qui a fait 23 morts selon un bilan provisoire, Nabil Benabdellah dénonce la corruption et les calculs qui bloquent toute réforme de substance de la politique locale.

Drame de Casa, le coup de gueule de Nabil Benabdellah contre les élus locaux

Le 14 juillet 2014 à 11h27

Modifié 14 juillet 2014 à 11h27

Le ministre de l’Habitat se montre sévère. Dans cet entretien réalisé au lendemain du drame qui a fait 23 morts selon un bilan provisoire, Nabil Benabdellah dénonce la corruption et les calculs qui bloquent toute réforme de substance de la politique locale.

Ministre de l’Habitat et de la politique de la ville dans l’actuel gouvernement Benkirane II, Benabdellah a occupé le poste de ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme dans le cabinet Benkirane I en 2012 et 2013.

Le mois précédent au parlement, Benabdellah dénonçait publiquement «la corruption qui sabote le travail de lutte contre les bidonvilles», pointant du doigt l’administration locale.  Entretien.

-Est-ce que le drame de Bourgogne est provoqué par les lacunes du code de la construction?

Dans notre pays, nous avons encore beaucoup d’informel dans la construction. Dans le rural, c’est  informel à quasi 100% et dans l’urbain, dans les quartiers populaires, beaucoup de choses se font de manière informelle  sans plans d’architecte, sans bureau d’études. A partir de là on est hors de la loi, hors de tout contrôle.

Dans le cas d’espèce, le bâtiment était autorisé à R+1 et là-dessus est venu se greffer un deuxième, un troisième, puis un 4ème étages. L’un des 3 immeubles a été autorisé assez récemment,  en 1999 selon mes informations. C’est la même chose pour les immeubles avoisinants. En plus, je crois que le propriétaire effectuait des travaux au rez-de-chaussée. Je tiens à préciser que cette problématique d’autorisations de construire et de contrôle est de la compétence des communes et de leur tutelle.

-Est-ce que les contrôles nécessaires sont faits?

La réglementation devient de plus en plus fournie. Mais le problème est qu’on est dans l’informel. C’est la même chose pour une huile frelatée ou pour un gars qui travaille dans l’informel et qui peut te «fourguer» n’importe quoi.

“Je tiens à préciser que cette problématique d’autorisations de construire et de contrôle est de la compétence des communes et de leur tutelle“

-Cela pose le problème de la triche et de la corruption ?

Il est évident qu’il y a des rouages gangrenés dans lesquels la corruption bat son plein. La corruption et ses acteurs creusent leur propre lit de mort et provoquent la mort des autres, la mort de vies humaines.

-Va-t-on se saisir du drame de Bourgogne pour améliorer la gestion locale?

 La question  de la corruption est liée aux valeurs et les valeurs sont liées à la culture. Nous avons du retard.

-Avons-nous commencé ce processus ?

Ça réagit. Il y a les réseaux sociaux, les jeunes réagissent, il y a un contrôle populaire, une opinion publique. C’est une culture qui se développe. Il ne faut pas croire qu’un règlement ou un texte vont résoudre nos problèmes du jour au lendemain.

“Regardez comment le conseil de la ville de Casablanca, la principale ville du pays et poumon économique, est ingouvernable“

-Et les élus locaux ?

Pour les élus, l’occasion est bonne pour notre système politique et nos partis d’avoir des élus propres, des femmes et des hommes de probité. Cela dépend beaucoup du mode de scrutin. Notre système politique vise encore à perpétuer la présence de personnalités électorales locales.

Notre système aime balkaniser le champ politique pour favoriser la gestion des affaires privées. Dans le monde rural, nous le savons,  c’est systématique et en ville aussi.

Regardez comment le conseil de la ville de Casablanca, la principale ville du pays et poumon économique, est ingouvernable. Le seul souci de l’élu est de s’interroger sur «qu’est-ce que je vais gagner»? Il faut que les partis reprennent la main sur leurs élus et pas l’inverse.

Ces partis politiques ayant plus de responsabilité, feront un meilleur travail; il faut plus de rigueur au niveau de l’Etat, au niveau de la justice.


 

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