Jugé pour homosexualité, un touriste anglais a été libéré
Condamné à quatre mois de prison ferme à Marrakech pour homosexualité, Ray Cole a été libéré mardi, après une forte mobilisation en Grande Bretagne. La condamnation était-elle excessive ou infondée? Y a-t-il eu mauvaise interprétation de la loi? Les détails.
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Bilal Mousjid
Le 7 octobre 2014 à 17h03
Modifié 7 octobre 2014 à 17h03Condamné à quatre mois de prison ferme à Marrakech pour homosexualité, Ray Cole a été libéré mardi, après une forte mobilisation en Grande Bretagne. La condamnation était-elle excessive ou infondée? Y a-t-il eu mauvaise interprétation de la loi? Les détails.
Alors qu’il se trouvait le 18 septembre dans un parc à Marrakech, en compagnie d'un jeune de 25 ans, un touriste britannique, âgé de 70 ans, est interpellé par un policier pour un contrôle d’identité, motivé, selon une source sûre, par «une attitude déplacée» des deux hommes. «C’est mon boyfriend», répond le touriste, interrogé par le policier sur leur relation.
S’ensuit un contrôle des téléphones, qui contenaient, selon la même source, des images pornographiques entre les deux hommes. Le touriste ne nie pas. Une rapide enquête indique que le touriste a loué un appartement dans l’une des nombreuses résidences qui louent à la nuit.
Après la garde à vue, le couple est condamné à quatre mois de prison ferme, jeudi dernier. Les motifs: outrage aux bonnes mœurs, détention d’images à caractère pornographique et rapports homosexuels.
A quel article du code pénal le juge s’est-il référé ? Les quatre mois demeurent un mystère ! Car, selon l’article 489 du même code, tout acte «impudique ou contre-nature», comprenez «homosexuel», entre deux individus du même sexe est puni de l’emprisonnement de six mois à trois ans. Pour l’outrage aux bonnes mœurs, la peine va d’un à deux mois, selon l’article 483.
Quant à la «détention d’images pornographiques», rien dans le code pénal ne justifie le chef d’accusation. «La police peut contrôler un téléphone portable, même si aucune loi ne le dit. Le juge, lui, se base sur les éléments que lui fournit la police», nous explique l’avocat Mustapha Rachdi. Aucune loi n’interdit de détenir ses propres images, quelle que soit la posture.
L’enquête a également montré une relation de dépendance financière entre les deux personnes, d’où suspicion de relations tarifées.
Il n’a finalement passé que quatre jours en prison car il est reparti mardi 7 octobre, en Angleterre, avant l’audience en appel où il devait comparaître en liberté provisoire.
La pression des médias
Une pétition, des hashtags sur Twitter (17.500 signatures), un groupe sur Facebook… les appels, relayés par les médias anglais et marocains, se sont multipliés pour demander la libération du ressortissant britannique. Le débat sur les libertés individuelles a refait à nouveau surface, opposant le fameux «à Rome, tu fais comme les Romains» au non moins fameux «il est interdit d’interdire».
La pression médiatique n’a pas manqué de donner ses fruits !
L’image de la destination
L’activité touristique n’avait pas particulièrement besoin d’une telle publicité. A fin juillet, le Royaume-Uni a fourni au Maroc près d’un million de nuitées, en progression de 17% par rapport à l’année dernière, soit le deuxième marché après la France, tandis que les arrivées ont augmenté de 20% (363.000). «Il ne faut pas que l’image de Marrakech soit associée à un cas isolé», nous dit Fatima Zahra Mansouri, maire de la ville ocre. Il y a d’ores et déjà des appels au boycott du Maroc !
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