Da’ech a enrôlé 20.700 combattants étrangers

Le Maroc, la France et la Tunisie restent d’importants pourvoyeurs de jihadistes étrangers selon les dernières estimations de l’ISCR.

Da’ech a enrôlé 20.700 combattants étrangers

Le 4 février 2015 à 17h13

Modifié le 11 avril 2021 à 2h36

Le Maroc, la France et la Tunisie restent d’importants pourvoyeurs de jihadistes étrangers selon les dernières estimations de l’ISCR.

Près d’un mois après les attentats qui ont semé la mort et l'effroi en France, voilà qu’un nouveau rapport nous apprend que le monde est plus que jamais confronté à une explosion du nombre d'aspirants jihadistes partant pour la Syrie et l'Irak, avec en corollaire l'angoissante question de leur retour.

Dans son dernier rapport, le Centre international d'études sur la radicalisation et la violence politique britannique (ISCR), estime à 20.730 le nombre de combattants étrangers partis faire la guerre sainte en Syrie et en Irak, dans les rangs des jihadistes de Da’ech.

Il s’agit ni plus ni plus de la plus grande mobilisation de combattants étrangers dans des pays à majorité musulmane depuis 1945. En comparaison, la première phase de la guerre d'Afghanistan qui a opposé de 1979 à 1989 l'armée de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) aux moudjahidines (« guerriers saints ») avait attiré 20.000 volontaires islamistes étrangers.

Le Maroc, un important pourvoyeur

A eux seuls, les pays du Maghreb et du Moyen-Orient comptent plus de la moitié des combattants partis pour la « guerre sainte », soit 11.000 engagés sous la bannière de Da’ech. 

Le Maroc reste un important pourvoyeur de jihadistes, avec près de 1.500 Marocains partis, sans compter les Marocains résidants en France, dont le nombre est estimé par le ministre marocain de l’Intérieur à 800. En faisant le compte, il s’avère que plus de 10% des combattants partis sont Marocains.

Face à la menace que représente leur retour au pays, le Maroc se montre plus que jamais mobilisé. Le gouvernement marocain a en effet mis en place un dispositif particulier de lutte contre le terrorisme en renforçant sa législation et s’attaque à la source à travers le démantèlement de cellules de recrutement. Il faut dire que les attentats terroristes du 16 mai 2003 à Casablanca et ceux de Marrakech fin avril 2011 sont dans toutes les mémoires et rappellent que le  Maroc n’est pas à l'abri du terrorisme.

 

 

La Tunisie, petit pays de quelque 10 millions d’habitants, est lui-aussi sérieusement confronté à l'ascension de Da’ech, qui compte de nombreux Tunisiens dans ses rangs : entre 1.500 et 3.000 « guerriers d’Allah » selon les estimations de l’ISCR. Dans ce contexte, les autorités tunisiennes craignent que le retour de certains d'entre eux ne déstabilise le pays, sachant que les jihadistes tunisiens mènent une guerre farouche contre les opposants. D’ailleurs, deux jihadistes ayant rallié Da’ech ont revendiqué dans une vidéo diffusée le 18 décembre l'assassinat en 2013 de deux opposants tunisiens. Outre le Maroc et la Tunisie, les autres pays de la région Maghreb et Moyen-Orient comptant un nombre important de jihadistes engagés sous la bannière de Da’ech sont l’Arabie Saoudite avec entre 1.500 et 2500 combattants et la Jordanie avec 1.500.  

4.000 combattants venus d’Europe

Sur les 20.730 combattants partis, près d’un cinquième est venu d’Europe, soit près de 4.000 combattants. Ces chiffres sont peu ou prou semblables à ceux avancés le 12 janvier 2015 par le directeur d'Europol, qui avait estimé qu'entre 3.000 et 5.000 Européens sont partis faire le jihad. Et parmi les plus importants contingents occidentaux, figure la France avec 1.200 hommes.

Un chiffre d’autant plus inquiétant que le pays est encore en deuil après la tuerie de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris. Dans ce contexte, les politiques français semblent plus que jamais décidés à s'attaquer avec la plus grande fermeté à la menace terroriste.

Dans la région ouest-européenne, la France est talonnée par le Royaume-Uni et l’Allemagne avec pour chacun entre 500 et 600 jihadistes partis.

La Belgique compte le plus de jihadistes par rapport à sa population

Vient ensuite Belgique avec 440 départs. Toutefois, proportionnellement à sa population, la Belgique occupe toujours la tête du classement européen : pour un million de Belges, 40 sont partis combattre en Syrie, contre 18 Français pour un million d'habitants.

Autre constat notable: près de 11 ans après les attentats sanglants du 11 mars 2004, l’Espagne semble épargnée par la menace d'un éventuel retour de ses jihadistes sur son sol, puisqu’elle n’en compte qu’entre 50 et 100, soit 2 Espagnols pour un million d'habitants.

 

Les chiffres avancés par l’ISCR se rapprochent de ceux fournis par l’ONU dans un rapport publié en novembre 2014 et cité par The Guardian. Les Nations-Unies estiment que 15.000 personnes, issues de 80 pays, ont rejoint les groupes fondamentalistes en Irak et en Syrie. Au niveau européen, environ 3.000 ressortissants sont partis faire le jihad, selon les chiffres avancés par le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove.

Selon Peter R. Neumann, politologue et directeur de l'ICSR, entre 5 à 10% des étrangers ayant rejoint les groupes fondamentalistes en Irak et en Syrie sont morts. Entre 10 à 30% ont quitté la zone de conflit, sont retournés dans leurs pays ou sont coincés dans les pays de transit. « Par conséquent, le nombre d'étrangers qui sont actuellement sur le terrain en Syrie et en Irak est susceptible d'être moins important que les chiffres fournis », précise-t-il.

L’institut ISCR est une ONG qui existe depuis 2008. Elle travaille avec plusieurs universités dans le monde pour mesurer les effets de la radicalisation politique. Pour réaliser ses dernières estimations, l'ICSR a utilisé plusieurs sources (presse locale, ONG, associations...) et a collaboré avec la Conférence sur la sécurité de Munich.

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