Le Maroc pourrait revaloriser 4 MT de déchets ménagers pour en faire des RDF

La majorité des 15,8 millions de tonnes de déchets produits chaque année au Maroc ne sont pas revalorisés. La polémique sur l’importation de déchets italiens rend nécessaire la création d’une économie circulaire génératrice de gains énergétiques, économiques et environnementaux. 

Le Maroc pourrait revaloriser 4 MT de déchets ménagers pour en faire des RDF

Le 2 août 2016 à 16h40

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

La majorité des 15,8 millions de tonnes de déchets produits chaque année au Maroc ne sont pas revalorisés. La polémique sur l’importation de déchets italiens rend nécessaire la création d’une économie circulaire génératrice de gains énergétiques, économiques et environnementaux. 

Joint par Médias 24, Hassan Chouaouta, président de l’Association marocaine des experts en gestion de déchets et en environnement (AMEGDE), affirme qu’il reste beaucoup  à faire pour valoriser les 7 millions de tonnes de déchets ménagers, les 1,5 millions de déchets industriels non dangereux, les 300.000 tonnes de déchets industriels dangereux, sans compter les 7 millions de tonnes provenant de chantiers de construction.

"Pour exemple, sur les 300.000 tonnes actuels de déchets dangereux (batteries, produits chimiques …), seuls 8% sont traités et valorisés. Le reste est géré par l’informel, jeté clandestinement en milieu naturel ou entreposé dans des décharges qui ne sont pas faites pour les accueillir", précise-t-il.

Selon lui, un effort a été fait pour enfouir convenablement une petite partie des 7 millions de tonnes de déchets ménagers dans certaines décharges. Ce sera notamment le cas en 2017 avec la nouvelle décharge de Médiouna, qui sera capable d’enterrer 70% de ces déchets jusqu’alors stockés à ciel ouvert.

Cela ne saurait cependant suffire, car l’enfouissement pose des problèmes de lixiviat polluant pour la nappe phréatique et d’odeur provenant des biogaz qui sont gênantes pour les riverains.

Selon notre interlocuteur, 60% de ces 7 millions de t de déchets ménagers pourraient être soustraits à l'enfouissement et aux décharges et apporter un bénéfice économique et environnemental et ce de la manière suivante:

1-En mettant en place une filière de traitement, 15% de ces 7 millions de tonnes pourraient être revalorisés. Ainsi, selon M. Chouaouta, c’est plus d’un million de tonnes de déchets matières (plastique, verre …) qui peuvent être retraités (lavage, broyage) et réutilisés sans passer par la case décharge. Il s'agit des déchets matières solides telles que le verre.

2-Pour le reste des déchets ménagers (papier, chiffons, bois), un traitement biologique et mécanique (tri, séchage, broyage, compactage) permettra de créer des RDF (refuse derived fuels) qui serviront de combustibles aux installations nécessitant de l’énergie thermique (cimentiers, sidérurgie …). Cela permettrait d’une part de ne plus importer ce type de déchets combustibles de l’étranger et de valoriser au moins 45% des déchets ménagers qui ne seront plus entreposés dans les décharges.

Au total, la revalorisation des déchets matière et leur réutilisation en combustible fera économiser 60% (45% +15%)  d’espace aux décharges publiques saturées qui ne sont pas prévues pour accueillir tous les types de déchets.

 

Les 7 MT de déchets de construction, le plus souvent jetés illégalement par les promoteurs immobiliers et les particuliers, peuvent être broyés pour faire du béton ou servir à construire des routes.

Une partie des 1,5 million de déchets industriels (bois, plastique, ferraille…) peuvent également être valorisés. Les huiles de vidange peuvent être purifiées une ou deux fois pour être réutilisées puis servir de combustible au lieu d’être jetés en milieu naturel avec des risques écologiques ou entreposées inutilement ad vitam aeternam.

Rappelons que si la loi 28 00 prévoit trois types d’installation pour l’élimination des déchets, il n’existe actuellement au Maroc que des décharges de type classe 1 qui accueillent tous les types de déchets. Voici les trois tupes de décharges prévus par la loi:

-Décharge classe 1 pour les déchets ménagers

-Décharge classe 2 pour les déchets industriels

-Décharge classe 3 pour les déchets dangereux.

Seuls une dizaine d’opérateurs privés (Ecoval, Suez, Polluclean …) ont investi dans des plates-formes de recyclage qui se conforment à la loi. D’autres attendent pour investir ce créneau, qui réclame entre 30 et 100 millions de DH par unité de recyclage capable de traiter 100.000 tonnes de déchets par an.

Les gains économiques et environnementaux  sont nombreux, car ces entreprises créeront des emplois et de la richesse, sans compter l’arrêt des importations des RDF et du coke de pétrole (petcoke) polluant et cher.

Notre interlocuteur avance que si les industriels arrivaient à recycler en RDF une partie des millions de tonnes de déchets ménagers, le Maroc économiserait près d’une semaine de dépenses en devises par an.

Contacté par Médias 24, David Tolédano, président de la Fédération des industries et des matériaux de construction de la CGEM, affirme qu’il faut profiter de la mobilisation consécutive à l’affaire des déchets importés d'Italie pour enclencher une dynamique positive pour le Maroc.

"La création de cette filière est nécessaire, car le besoin est là et les investisseurs sont prêts pour investir dans ce secteur encore embryonnaire dans notre pays. Si les autorités encouragent une ou deux unités à s’installer, un vrai système de recyclage généralisé des déchets se mettra en place rapidement, dans moins de cinq ans", conclut notre interlocuteur.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Morocco Real Estate Management: « GLOBAL HEALTH FUND - SPI » Rapport Annuel 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.