Coronavirus: Le Maroc perdra au moins 100.000 touristes en mars

Depuis l’arrivée du coronavirus au Maroc, les annulations de réservations dans les hôtels et chez la RAM se multiplient. Selon des sources de la compagnie nationale et de la cellule de crise au ministère du Tourisme, les pertes actuelles s’élèvent déjà à plusieurs dizaines de millions de dirhams et à au moins une centaine de milliers d’arrivées perdues en mars.

Coronavirus: Le Maroc perdra au moins 100.000 touristes en mars

Le 5 mars 2020 à 15h52

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Depuis l’arrivée du coronavirus au Maroc, les annulations de réservations dans les hôtels et chez la RAM se multiplient. Selon des sources de la compagnie nationale et de la cellule de crise au ministère du Tourisme, les pertes actuelles s’élèvent déjà à plusieurs dizaines de millions de dirhams et à au moins une centaine de milliers d’arrivées perdues en mars.

Transversal, le secteur du tourisme est celui qui souffre le plus de l’effet de panique induit par la contamination mondiale au coronavirus. S’il faudra du temps pour évaluer la facture générale, Médias24 peut d’ores et déjà révéler que son impact commence à peser sur les finances de la RAM et sur les prévisions d’arrivées et de nuitées touristiques pour le seul premier trimestre de 2020.

Annulation croissante des réservations de la RAM

En effet, sollicitée par notre rédaction, une source interne de la compagnie nationale reconnaît que la situation est déjà très sérieuse et pourrait même devenir catastrophique si un frein n’est pas mis très rapidement à cette quasi-pandémie.

Interrogé sur l’impact financier de la fermeture de la ligne Casablanca-Pékin et l’annulation de la Omra, notre interlocuteur affirme qu’il y a plus grave.

"Pour le moment, on ne peut pas encore se prononcer parce que ce qui a été annulé comme Pékin et Omra aura un effet immédiat en termes de chiffre d’affaires mais le plus grave, c'est la baisse sensible des réservations des autres destinations assurées.

D’une croissance à 2 chiffres à une stagnation du chiffre d’affaires

"Nous étions sur un trend haussier avec une croissance très forte à 2 chiffres des réservations par rapport à 2019 et aujourd’hui, notre activité est, malheureusement, en train de redescendre quasiment à une stabilité comparée à l’année précédente.

"Je n’ai pas encore de chiffres définitifs à vous communiquer parce que le calcul qui dépendra de la prise en compte des routes touchées sera compliqué à faire mais il n’empêche que le manque à gagner est déjà important.

"Nous sommes en train de faire ce travail en interne mais il est évident que l’impact sur le chiffre d’affaires et sur la trésorerie de la compagnie sera plus que sérieux", déclare notre interlocuteur en ajoutant que la RAM n’a rien à cacher et l’impact sera mondial.

S’il refuse de parler d’une année déficitaire comme lors de l’exercice précédent, il laisse entendre que les choses pourraient évoluer vers ce sens si elles devaient perdurer.

Plusieurs dizaines de millions de DH de perte

"N’ayant pas de visibilité immédiate, je ne peux pas vous dire quelle forme prendra notre bilan final mais aujourd’hui, ce qui est sûr, c'est que les réservations sont moins nombreuses et que nous sommes en retard sur les prévisions de notre business-plan.

"A partir de là, il est évident que le manque à gagner sera important et même s’il est trop tôt pour se prononcer, on peut parler de plusieurs dizaines de millions de DH", avance notre source qui préfère rester anonyme.

Un bilan d’ores et déjà compromis

A la question de savoir quand est-ce que la RAM sera vraiment fixée sur le degré de gravité de la situation, il nous déclare que "la situation est déjà très sérieuse".

"On ne sait pas si tout ça va se calmer dans un mois ou deux car personne dans le monde n’est capable de savoir combien de temps, cette crise risque de durer".

Devant notre insistance pour savoir si les effets du coronavirus sur les finances de la compagnie pourront être rattrapés si la crise dure encore un mois, notre source nous rétorque du tac au tac, qu’il faudrait alors qu’elle s’arrête "demain".

En d’autres termes, l’impact est déjà important et risque d’être dévastateur sur l’actuel bilan comptable du transporteur public qui enchaîne depuis 2017 crise sur crise (grève des pilotes, 4 Boeing MAX cloués au sol, feuille de route en attente d’être validée).

Du côté des professionnels du tourisme, un membre de la cellule de crise ministérielle nous confirme que le mois de mars sera très impacté en termes d’arrivées et de nuitées.

100.000 arrivées perdues pour le seul mois de mars

"Le ministère de tutelle ne veut pas communiquer pour l’instant pour ne pas renforcer la panique qui commence à s’installer chez les hôteliers en particulier.

"Ainsi, lors de notre dernière réunion, nous avons évoqué le chiffre provisoire de 100.000 arrivées nationales en moins pour le mois de mars et au minimum 10.000 annulations de réservations, à ce jour, pour la seule ville ocre qui n’a pas connu de crise depuis 2017.

"En effet, le mois de mars va être terrible pour les hôteliers de Marrakech qui vivent de congrès et d’événements (incentives, meetings...)  annulés les uns après les autres.

2020, une année de stagnation des arrivées?

"Si un remède au coronavirus n’est pas trouvé très rapidement, il est d’ores et déjà acquis que nous allons perdre plusieurs centaines de milliers d’arrivées et au moins un million de nuitées au niveau des TES (Tourisme étranger de séjour).

"Les opérateurs se sont presque faits à cette idée mais en fait, ce qu’ils redoutent le plus est que cette crise impacte également le tourisme interne qui représente le premier marché en termes de nuitées (30% des 25 millions en 2019).

"De plus, ils attendent également de voir comment vont se comporter les MRE qui pourraient également ne pas venir en été (5,9 millions sur les 13 M de 2019).

"Dans ce cas, il est plus qu’évident que 2020 sera une année de stagnation alors que depuis 2017, nous avons gagné 1 million d’arrivées en 2018 et 800.000 en 2019 », conclut, inquiet, notre interlocuteur qui préfère rester anonyme car son appartenance à la cellule de crise du ministère du Tourisme ne l’autorise pas à parler aux médias.

Au final, il faudra encore attendre le mois d’avril voire de mai pour connaître le véritable impact financier de cette crise qui, si elle devait durer, pourrait plomber toute l’économie du Maroc pour l’année en cours.

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