C'est la plus forte variation mensuelle du taux de rémunération des dépôts à terme enregistrée depuis au moins 5 ans. La rémunération moyenne des DAT sur 12 mois est passée de 3,05% en juin à 2,77% en juillet, soit une chute de 27 points de base, selon les données de Bank Al-Maghrib.

Le taux de rendement des DAT sur 12 mois oscillait autour de 3% depuis 2017. La forte baisse de ce mois de juillet est due à l'abaissement par Bank Al-Maghrib de son taux directeur pour faire face aux répercussions économiques de la crise sanitaire de la Covid-19. En mars dernier, BAM a réduit le taux directeur de 25 points de base, sans impact notable sur la rémunération des DAT. Mais la dernière baisse du taux directeur de 50 points de base en juin ne l'a pas épargné.

L'ampleur de la baisse du taux directeur (75 points de base en 3 mois) signifie que la chute des taux des DAT n'est pas encore finie. Les statistiques de BAM des mois d'août et septembre peuvent révéler des taux encore plus bas.

Certes, les taux des DAT sont librement fixés par les banques et ne sont pas indexés sur le taux directeur de BAM. Mais les deux sont corrélés dans la mesure où si la rémunération des DAT devient très décalée du taux directeur, il sera plus avantageux pour les banques de se refinancer auprès de la Banque centrale que de supporter un coût trop élevé avec les déposants.

Des dépôts en baisse continue depuis 2015

Important à savoir : les 2,77% de rémunération affichée par BAM pour le mois de juillet est une moyenne pondérée par les dépôts. Autrement dit, elle est gonflée par les rémunérations des anciens dépôts et les taux élevés qu'offrent les banques aux gros déposants. Pour un petit épargnant qui va effectuer un nouveau DAT, le taux va être beaucoup plus bas.

Une mauvaise nouvelle pour les déposants qui doivent en plus subir une retenue à la source fiscale de 30% (une rémunération brute de 2,5% devient en net de 1,75%). Et si l'impact de de la baisse du taux directeur sur les DAT a visiblement été immédiat, il l'est beaucoup moins sur les taux des crédits que les banques tardent à faire baisser.

Notons que l'encours des dépôts à terme ne cesse de baisse au fil des années, en raison justement de la baisse continue du taux directeur (de 3,25% en 2011 à 1,5% aujourd'hui), mais également des difficultés financières de certains agents économiques et de la peur des contrôles fiscaux.

L'encours atteint 139 milliards de DH à fin juillet, en baisse de 19% par rapport à fin 2015, date de son pic (171 milliards). Plus des deux tiers sont détenus par des particuliers.