Meknès : La location à City Club de trois équipements communaux fait polémique

Trois conventions de partenariat entre la commune de Meknès et City Club pour la gestion d'équipements communaux, examinées et approuvées durant la session ordinaire du conseil de la ville du mois de février, suscitent la colère des habitants de la ville. Explications.

Meknès : La location à City Club de trois équipements communaux fait polémique

Le 11 février 2021 à 20h36

Modifié 10 avril 2021 à 23h19

Trois conventions de partenariat entre la commune de Meknès et City Club pour la gestion d'équipements communaux, examinées et approuvées durant la session ordinaire du conseil de la ville du mois de février, suscitent la colère des habitants de la ville. Explications.

Le Conseil de la ville de Meknès a tenu, le 4 février dernier, la première réunion de sa session ordinaire. Au total, 28 points étaient à l’ordre du jour, dont trois en relation avec le groupe City Club.

Il s’agit de :

- L’examen et l’approbation d’une convention de partenariat entre la préfecture de la ville (comité provincial du développement humain), la commune de Meknès, et City Club pour la gestion et l’exploitation de la piscine olympique de Bouamair ;

- L’examen et l’approbation d’une convention de partenariat entre la commune de Meknès et City Club pour la gestion et l’exploitation de la piscine municipale de Bouamair ;

- L’examen et l’approbation d’une convention de partenariat entre la Commune de Meknès et City Club pour la gestion et la création d’installations sportives et de divertissement à Riad Parc.

Ces trois conventions ont été approuvées à la majorité (22 voix "pour", 10 voix "contre" et une abstention), mais elles ne prendront effet qu'après approbation du gouverneur de la ville.

Depuis le 4 février, ces décisions sont dénoncées sur les réseaux sociaux par les habitants de la ville sous le hashtag “مكناس_ليست_للبيع”. Ces derniers déplorent le fait que le patron d’un grand groupe comme City club, présent un peu partout au Maroc, n’acquière pas ses propres locaux et se contente de louer des infrastructures publiques à des prix dérisoires auprès des communes.

Des infrastructures inexploitées, d'autres délabrées

Pour comprendre l'origine de cette polémique, Médias24 a contacté le premier vice-président du Conseil de la ville de Meknès, Rachid Talbi, qui est favorable à ces projets, ainsi qu'une source de l'opposition, ayant voté contre. 

Selon M. Talbi, certains de ces espaces sont dans un état lamentable. "La piscine municipale, appelée piscine privée à Meknès, ne peut plus être exploitée dans son état actuel. C'est une ancienne construction, qui a été mise à la disposition des employés de la commune gratuitement durant un certain temps, mais qui a fini par être abandonnée".   

Pour ce qui est de Riad parc, qui existe depuis les années 2000 et qui s'étend sur environ 12 ha, "la commune a des difficultés à le gérer. L'électricité, l'entretien des espaces verts et autres, coûtent cher. Nous recevons également plusieurs plaintes de riverains, suite à l'insécurité qui y règne, et l'agent de sécurité est souvent agressé". 

En gros, c'est un parc public "qui dispose de nombreux locaux vides, qui peuvent être des lieux d'agression et qui attirent les malfaiteurs". 

"Dans sa partie nord, il y a une piscine et un café qui étaient dans le temps gérés par une personne. Celle-ci les a abandonnés, après des problèmes avec la commune. L'état de ces infrastructures continue donc à se dégrader, et représente un risque sécuritaire pour les habitants de la ville". 

"City club compte investir 50 MDH notamment pour réaménager cette piscine, en construire une autre plus grande (au sein de Riad Parc, ndlr), et aménager des terrains de sport ainsi que d'autres espaces de divertissement".

Quant à la piscine olympique, dont les travaux ont pris fin en 2018, "elle n'a jamais été exploitée. Deux appels d'offres ont été lancés par la commune pour sa location, qui n'ont pas abouti".

Notre source nous a également confiés que "l'exploitation de cette piscine figurait déjà dans l'ordre du jour d'une session extraordinaire tenue le 25 juillet 2019. La demande de City Club a été approuvée par le Conseil, mais refusée par le gouverneur qui nous a demandé de revoir le cahier des charges pour y introduire un volet social, étant donné que l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) a participé à sa construction". 

En effet, les premiers travaux de construction de cette piscine ont été entamés en 1989, pour un budget de 9 millions de DH. Des travaux qui ont été suspendus suite à des soucis techniques. Un deuxième appel d'offres pour la poursuite de ces travaux pour 4,4 MDH a été relancé en 1999. Les travaux ont été suspendus pour la seconde fois. Et un dernier marché a été relancé en 2017, par le bureau actuel. La construction de cette piscine, d'une longueur de 50 m/25 m, a été financée à hauteur de 4 MDH par l'INDH, et de 2 MDH par la commune

City Club propose un loyer de 600.000 DH par an pendant 10 ans

"Il n'y a donc rien de nouveau. Il s'agit d'une piscine qui était louée et qu'on veut relouer (piscine de Riad parc, NDLR), d'une piscine qu'on n'a jamais louée et qui devrait être exploitée (piscine olympique, NDLR), et d'une piscine délabrée qui doit être refaite (piscine municipale, NDLR). Si quelqu'un veut s'en charger, pourquoi refuser ?". 

D'après notre source, "dans son offre, City Club propose de louer ces trois infrastructures à 600.000 DH/ an", soit 200.000 DH/an chacune. "Pour Riad parc, la société veut gérer 7 ha". Pour l'instant, la commune a accepté l'idée générale, qui est l'exploitation, mais pas encore les conditions de City Club. Selon M. Talbi, "le loyer global proposé doit être revu à la hausse, et la superficie demandée au niveau du parc à la baisse". 

Les prochaines étapes sont les suivantes : "le gouverneur doit d'abord approuver les décisions du Conseil de la ville. Ensuite, une commission mixte fixera le prix de location, ainsi que la superficie du parc à exploiter, avant que City Club n'entame ses travaux". 

Après approbation du gouverneur, la société devra gérer ces infrastructures durant 10 ans, période après laquelle tous les investissements réalisés reviendront à la commune.

"Nous sommes d'accord pour le principe, mais pas pour la procédure"

C'est ce que nous confie une source de l'opposition à la commune de Meknès, contactée par nos soins, qui nous explique notamment les raisons de son vote. 

"La piscine olympique est nouvelle, mais n'a jamais été exploitée", confirme notre source. "Il est vrai que la commune a lancé des marchés pour sa location, mais le prix demandé était très élevé. Il n'y a donc pas eu de soumissionnaire. Autre point important : cette piscine a été construite avec la participation de l'INDH, pour que les pauvres puissent y accéder et en profiter. Lorsque City Club exploitera cet endroit, elle imposera des abonnements annuels ou mensuels, qui ne seront pas à la portée de tous".  

"En ce qui concerne Riad parc, l'une des clauses de la convention de partenariat dit que l'électricité et l'eau potable resteront à la charge de la commune, ce qui est totalement inadmissible". 

"Par ailleurs, les prix proposés par City Club sont très bas. Le président du Conseil l'a également souligné, et a donc accepté sa modification. Un nouveau tarif sera fixé par une commission mixte", sur la base des prix sur le marché.

"Enfin, quand nous disons que nous sommes contre la procédure c'est parce que le Conseil de la ville aurait pu procéder autrement. Il pouvait lancer un appel à manifestation d'intérêt, même international, étudier les offres des différents soumissionnaires, pour en choisir la meilleure."

Notre source note par ailleurs que "dans le dernier plan d'aménagement adopté pour la ville, il était question de construire des infrastructures stratégiques comme un grand théâtre" et un musée interactif au niveau de Riad parc. "Si les 7 ha sont mis à la disposition de cette société, il n'y aura pas assez de place pour tout faire". 

Dans ce sens, M. Talbi nous a assuré que "le projet de City Club ne devrait pas gêner les autres projets programmés".  

"Entre 180 DH et 200 DH par mois"

Médias 24 a également donné la parole à Jonathan Harroch, PDG de City Club, qui nous explique le contexte de ce projet. 

Dans ces discours, "le Roi Mohammed VI a lancé plusieurs appels, en expliquant que le sport est un droit fondamental. Il a également appelé à la multiplication des PPP (partenariat public-privé)". 

"Dans le domaine du sport, au Maroc nous avons 2.200 infrastructures sportives, dont le financement émane de l’INDH, qui ne sont pas exploitées. Ils sont fermés. Les infrastructures sont donc construites, mais on ne trouve pas les ressources pour les gérer".

Par ailleurs, "dans leur budget, les communes ont souvent du mal à entretenir les espaces", a-t-il ajouté. "A Meknès, par exemple, on a Riad parc qui ne fonctionne pas a l'heure actuelle, et une piscine (olympique, NDLR) financée en partie par l’INDH, qui n’est toujours pas ouverte".

Pour cette piscine, "il y a environ deux ans, en 2019, nous avions proposé un projet à la commune, avec un investissement important, dont l'objectif est de mettre à la disposition des citoyens de la ville une activité sportive, dans le cadre d'une infrastructure sportive publique, gérée par une société privée. Ce qui a posé problème à ce moment-là, c'est de passer un accord de gré à gré". 

"La commune a ensuite lancé des appels à manifestation, auxquels personnes n'a répondu. Elle est donc revenue vers nous cette année, et on a décidé ensemble de mettre un vrai plan d'investissement, qui a pour objectif de créer un énorme centre sportif dans la ville, avec un cahier des charges qui exige de ne pas dépasser la somme de 180 DH à 200 DH, par citoyen. C'est-à-dire qu'on doit retrouver à Meknès ce qu'on a à Casablanca et Rabat". 

"Il y a donc un projet qui a été présenté, et une opposition qui a manifesté des propos et des idées. Celle-ci défend la construction d'un musée au sein du parc. Mais quel est l'intérêt d'un musée dans une zone très dense en population, dans laquelle il n'y a aucune activité sportive de jeunesse? Nous avons ainsi proposé de construire un musée sportif, pour apporter un aspect culturel au projet". 

Un investissement global de 78 MDH

"Après le Covid, si on veut trouver des solutions il faut être innovant. Si la commune veut lancer d'autres appels à manifestation pour l'exploitation de ces infrastructures, j'espère que celles-ci auront plus de chances que les deux années précédentes". 

"Aujourd'hui à City Club, nous avons des cartes qui donnent l'accès aux 40 établissements du réseau. Les citoyens de Meknès auront ainsi, en plus de l'accès aux infrastructures de la ville, l'accès à tout le réseau".

"Par ailleurs, s'il y a une participation des entreprises dans les abonnements de leurs employés, nous pouvons descendre les prix jusqu'à 100 DH par mois. A Casablanca, 40% du chiffre d'affaires réalisé est fait avec les entreprises".

Selon notre interlocuteur, "un investissement global d'environ 78 MDH sera mobilité pour aménager les trois structures". Sur Riad parc, City Club prévoit de construire "un terrain de football, basket-ball, tennis, badminton, ainsi qu'une piscine, un mur d'escalade, un parcours d'enfants, et des salles de MMA, de boxe....".

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