Ecarts entre femmes urbaines et femmes rurales : Les constats alarmants de l'ONDH

Plus accentuées que les inégalités de genre, celles qui existent entre femmes urbaines et femmes rurales ont fait l'objet d'une étude réalisée dans le cadre d'un programme conjoint entre l'ONDH et ONU Maroc. Détails.

Ecarts entre femmes urbaines et femmes rurales : Les constats alarmants de l'ONDH

Le 9 mars 2021 à 15h58

Modifié 17 mars 2022 à 11h30

Plus accentuées que les inégalités de genre, celles qui existent entre femmes urbaines et femmes rurales ont fait l'objet d'une étude réalisée dans le cadre d'un programme conjoint entre l'ONDH et ONU Maroc. Détails.

Si les inégalités entre hommes et femmes sont largement discutées, analysées et font l’objet de programmes de luttes visant à les réduire, celles existant entre catégories de femmes et de filles s'avèrent plus accentuées et moins connues.

Ces dernières ont été mises en exergue ce mardi 9 mars, lors de la présentation d’une étude réalisée dans le cadre d’un programme conjoint entre l’ONDH et l’ONU.

L’étude est basée sur les données issues de l’enquête panel de ménages de l’ONDH (de 2017). L’approche adoptée, dite “intersectionnelle”, a permis "pour la première fois au Maroc, de souligner les disparités existantes entre les différentes catégories de femmes et de filles et de montrer comment les interactions entre les multiples formes de discrimination se traduisent par des privations en termes de bien-être”, explique un communiqué conjoint des deux institutions.

Détecter les inégalités et les évaluer n'est pas suffisant, encore faut-il en déterminer les raisons. C'est ce qui a également été réalisé dans le cadre de cette étude, qui se penche aussi sur les "causes profondes" de ces disparités, avant de présenter quelques recommandations pour y pallier.

L'analphabétisme est deux fois plus élevé chez les femmes pauvres en milieu rural

Selon les données de l'enquête panel des ménages de 2017, les inégalités entre femmes et hommes sont significatives et importantes. Cela dit, les écarts entre les femmes et les filles issues des ménages pauvres en milieu rural et celles issues des ménages riches en milieu urbain sont plus accentués.

"Ce sont les femmes et les filles issues de ménages ruraux pauvres qui sont les plus discriminées par rapport aux femmes urbaines riches, notamment en termes d’accès à l’éducation", indique le communiqué.

En effet, l'analphabétisme est deux fois plus élevé chez les femmes pauvres en milieu rural. Et le non-achèvement des cycles primaire, collégial et qualifiant, est toujours largement plus important pour les femmes rurales que pour les femmes urbaines.

Selon l'ONDH, les raisons derrière cet écart reviennent - entre autres - aux difficultés d'accès aux établissements scolaires en milieu rural, à la faiblesse du rendement interne du système éducatif ou encore à l'exclusion de Tayssir de certaines catégories de jeunes filles, puisque ce programme limite l'accès à trois bénéficiaires par famille.

Près d'une femme sur deux en milieu rural n'a pas de couverture médicale 

Même constat concernant les inégalités d'accès aux services de soins de qualité. Les écarts entre femmes riches en milieu urbain et femmes pauvres en milieu rural sont plus accentués que ceux observés entre femmes et hommes au niveau national.

En effet, l'absence de couverture médicale atteint 45,5% chez les femmes pauvres en milieu rural, contre 30,5% pour la gent féminine riche en milieu urbain. Alors qu'au niveau national, la situation est quasi-similaire entre les hommes (47,7%) et les femmes (44,6%).

Pour l'ONDH, les écarts (entre femmes) au niveau de l'accès aux soins sont causés par plusieurs facteurs, parmi eux : les "inégalités entre les ramédistes et les usagers payants, générant des dépenses catastrophiques de santé pour les premiers".

Deux fois plus de mariages précoces en milieu rural 

Quant au mariage précoce, les données de l'ONDH montrent que les femmes pauvres en milieu rural y sont deux fois plus exposées que les femmes riches issues des ménages urbains (28,3% contre 13,9%).

Un écart qui s'est creusé en raison du "non-enregistrement des filles à l'état civil", ainsi que de "la lourdeur des pénalités prévues par le code pénal dans le cadre des relations sexuelles hors mariages". Mais aussi "la non-intégration des programmes d'éducation sexuelle dans les programmes de planification familiale".

Violence faite aux femmes : En zone rurale, rien n'a changé en 10 ans 

Autre fléau et indicateur des disparités entre les femmes et les filles au Maroc : celui de la violence à leur encontre.

Même s'il reste élevé, le taux de prévalence de la violence faite aux femmes a connu une baisse de 6 points au niveau national et de 10 points en zone urbaine, entre 2009 et 2019. Mais en milieu rural, ce taux est résistant puisqu'il était de 56% en 2009 et de 55% en 2019.

Et si les femmes en milieu rural sont plus exposées aux violences basées sur le genre que les femmes en milieu urbain, c'est notamment en raison de la faible connaissance du dispositif juridique et de la difficulté d'y accéder (analphabétisme, pauvreté, isolement etc.), ainsi que de l'insécurité dans les lieux publics, pour n'en citer que celles-ci.

Par ailleurs, selon les résultats de cette étude, "les femmes démunies par rapport à une dimension du bien-être du fait de leur identité intersectionnelle ont souvent plus de risques de cumuler d’autres privations", indique ledit communiqué en faisant référence aux 32,4% des femmes de 18 ans et plus, (soit près de quatre millions de femmes) qui sont "confrontées à des privations simultanées dans trois dimensions en lien avec les objectifs de développement durable".

"Ces femmes n’ont pas accès aux soins de santé, n’ont pas achevé leur scolarité secondaire et n’exercent pas un emploi décent", poursuit le communiqué.

Dans la tranche d'âge allant de 18 à 24 ans, 63,7% d'entre elles, (soit 1,3 million) n'ont pas achevé le primaire et n'exercent pas un emploi décent.

Perspectives d’amélioration : Recommandations de l'ONDH 

Au vu de ce qui précède, il est évident que la lutte contre les formes d'inégalités entre les femmes et les filles est nécessaire, notamment pour réaliser les ODD. Pour ce faire, l'ONDH recommande de revoir l'effectivité des lois en promulguant "une loi-cadre contre les différentes formes de discriminations qui affectent certaines catégories de femmes du fait de leur identité multiple" et en unifiant "les lois coutumières et le système juridique officiel pour assurer la protection systématique des femmes discriminées".

L'observatoire propose également d'ajuster l'action publique notamment via la révision du code de la famille, de manière à mieux protéger (sur les plans économique et juridique) les femmes discriminées.

De même, la mise en place de "mécanismes de suivi-évaluation" est vivement recommandée par l'ONDH qui propose, dans ce sens, "d'initier un dialogue national sur les populations féminines les plus marginalisées" et de "ventiler davantage les données statistiques" afin d'offrir une meilleure visibilité de ces femmes.

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