Les Moorish, ces anonymes qui veulent réinventer le nationalisme marocain

Ils sont les nouveaux chevaliers de l’identité marocaine sur les réseaux sociaux, suivis par des dizaines de milliers de personnes. Leur objectif : faire revivre le passé glorieux et ancestral du Maroc impérial et défendre la singularité du royaume face aux menaces venant de toutes parts. Analyse d’un mouvement nationaliste d’un nouveau genre, anonyme, totalement virtuel, mais à l’influence grandissante.

Les Moorish, ces anonymes qui veulent réinventer le nationalisme marocain

Le 14 mars 2021 à 18h13

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

Ils sont les nouveaux chevaliers de l’identité marocaine sur les réseaux sociaux, suivis par des dizaines de milliers de personnes. Leur objectif : faire revivre le passé glorieux et ancestral du Maroc impérial et défendre la singularité du royaume face aux menaces venant de toutes parts. Analyse d’un mouvement nationaliste d’un nouveau genre, anonyme, totalement virtuel, mais à l’influence grandissante.

Disposant d’une centaine de pages sur Facebook, twitter, de plateformes web en français, en arabe, en darija, le mouvement des Moorish est devenu depuis quelques mois un véritable phénomène de société.

Diffusant un contenu historique, culturel, politique et économique qui défend une certaine vision du Maroc, un État-nation fort, mais aux racines millénaires, ils se font les protecteurs de la tradition marocaine, d’une certaine singularité du royaume et se revendiquent comme un rempart contre la spoliation de l’identité et du patrimoine national contre les mouvements islamistes, amazigh, gauchistes, ainsi que de pays du Maghreb, dont l’Algérie principalement, qu’ils accusent de vouloir s’accaparer l’héritage millénaire marocain.

Leur mot d’ordre : un patriotisme virulent, vindicatif, trempé d’un nationalisme d’un nouveau genre. Pas celui de l’Istiqlal, de l’UNFP, de l’USFP ou du parti communiste marocain (actuel PPS), formations politiques qui ont porté au milieu du XXe siècle le nationalisme comme idéologie et action de terrain pour l’indépendance du royaume chérifien, alors sous protectorat français. Un nationalisme inspiré alors des mouvements d’indépendance arabes ou tiers-mondistes, avec des idéologies et des colorations différentes, conservatrices, salafistes, socialistes ou communistes, mais qui militaient pour un objectif commun : l’indépendance. Et la construction d’un État-nation, monarchique et démocratique comme horizon.

« Make Morroco great again » !

Le nationalisme Moorish, lui, va d’abord puiser loin, très loin : dans l’histoire millénaire de l’empire marocain pour construire un nouvel imaginaire de l’Etat marocain. Preuve par son emblème : le drapeau mérinide, octogramme qu’arborent toutes les pages se réclamant du mouvement.

Et son horizon est intemporel : « réveiller la fierté Marocaine, contribuer à une Renaissance Marocaine et faire renaître notre gloire d'antan (#MakeMoroccoGreatAgain) », comme nous l’écrit en DM un des promoteurs du « Moorish Movement », un des comptes Twitter les plus populaires et les plus actifs de cette mouvance. En DM, et sans que l’on puisse savoir à qui l’on s’adresse. Car la personne est anonyme, comme tous les autres promoteurs et activistes du mouvement.

« Nous avons choisi l'anonymat (pour l'instant) car ça permet d'être investi politiquement sans que ça entraîne des répercussions sur sa vie privée. Mais nous partageons des fois quelques penseurs qui se rapprochent de nos idées », nous répond notre Moorish quand on lui pose la question sur ce choix de l’anonymat.

Et des penseurs dont ils se revendiquent, on trouve par exemple Abdellah Laroui, dont ils ont partagé tout récemment un célèbre passage vidéo où il parlait du Maroc comme un « État insulaire » qui doit se penser et se gérer comme tel…

« Cette phrase a été dite dans un contexte bien précis et ne résume pas la pensée très riche du philosophe marocain. Mais peu importe. Ce passage correspond à la vision dont le mouvement se fait du Royaume. Technologie aidant, on le coupe, on le sort de son contexte, on s’appuie dessus, on le partage, et il devient viral, donnant une légitimité à une certaine ligne que Ssi Laroui n’aurait certainement jamais cautionnée », commente un sociologue spécialisé dans les réseaux sociaux et qui suit cette mouvance des Moorish de très près. Une mouvance qui l’intrigue et dont il essaye d’analyser les ressorts.

« J’ai été particulièrement intrigué par le choix de l’emblème mérinide. C’est un choix assez intelligent il faut le dire. Car les Mérinides ont été des bâtisseurs et nous ont légué un grand héritage architectural et symbolique qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Je me demandais également si ce mouvement ne reconnaissait pas les dynasties d’avant qui, sur le plan militaire et géostratégique, ont été plus puissantes que les Mérinides. Mais au fil de mes recherches, de l’étude des posts et des articles qu’ils publient, j’ai compris que c’était un mouvement transdynastique, qui ne fait pas de différence entre Almohades, Almoravides, Wattassides, Saadiens ou Mérinides, malgré les grandes différences idéologiques de chacune de ces dynasties. Ce qui est assez nouveau et intéressant. Ces gens s’appuient sur l’histoire de l’empire marocain dans toutes ses facettes. Et n’y voit pas de discontinuité, ce qui n’est pas exact d’un point de vue historique. Leur référence est le Maroc millénaire et leur horizon est le Maroc éternel, non dans sa forme d’empire, mais dans sa forme actuelle d’Etat-nation qui doit se réapproprier son héritage. C’est assez intéressant comme phénomène culturel… », analyse notre sociologue qui, lui aussi, choisit l’anonymat de peur, nous dit-il, d’être « pris à partie » ou « attaqué » par les Moorish.

Une analyse assez proche de ce qu’avancent les Moorish, du moins sur l’aspect transdynastique.

« Cette étoile n'est pas uniquement un symbole mérinide, elle fait partie intégrante de notre culture et de notre identité, on peut la trouver dans l'architecture ou encore dans nos drapeaux jusqu'à récemment », nous explique notre interlocuteur du « Moorish Mouvement », comme pour affirmer cette continuité historique imaginée de l’empire marocain.

« Le mouvement "Moorish" est un mouvement de patriotes/nationalistes marocains tout simplement. Le mot Moorish définit notre identité et notre continuité historique depuis des millénaires. Il provient du peuple antique habitant dans l'ancien royaume de Maurétanie. Il met l'accent sur l'aspect unique de l'identité marocaine. L'intérêt premier de ce mouvement est de sensibiliser les Marocains à leur histoire et leur patrimoine glorieux, à leurs valeurs culturelles et à leur identité nationale unique », ajoute notre interlocuteur anonyme.

Un nationalisme aux frontières de l’extrême droite…

Notre discussion avec le Moorish anonyme bifurque sur les objectifs de ce mouvement, sur comment ils le définissent eux-mêmes.

Réponse : « En réalité, il n'y a pas de définition restrictive du Mouvement Moorish. C'est un terme et aussi un groupe qui regroupe des gens assez attachés au conservatisme, à l'importance de promouvoir l'histoire et l'identité singulière du Maroc tout en aspirant à encourager les initiatives qui visent à développer le Maroc. Quand je parle de conservatisme, c'est avant tout une certaine forme de traditionalisme. Il n'y a pas d'islamistes dans nos rangs par exemple. La plupart des membres sont aussi assez réticents de manière générale à toutes les idéologies pan-nationalistes que ce soit le panislamisme, panarabisme, pan-berbérisme... ».

« C'est avant tout un courant nationaliste virtuel, inclusif de plusieurs tendances et qui vise à faire la promotion de la singularité du Maroc. La question de l'histoire, l'identité et la spécificité de la culture marocaine parce qu'il nous paraît qu'il y a eu soit beaucoup de désinformations à ce sujet ou d'ignorance/indifférence plus largement », poursuit notre interlocuteur.

Des objectifs qui peuvent être louables, qui se traduisent des fois par un contenu intéressant, instructif, bien tourné et bien documenté, mais qui s’expriment des fois sous des formes assez virulentes, violentes. Comme dans l’épisode du couscous, fin 2020, où le ministre de la Culture Othmane El Ferdaous était (presque) taxé par les Moorish de haute trahison suite à l’inscription de ce plat comme patrimoine immatériel pour l’ensemble des pays du Maghreb.

« La campagne contre El Ferdaous était spectaculaire, impressionnante. Elle a montré la force de frappe de cette mouvance, qui peut paraître dispersée vu le nombre de pages et de comptes qu’elle regroupe. Mais qui finalement a le même discours, des éléments de langage unifiés, un même ton, des codes et une idéologie unique. Pour une fois que les pays du Maghreb ont pu réaliser quelque chose en commun en faisant reconnaître le couscous comme patrimoine immatériel de l’Unesco, le ministre s’est pris une raclée, avec un discours « Lepéniste » qui consiste à dire que si on laisse le couscous nous échapper, les Algériens, Tunisiens et Mauritaniens vont tout nous prendre, notre patrimoine, notre identité. Pour les Moorish, le couscous, c’était non seulement une erreur d’El Ferdaous, mais une défaite de l’Etat face aux tentatives de spoliation du patrimoine marocain. Les Moorish à travers cette démonstration de force ont pu construire un mythe qui a fait croire à beaucoup de gens, surtout aux jeunes, que les pays du Maghreb veulent s’accaparer le patrimoine marocain. Et qu’ils étaient finalement le seul rempart contre cette invasion culturelle, menée principalement par l’Algérie », analyse un Twitto marocain, de classe A, comme ils disent.

Cette campagne menée de concert et avec une grande sophistication contre El Ferdaous a fait dire à beaucoup d’internautes et de personnalités (essentiellement de gauche) que les Moorish flirtent avec une ligne assez dangereuse : le fascisme, étiquette que leurs détracteurs leur sortent désormais à chaque occasion pour les décrédibiliser dans la sphère virtuelle.

« Le fascisme, je suis prudent avec ce mot qui est né dans l’Italie de l’entre-deux guerres et qui est une idéologie de la classe moyenne qui prônait un Etat total. On est plutôt ici dans du chauvinisme, une forme de fétichisme identitaire qui s’identifie à des objets. Alors que l’identité, c’est autre chose… Les Moorish dans cet épisode du couscous sont tombés à mon avis dans le piège du fétichisme », analyse l’universitaire et chercheur Rachid Achachi, dont beaucoup pensent d’ailleurs qu’il est une des têtes pensantes de cette mouvance nationaliste 2.0.

Une « accusation » dont il se défend : « Si j’étais un Moorish, vous imaginez bien que le niveau du débat serait bien plus élevé », s’amuse-t-il, avant de nous dire qu'il porte un autre projet, bien différent de celui des Moorish.

« Nous avons lancé un mouvement qui s’appelle Ribat Al Hikma où s’exerce un vrai débat idéologique. On ne se réclame pas des Moorish et on n’est pas anonymes. Notre projet est de faire émerger un logo marocain qui rompt avec le libéralisme, qui défend la tradition mais sans vouloir restaurer le passé. Nous croyons en les constantes de la nation, mais nous voulons les retraduire pour les rendre contemporaines. On est pour un Étatisme, un interventionnisme intelligent, pour un État-providence. Et sur le plan identitaire, on est contre le panarabisme, l’islamisme importé, et pour un malékisme qui doit toutefois se réinventer pour épouser le contemporain », explique le polémiste.

Fascisme, fétichisme ou chauvinisme… Les Moorish semblent ne prêter aucune attention à ces qualificatifs qu’on leur colle. Et revendiquent haut et fort leur combat identitaire contre toute tentation de mêler l’histoire du Maroc à des pendants autres que ceux de «Tamaghrabit ». Quitte à aller à contre-courant de la doxa officielle et de la ligne diplomatique du Maroc, notamment dans sa politique africaine.

« Notre histoire fait face à diverses appropriations (afrocentristes, arabistes, maghrébinistes, etc.), la préservation du patrimoine historique et culturel du pays est donc impérative, nous avons travaillé dans ce sens en créant une pétition adressée au ministère de la Culture afin de valoriser la spécificité marocaine à l'échelle internationale », nous dit notre interlocuteur du compte « Moorish Movement ».

Et d’ajouter que « le mouvement incite les Marocains à défendre activement les valeurs qui ont fait du Maroc une civilisation historico-culturelle très riche. Des valeurs qui peuvent aller à l'encontre de certains mouvements de gauche qui veulent accomplir leur agenda progressiste. Nous faisons un effort pour préserver cette civilisation unique, clairement distincte dans ses langues, son histoire et sa mosaïque culturelle. Ce mouvement nationaliste s'oppose naturellement aux mouvements panarabes, pan-maghrébins, panafricains, entre autres, et aux possibles menaces pouvant affecter notre identité (immigration de masse, occidentalisation des mœurs...) », insiste notre interlocuteur anonyme dans un discours que l’on pourrait qualifier d’extrême droite.

Mais que notre Moorish positionne simplement à droite : « Comme je disais, c'est un mouvement assez large, non affilié politiquement mais qui sur un prisme politique serait plutôt à droite au moins sur la question des valeurs sociétales et de l'économie. Avec des degrés divers selon les membres et les sensibilités de chacun », nous dit-il. Dont acte.

Deux nuances de Moorish

Si sur le plan identitaire, les Moorish se ressemblent tous, portent le même discours, la même idéologie nationaliste très à droite, l’universitaire Rachid Achachi, qui dit suivre et analyser ce mouvement depuis longtemps, nous fait remarquer qu’ils ne sont pas tous pareils.

Il distingue dans la même mouvance deux lignes distinctes, que réunit le discours identitaire, mais que sépare la doctrine économique, la teneur du discours dans sa globalité et sa construction intellectuelle.

« Il y a deux principales tendances chez les Moorish. Les deux sont conservatrices et revendiquent une hégémonie culturelle sur le Maghreb. La différence entre les deux, c’est qu’il y a une première aile ultra libérale, portée principalement par la plateforme "Pulse-Morocco's counterculture", un mouvement qui date de 2016 et qui s’inspire du libéralisme anglais. Ils veulent un Etat fort, mais pas sur le plan économique. Ils ont une page Facebook, un site en darija, font des podcasts assez intéressants, au contenu à forte valeur ajoutée intellectuellement. L’autre mouvement s’active sur twitter. Il ne se prononce pas sur les choix économiques. Le protectionnisme par exemple ne les gêne pas contrairement aux premiers qui attaquent toute personne qui défend des idées protectionnistes. Mais ils partagent le même désir d’hégémonie culturelle que les premiers. La première aile est structurée politiquement et intellectuellement, mais la seconde est un peu ado. Le niveau du contenu produit ne dépasse pas celui de Wikipédia. Et vu le niveau de débat qu’ils génèrent sur Twitter ou Facebook, ceux qui les suivent doivent en majorité être des jeunes, entre 17 et 25 ans », analyse-t-il.

Mais les deux ailes utilisent le même mode opératoire. « Il y a un côté New Age. On est dans le digital, on domine par l’image. Mais on n’est pas dans l’idéologie, surtout pour les activistes de Twitter, qui portent plutôt un discours. Un discours de fierté dont les Marocains, qui d’habitude ont tendance à s’autoflageller, ont besoin. C’est pour cela que ça prend, surtout chez les jeunes », explique Achachi.

Mais ce phénomène de nationalisme revisité, dont le socle est un État-nation fort mais qui s’ancre dans une histoire ancienne, ancestrale et un registre impérial glorieux, n’est pas que marocain, comme le soutiennent aussi bien Rachid Achachi et notre sociologue.

Un air de Poutinisme et d’Erdoganisme

Car ce patriotisme d’un nouveau genre, on le retrouve également, mais de manière plus prononcée, mieux structurée, et surtout affichée publiquement en Russie et en Turquie principalement. Deux États-nations forts qui veulent se reconstruire en puisant dans leur passé. Le temps des Tsars pour la Russie de Poutine et les Ottomans pour la Turquie d’Erdogan.

« Comme les disciples de Poutine et d'Erdogan, les Moorish ont cet objectif de défendre farouchement une certaine identité nationale, une singularité qui les distingue de leur point de vue du reste du monde, en s’appuyant sur les attraits de l’Etat-nation d’aujourd’hui, mais en cherchant des sources de gloire et une légitimité identitaire et politique dans le passé impérial pour asseoir leur hégémonie culturelle dans leurs zones d’influences respectives. Le choix du nom Moorish n’est d’ailleurs pas anodin à mon avis. C’est un nom que les Marocains n’ont jamais connu ou utilisé. Il vient des Etats-Unis, d’un mouvement black qui pour se tourner vers ses origines africaines a cherché un État au passé glorieux pour s’identifier. Et ils ont choisi le Maroc comme attache…. Avec les Moorish, on est clairement dans cette tendance mondiale de recentrage sur soi, qu’illustre aussi Trump mais à sa façon, mais qui exprime des changements profonds que connaît le monde aussi bien sur le plan politique, économique que culturel. Les gens sont donc attirés par ce discours. Même si ce mouvement peut parfois avoir un côté facho ou populiste…», explique notre sociologue.

L’universitaire et chercheur Rachid Achachi ne dit pas autre chose, mais apporte toutefois une nuance de taille.

« C’est une forme d’émulation mondiale, certes, qui est née de la déconstruction de l’idéologie libérale dans cette ère de postmodernité et ses différentes manifestations dans tout ce qui est débats sur le gender, l'antiracisme… Mais en termes de structuration, ce n’est pas le même niveau. En Russie, l’idéologie portée par Poutine veut inventer un Etat-nation nouveau, avec un mélange de passé tsariste et d’orthodoxie chrétienne dans l’objectif de contrer l’hégémonie ultralibérale. Mais cette mouvance russe a une vraie littérature, des figures connues, des philosophes… Ils ont même une chaîne télé qui porte leur idéologie. Idem en Turquie, où on retrouve avec Erdogan et son parti un mélange de panturquisme qui se greffe à l’Ottomanie pour régner sur la Méditerranée orientale. Que ce soit en Russie ou en Turquie, on est en présence de mouvements structurés idéologiquement, portés par des figures connues, qui dirigent et contrôlent l’Etat, avec des objectifs géostratégiques clairement identifiés. Ce n’est pas le cas des Moorish qui ne produisent pour l’instant que des simulacres de la tradition, sans l’âme de la tradition, et sans aucune construction intellectuelle, ni de figures connues », précise Achachi.

Pour lui, ce mouvement nationaliste marocain se cherche encore. Il est influencé comme plusieurs mouvances mondiales par cette déconstruction de l’idéologie libérale mais a encore du chemin pour se structurer en véritable mouvement de société.

« Cette déconstruction que le monde vit fait que tout ce qui a précédé la modernité finit par remonter à la surface. L’archaïsme remonte donc mais de manière désorganisée, violente, vindicative… Mais tout cela ne peut pas devenir une idéologie sans un vrai travail intellectuel derrière », explique-t-il.

Les Moorish ne disent pas justement qu’ils ont pensé leur action de manière structurée dès le départ, avec une idéologie claire, une vision des chamboulements de dogmes que connaît le monde, et des objectifs politiques ciblés. Mais ils essaient petit à petit de se structurer, à leur façon, tout en restant dans l’anonymat et dans leur sphère virtuelle.  

« Le mouvement est né progressivement de façon décentralisée de la part de Marocains patriotes. Petit à petit le message et l'identité telle qu'on la connaît se sont construits et ont été repris par plusieurs courants patriotes. Il est difficile d’ailleurs de retracer la date exacte à laquelle les pages se sont formalisées en tant que "Moorish" pour les plus anciennes. Mais en tout cas, ce mouvement existait déjà sur la sphère arabophone sur facebook avant notre arrivée. Pour vous donner une idée, nous avons formé une union de 31 pages du mouvement pour s'entraider… », nous dit notre interlocuteur du compte Moorish Mouvement.

Demain, un parti Moorish ?

La prochaine étape : se regrouper en mouvement politique ? Pour notre sociologue, il ne fait aucun doute que ce mouvement finira par sortir de l’anonymat et s’attaquer au terrain politique où il pourra trouver un terrain fertile pour prospérer.

« Ils ont commencé sur Twitter et Facebook. Mais c’est un champ expérimental. Ça leur permet d’avoir une visibilité très précise. Ils ont déjà commencé à organiser des actions caritatives de terrain, et bientôt ils vont s’attaquer aux mass médias. La tentation politique n’est pas très loin quand on voit le cheminement de ce mouvement », analyse notre sociologue.

Un scénario auquel Rachid Achachi ne croit pas, en tout cas pas pour l’instant : « C’est très tôt de les imaginer en mouvement politique. Il n’y a pas de figures et pas d’idéologie structurée, je vois mal comment un mouvement politique peut émerger dans ces conditions », nous dit-il.

Question envoyée en DM aux principaux intéressés, nous recevons cette réponse qui dit tout pour celui qui sait lire entre les lignes : « Ce n’est pas encore envisagé, pour l’instant on reste un mouvement culturel. Mais nous n'écartons aucune option non plus... ». Plus politique que ça, tu meurs !

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