Don du sang, Ramadan et couvre-feu : crainte d'une pénurie

Depuis le début du mois de Ramadan, le centre régional de transfusion sanguine de Casablanca-Settat fait face, à une baisse criante du nombre de donneurs, en raison du couvre-feu imposé par le gouvernement. Les réserves actuelles à Casablanca couvrent à peine les besoins de 48H.

Don du sang, Ramadan et couvre-feu : crainte d'une pénurie

Le 19 avril 2021 à 15h27

Modifié 19 avril 2021 à 16h02

Depuis le début du mois de Ramadan, le centre régional de transfusion sanguine de Casablanca-Settat fait face, à une baisse criante du nombre de donneurs, en raison du couvre-feu imposé par le gouvernement. Les réserves actuelles à Casablanca couvrent à peine les besoins de 48H.

Sur les réseaux sociaux, Dr. Amal Darid, directrice du CRTS Casablanca-Settat, alerte depuis, quelques jours, sur un risque de pénurie dans la région.

Jointe par nos soins, elle nous explique ce qui suit : "il est vrai qu’on n’est pas en confinement, mais nous avons un couvre-feu nocturne. Durant le mois de Ramadan, on a l’habitude de travailler, à côté des mosquées", à travers des unités mobiles "puisque les gens ne peuvent pas faire des dons à jeun". "La moitié de notre production est, donc, réalisée près des mosquées, durant le mois sacré. Cette année, non seulement, celles-ci sont fermées mais les gens ne peuvent pas, non plus, se déplacer au centre, à cause du couvre-feu".

En effet, un couvre-feu national de 20h à 6h du matin a été décrété le 7 avril dernier par le gouvernement, pendant le mois sacré. Les déplacements ne sont, ainsi; autorisés que dans des cas spéciaux. Suite à cette décision, le ministère des Habous a, de son côté, annoncé la fermeture des mosquées, pour les prières d’Al Icha’a, des Tarawih et d’Al Fajr.

"Avant de prendre de telles décisions, il fallait, au moins, prendre en compte les exceptions, notamment le don du sang, et donner des autorisations spéciales, à l’avance dans ce sens", déplore Dr. Darid.

Rappelons que l'année passée, lorsque Ramadan est intervenu en plein confinement, les citoyens pouvaient se déplacer, grâce à l'autorisation de circulation, en cochant la case "déplacement pour des raisons impérieuses".

Les réserves actuelles à Casablanca couvriront à peine les prochaines 48H

La situation est critique à Casablanca, à en croire notre interlocutrice. "Il est vrai que j’ai mené une petite stratégie, en amont, qui nous permet de couvrir la première semaine du Ramadan, mais on a la même consommation quotidienne, qui ne baisse pas. On fait sortir 500 à 600 poches de sang par jour et on reçoit à peine 5 à 6 donneurs le même jour", soit l’équivalent de 5 à 6 poches de sang. "Comment va-t-on solutionner cette équation ? c’est dur, et presque impossible", regrette-t-elle.

Ce faible nombre de donneurs s'explique, d'après Dr. Darid, par le fait que "seules les personnes qui disposent d’autorisations spéciales peuvent faire les dons, après le Ftour",  puisqu'en effet, l’heure de la rupture du jeûne intervient, depuis le début du mois sacré, entre 19H05 et 19H10 à Casablanca, ce qui laisse moins d’une heure aux gens pour se déplacer, un gap loin d'être suffisant.

"J’ai fais des appels, à plusieurs reprises, à ces personnes, telles que le personnel de la sûreté nationale, de la gendarmerie royale, de la protection civile ou encore les médecins, pour faire des dons, mais personne ne bouge. C’est un problème de culture".

Dr. Darid dénonce, également, le fait que "les autorités ne veulent toujours pas nous octroyer une autorisation exceptionnelle. Nous avons envoyé des courriers au Wali de la région, au préfet de police de Casablanca et au Centre national de transfusion sanguine, en vain. Nous n’avons pas encore eu de retour". En attendant, le stock de sang à Casablanca s'effrite, "les réserves actuelles permettant à peine de couvrir les besoins des prochaines 48H".

"Une pénurie pourra coûter la vie à plusieurs personnes" déplore-t-elle, en appelant le ministère de l’Intérieur "à trouver une solution" à cette situation délicate.

Des autorisations internes

Pour pallier cette problématique, le CRTS en question a décidé de formuler des autorisations individuelles et collectives, pour permettre aux bénévoles de se déplacer vers le centre le soir.

"Jusqu'à présent, nous n'avons aucune autorisation officielle du ministère de l'Intérieur. Il s'agit d'une initiative du centre, puisque c'est l'un des principaux du Royaume."

"Nous avons ainsi formulé des autorisations individuelles et collectives aux personnes qui veulent faire des dons, après le Ftour. Le donneur n'a qu'à se présenter au centre, en milieu de journée, prendre un formulaire qu'il doit remplir, en précisant notamment son numéro de CIN. Le document est ensuite cacheté, et précise la date et l'heure du don. Le soir, après avoir donné son sang, nous remettons au donneur une attestation qu’il pourra présenter aux autorités, pour prouver qu’il est sorti pour une raison impérieuse. Humainement parlant, je ne crois pas que les agents de police vont sanctionner des personnes sorties, pour donner leur sang. Ils restent compréhensifs".

Certaines associations avec lesquelles le centre est en contact "se sont, également, engagées à nous ramener des groupes de donneurs. Nous leur avons, donc, formulé des attestations collectives".

Une pénurie nationale?

Dr. Amal Darid nous confirme que "la pénurie concerne tout le Royaume, puisque toutes les régions en souffrent, à cause du couvre-feu. Toutefois, on ne peut pas comparer des petites villes comme Guelmim, Laâyoune, et Dakhla avec la région de Casablanca-Settat". Jointe pas nos soins, une source au sein du CNTS nous confie, pour sa part, qu"'il n'y a pas de pénurie au niveau national", tout en se gardant de nous livrer les chiffres, "n'étant pas disponibles actuellement".

"Nous avons plus de 8 millions d’habitants, 610 établissements à couvrir, et 600 poches de sang à sortir par jour", poursuit Dr. Darid. "Casablanca dispose, également, du plus grand CHU au Maroc et qui accueille des patients de tout le Royaume. On a, ainsi, des cas très urgents, de nombreuses femmes qui accouchent chaque jour et qui peuvent faire des hémorragies de délivrance et de grandes opérations du coeur et de traumatologie qui nécessitent beaucoup de sang. On a, également, des services d'oncologie et, donc, entre 400 et 500 enfants, atteints de cancer qui ont besoin, chaque semaine, d'une ou de deux poches de sang. C'est dire que la charge de travail, dans une région comme Casablanca-Settat, se fait sentir, plus que dans une autre région".

"Casablanca-Settat est une région très consommatrice de sang". Si un drame arrive à cause d'une pénurie, "cela touche toute la famille. Nous avons, donc, besoin d'un traitement de faveur", conclut notre source.

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