Appel au boycott des produits marocains : l’Espagne, l’unique et grand perdant
De nombreuses exploitations de fruits et légumes au Maroc sont gérées par des espagnols qui en plus s'approvisionnent en intrants et équipements à partir de l'Espagne. En lançant un appel au boycott des produits marocains, les producteurs espagnols se tirent une balle dans le pied.
Appel au boycott des produits marocains : l’Espagne, l’unique et grand perdant
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Abdelaziz Ghouibi
Le 8 juin 2021 à 14h18
Modifié 8 juin 2021 à 14h18De nombreuses exploitations de fruits et légumes au Maroc sont gérées par des espagnols qui en plus s'approvisionnent en intrants et équipements à partir de l'Espagne. En lançant un appel au boycott des produits marocains, les producteurs espagnols se tirent une balle dans le pied.
De nouveau le lobby agricole espagnol monte au créneau et actionne ses réflexes chauvinistes. L’association des producteurs des fruits et légumes d’Alméria n’hésite pas à faire feu de tout bois, en lançant une lettre ouverte aux grandes surfaces espagnoles «leur demandant d’exclure de leurs rayons les produits marocains».
Regroupant 83 entreprises, le conseil d’administration de ladite corporation ambitionne ainsi de limiter la consommation des fruits et légumes en Espagne à la seule production locale. Du moins pour ce qui est des produits d’origine marocaine. Et le mouvement est promis à l’escalade si l’on croit les propos du directeur de Coexphal, Luis Miguel Fernández. Ce dernier ayant «exhorté tout le secteur agroalimentaire de suivre le mouvement». Au risque d’être en violation de la légalité internationale, estime un spécialiste.
Pour le moment, le mouvement s’écarte, on ne peut plus clairement, des dispositions de l’accord d’association liant le Maroc à l’Union européenne. En particulier, celles garantissant la libre circulation des marchandises.
C’est à croire que des opérateurs agricoles n’ont point évolué depuis l’intégration de la péninsule à l’Union européenne, il y a plus de 4 décennies. Avant l’adhésion de l’Espagne à la communauté, le mot d’ordre était «no passara» aux agrumes marocains destinés aux marchés européens alors que les conventions internationales sur le transport terrestre plaidaient le contraire.
Aujourd’hui la donne a beaucoup changé. Les exportations marocaines de fruits et légumes destinées à l’Espagne ou transitant par ce pays sont, pour l’essentiel, constituées de productions issues d’exploitations gérées par des opérateurs espagnols installés au Maroc.
C’est le cas des primeurs, des petits fruits rouges et de certains légumes, produits en exclusivité pour le marché espagnol, (haricot helda, poivrons verts et jaunes…).
Ces opérateurs sont installés dans de nombreuses régions marocaines et bénéficient d’avantages substantiels, parfois plus consistants par rapport à ceux concédés aux opérateurs nationaux. Et, ils sont plusieurs centaines d’entreprises qui s’activent dans le secteur marocain de l’agro-industrie.
Au nord comme au sud et en passant par la région du Gharb, ils opèrent dans les filières les plus rentables.
Par ailleurs, ces opérateurs font appel, pour leur approvisionnement en intrants et autres équipements agricole au marché espagnol. A tel point que la balance alimentaire maroco-espagnole affiche, par année difficile, un déficit commercial en défaveur du Maroc.
Le même déséquilibre est constaté dans d’autres secteurs comme le tourisme, les services (transport terrestre et maritime) et surtout la pêche.
En lançant l’appel au boycott des produits marocains, l’Association d’Alméria a-t-elle évalué les enjeux pour l’économie espagnole ? A-t-elle aussi pris en considération les intérêts de ses concitoyens installés au Maroc ? Pas sûr...
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