Baraka se défile de son alliance avec le PAM et le PPS

Devant la fougue de Nabil Benabdellah et Abdellatif Ouahbi qui annonçaient publiquement la construction d’une alliance qui durera jusqu’après les élections, Nizar Baraka a préféré prendre ses distances, prenant de court ses partenaires en déclarant publiquement que l’union des trois partis ne constitue pas une alliance pour l’instant, mais une simple coordination. Un véritable coup bas qui a vexé spécialement le SG du PAM.

Baraka se défile de son alliance avec le PAM et le PPS

Le 10 juin 2021 à 19h10

Modifié 10 juin 2021 à 20h29

Devant la fougue de Nabil Benabdellah et Abdellatif Ouahbi qui annonçaient publiquement la construction d’une alliance qui durera jusqu’après les élections, Nizar Baraka a préféré prendre ses distances, prenant de court ses partenaires en déclarant publiquement que l’union des trois partis ne constitue pas une alliance pour l’instant, mais une simple coordination. Un véritable coup bas qui a vexé spécialement le SG du PAM.

Réunis le lundi 7 juin pour débattre du nouveau modèle de développement, les trois partis de l’opposition, Istiqlal, PAM et PPS, ont donné à voir au public une scène ubuesque.

Après les discussions sur le rapport de la commission Benmoussa, où les trois SG partis semblaient avoir bien accordé leurs violons, les trois Secrétaires généraux du G3 de l’opposition ont été interpellés sur la nature de leur travail commun.

La fougue de Nabil Benabdellah et de Abdellatif Ouahbi

Premier à répondre, Nabil Benabdallah du PPS.

« Nous espérons qu’un des deux partis (Istiqlal ou PAM) arrivera premier aux législatives pour faire une alliance à trois ou avec d’autres partis. Nous travaillons sur cette base, en toute clarté. Je considère que nos trois formations ont la capacité de constituer une véritable alternative à la majorité gouvernementale actuelle, qui n’a rien apporté au pays et qui travaille sans la moindre cohérence. Les Marocains ont en face d’eux deux blocs : trois partis à l’opposition qui travaillent dans une harmonie totale et cinq autres composantes à la majorité qui ne partagent rien de commun. Il n’y pas à mon avis une autre alternative », déclare, pas peu fier, Nabil Benabdellah.

Et le patron du PAM d'ajouter avec une grande fougue qu’il ne s’imagine pas au gouvernement sans Nabil Benabdellah ni Nizar Baraka, car, dit-il, il ne peut travailler avec d’autres personnes…

Abdellatif Ouahbi va même jusqu’à annoncer que si le PAM arrive premier aux élections législatives, il ne négociera pas seul la constitution du gouvernement, mais impliquera également l’Istiqlal et le PPS.

« Je m’engage devant vous sur ça. Si le PAM arrive premier, nous négocierons à trois », annonce-t-il dans une première dans l’histoire du champ politique marocain, que même un certain Abdelilah Benkirane n’a pas osé faire quand il s’accrochait à l’idée de la construction d’une Koutla démocratique (PJD-PI-USFP-PPS) aussi bien en 2011 qu’en 2016.

La douche froide de Nizar Baraka

Mais c’est sans compter sur le pragmatisme de Nizar Baraka ou son sens du calcul politique. La ferveur qui s’estompera vite quand le SG de l’Istiqlal prendra la parole, dans ce qui s’apparente à une douche froide :

« Je veux préciser une chose. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes dans une alliance, mais dans une coordination qui travaille pour construire une alliance. Et pour construire une alliance, il faut d’abord bâtir une base programmatique commune. Je ne peux donc parler d’une alliance, alors qu’on n’est pas d’accord sur un programme commun », lance Nizar Baraka, prenant de court ses deux partenaires de l’opposition qui croyaient que l’Istiqlal était définitivement de leur côté.

« Les expériences antérieures ont montré que les alliances préélectorales ne donnaient rien. En 2011, nous étions d’accord en tant que Koutla que nous allions tous participer au gouvernement; soit aller ensemble dans l’opposition si les conditions n’étaient pas favorables. Ce que Abdelilah Benkirane voulait aussi. Mais au final, l’Istiqlal et le PPS sont entrés pour faire réussir cette expérience et l’USFP a déclaré qu’il ne pouvait s’allier aux islamistes, les mêmes islamistes avec qui il est aujourd’hui au gouvernement. Il ne faut donc pas annoncer quelque chose aux citoyens qu’on ne pourra pas tenir par la suite », ajoute-t-il.

« Je ne suis pas contre l’idée de construire une alliance avec le PPS et le PAM. Mais je dis qu’il faut d’abord qu’on soit d’accord sur un programme. Et c’est valable pour tous les autres partis avec lesquels nous serons amenés à négocier, au cas où nous arriverions premiers aux législatives », poursuit Nizar Baraka, montrant clairement qu’il ne veut pas s’engager dans une alliance pré-électorale qui peut lui coûter cher après les élections. Et envoyant surtout un message à tous les autres partis politiques, le PJD et le RNI à leur tête, que son parti n’est l’adversaire de personne et qu’il ne ferme la porte à aucune alliance.

Ouahbi : « Je me contenterai donc de Nabil... »

En politique, cela s’appelle un « coup bas ». Surtout quand il est fait publiquement. Comme on peut aussi le qualifier de « couac » ou de « cafouillage » dans la communication des trois formations de l’opposition, qui semble-t-il, n’avaient pas discuté des éléments de langage à donner au public au cas où ils étaient interpellés sur ce point.

Devant cette volte-face de Nizar Baraka, Abdellatif Ouahbi, connu par sa gouaille et son sens de la formule, n’a pas caché sa vexation et sa gêne, répondant du tac au tac à Baraka.

« Dans ce cas, je me contenterai de Nabil Benabdellah. Quant à Nizar, on verra après. Je suis avec Nabil, et celui qui veut nous rejoindre après reste le bienvenu », lance-t-il à l’adresse du SG de l’Istiqlal.

Et Benabdellah qui poursuit toujours sa stratégie de parti satellite, joué en 2011 et 2016 avec le PJD et maintenant avec le PAM et l’Istiqlal, deux favoris à la première place, d’intervenir, en bon communiquant pour faire l’équilibriste, tout en ne ménageant pas son « ami » Nizar Baraka.

« Quand on parle d’alliance, c’est un objectif. On fait une sorte d’Ijtihad » pour que nous puissions converger vers des orientations communes, un programme et des engagements vis-à-vis des citoyens. Durant cette période où on a travaillé ensemble dans l’opposition, on a construit certaines références communes, sur le plan politique et électoral par exemple. On a pris également des positions communes sur différents sujets. Je considère que si on passe à une phase où il faut bâtir une plateforme programmatique commune, ce ne sera pas difficile », souligne-t-il dans une tentative de faire rapprocher les vues de ses deux lièvres, l’Istiqlal et le PAM, avant d’envoyer une petite (et très subtile) pique au SG de l’istiqlal.

« Je sais que je vais partir demain à mon bureau politique et qu’on me dira pourquoi tu as parlé d’une alliance. Je le sais. Mais moi j’ose, et je vais expliquer les choses et défendre ce choix. Au sein de notre parti, il n’y a aucune discussion sur l’alliance avec l’Istiqlal qui est un partenaire historique. Mais le débat est toujours ouvert sur l’alliance avec le PAM. Mais le PAM a changé, c’est ce que j’essaie de faire passer comme message. Abdellatif Ouahbi a dit dans l’expérience du PAM ce que Malek n’a pas dit sur l’alcool. Il m'a même dépassé dans la critique de cette expérience passée du PAM. Il faut aussi être réaliste et objectif. Une alliance, ça se construit avec le « possible ».

Et le « possible » actuel, c’est l’Istiqlal et le PAM. Et si on veut présenter une réelle alternative, on doit l'annoncer, le déclarer publiquement. Et on verra plus tard ce que donneront les résultats des élections… », lance-t-il, comme pour signifier le manque de courage de Nizar Baraka qui a montré clairement qu’il jouait sur plusieurs tableaux et ne voulait pas engager son parti dans une sorte de G3 qui pourrait limiter sa marge de manœuvre après les élections. Surtout s’il n’arrive pas premier…

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