IPO Majorel. Saham va rapatrier au Maroc les 330 millions d’euros récoltés à l’Euronext

C’est ce que nous confirme une source proche du dossier. Le produit de la cession sera entièrement rapatrié à Casablanca, malgré la présence du groupe au Luxembourg. Saham, qui détient aujourd’hui 39,5% du groupe, compte également rester dans le capital de Majorel pour faire fructifier davantage cet investissement, selon la même source.

IPO Majorel. Saham va rapatrier au Maroc les 330 millions d’euros récoltés à l’Euronext

Le 24 septembre 2021 à 15h55

Modifié 24 septembre 2021 à 16h11

C’est ce que nous confirme une source proche du dossier. Le produit de la cession sera entièrement rapatrié à Casablanca, malgré la présence du groupe au Luxembourg. Saham, qui détient aujourd’hui 39,5% du groupe, compte également rester dans le capital de Majorel pour faire fructifier davantage cet investissement, selon la même source.

Être coté à l’Euronext, bourse européenne située à Amsterdam, est une première pour un groupe à actionnariat marocain. Une première réalisée par le groupe Saham qui vient de procéder, avec succès, à la cession par placement privé de 10% de ses parts dans Majorel, pour une valeur de 330 millions d’euros. Son co-actionnaire allemand Bertelsmann a cédé la même part au même prix. Produit total de l’opération : 660 millions d’euros, à raison de 33 euros l’action.

Valorisé au total à 3,3 milliards d’euros, le groupe Majorel, un des grands opérateurs mondiaux de la relation client, né de la fusion entre les activités offshoring de Saham et celles du groupe allemand Bertelsmann, entre ainsi dans la cour des grands. Et il  a pris, il faut le dire, un sérieux risque, en réalisant cette IPO dans un contexte de marché tout sauf favorable. La preuve par la tendance en Bourse du titre qui a perdu dès le premier de sa cotation plus de 8% de sa valeur, cotant à l'heure où ces lignes sont écrites à 30,16 euros.

Une IPO en pleine tempête boursière

Une donnée que ne regardent pas trop les actionnaires de référence de Majorel, qui restent « très détendus », selon une source proche du dossier.

« Plusieurs IPO ont été annulées la semaine d’avant, parce que les marchés sont extrêmement fébriles en ce moment. La plus notable est celle de Babbel, énorme opérateur berlinois de traduction et d’apprentissage de langues, qui a annulé son IPO à l’Euronext qui devait se faire le même jour que celle de Majorel. Les actionnaires de référence de Majorel n’ont pas pris en compte la performance du marché dans leur décision. Mais ils ont fait un pari juste, car ils avaient une base d’investisseurs très qualitatifs de long terme souhaitant les accompagner, ce qui les a encouragés à sortir sur le marché même si les indices sont en baisse », confie notre source.

Et cette baisse de première séance n'est pas très significative selon notre source. Elle est quelque chose d’assez usuel dans les marchés, nous dit-elle.

« Une autre société cotée hier, Exclusive Network, a vu son cours baisser de 8% en début de journée, avant de remonter de 5% en fin de journée. Aujourd’hui, son cours est en hausse de 5%. Majorel aura certainement le même parcours boursier qu'Exclusive Network, avec un rééquilibrage qui se fera après les 30 à 40 premiers jours de cotation. Quand vous faites des IPO comme ça, vous allouez à chacun des investisseurs ce que vous pensez qu’il veut. Et arrivé en bourse, ceux qui ont trop par rapport à ce qu’ils voulaient vendent. Et ceux qui n’ont pas eu assez attendent que le cours baisse pour acheter ».

En cédant 20% de leur capital dans Majorel, Saham et Bertelsmann gardent 39,5% chacun dans le capital de Majorel.  Une part importante qu’ils comptent, affirment nos sources, "garder encore très longtemps".

« Majorel est une excellente boite. En plus de ses belles perspectives, son bilan est solide et elle est complètement désendettée. Les actionnaires de référence ne s'intéressent pas aux tendances à court terme, mais axent leur stratégie sur le développement de la boite sur le long terme pour en faire un des champions mondiaux de la relation client. Pour eux, les 39,5% qu’ils détiennent chacun valent aujourd’hui 1,3 milliards d’euros. L’objectif est de transformer ce 1,3 en 2,6 milliards d'eruos sur le moyen et long termes… », confie notre source.

660 millions d'euros dans la poche, et 99 millions en attente...

En récoltant 660 millions d’euros par la cession de 20% de Majorel, Saham et son partenaire allemand réalisent déjà un joli coup. Et ce montant peut encore grimper dans les prochains jours, l’opération de placement privée ayant été assortie d’une option de surallocation de 3% supplémentaire du capital de la firme. Si cette option est exécutée intégralement, le produit final de la cession se montera à 759 millions d’euros, soit 379,2 millions d’euros chacun. Mais personne ne sait pour l’instant si cette option sera exercée ou non.

« L’option est un mécanisme de l’Euronext pour la stabilisation des cours. Une stabilisation que seul le banquier conseil de l’opération peut faire dans un délai de 30 jours, les actionnaires de référence n’ayant pas le droit d’intervenir sur le titre. Ce n’est qu’au bout de ces 30 jours que l’on peut connaître le résultat final de l’opération », explique notre source.

En cas d'exécution complète de l’option, les deux actionnaires de référence de Majorel encaisseront donc 99 millions d’euros de plus, mais leur part dans la firme baissera à 38% respectivement.

Ce qui est sûr pour l’instant, c’est que Saham et Majorel empocheront dès le 28 septembre, date de règlement-livraison, les 660 millions d’euros, une somme qu’ils se partageront à égalité.

Pour Saham, cela représente une très belle somme, qui sera selon notre source, complètement rapatriée au Maroc, soit un produit de près de 3,5 milliards de dirhams en cash frais (selon le cours de change du 24 septembre 2021 : 1 euros = 10,54 dirhams). Sachant que rien n’oblige Saham à le faire, puisque la société est basée au Luxembourg, l’IPO réalisée à Amsterdam et l’activité de Majorel tournée quasi-exclusivement à l’international.

Mais Saham a décidé probablement de le faire certes pour faire acte de patriotisme, faire entrer des devises au Maroc, mais aussi pour des raisons qui tiennent au bon sens : avec des taux européens négatifs, ou proches de zéro, il faut être naïf pour laisser de l’argent dormir en Europe alors que vous avez la possibilité de le rapatrier au Maroc, où le taux d’un DAT à un an pour un tel montant peut se négocier jusqu’à 4%...

Pourquoi la cession et pas une augmentation de capital ? 

Reste la question du choix du format de l’opération. En annonçant, il y a quelques mois, leur intention d’introduire Majorel en Bourse, Saham et Bertelsmann parlaient d’une ambition de développer l’entreprise, d’en faire un des champions mondiaux du secteur. Une pareille ambition nécessite logiquement une augmentation de capital qui donnera les moyens à la boîte de s’épanouir. Mais l’IPO réalisée aujourd'hui a porté sur une cession. Ce qui peut être vu comme un signal contradictoire par rapport aux intentions de départ.

Une contradiction à laquelle notre source répond en avançant une argumentation financière pure et dure  :

« L’augmentation de capital était à l’étude. Mais renflouer les capitaux propres d’une entreprise désendettée n’a pas réellement de sens. Les investisseurs en tout cas ne seront pas intéressés par un tel placement, parce qu’ils exigent un niveau de rendement sur investissement qui tient la route. Saham et Bertelsmann n’ont mis, cela dit, que 20% en Bourse, ce qui n’est pas grand-chose. L’objectif étant de donner de la visibilité à l’entreprise à l’international, montrer au marché ses fondamentaux, leur solidité, pour rassurer la clientèle internationale, comme les GAFA, qui seront désormais à l’aise en confiant leur relation client à un opérateur solide, coté en Bourse et totalement transparent. Et puis, cette entrée en Bourse permettra également de financer le développement du groupe. En mettant les pieds à l’Euronext, Majorel pourra à tout moment lever des fonds et avoir accès aux ressources dont elle aura besoin pour financer ses projets. Sachant que la captation d'opportunités de développement, quand vous êtes cotés, peut se faire sans décaissement d’argent, à travers des opérations d’échanges d’actions… », répond notre source.

Quoi qu'il en soit, c'est tout bénéfice pour le groupe de Moulay Hafid Elalamy, qui a commencé en 2001 de zéro dans ce métier, qui a su se développer au niveau national, nouer un partenariat avec un acteur majeur du secteur, Bertelsmann, bien valoriser l'ensemble, rémunérer les efforts fournis sur les 20 dernières années, tout en gardant la main sur une boîte qui peut encore pondre beaucoup plus de rendement dans l’avenir.

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