Ce qu'est “Riaya”, la carte électronique pour améliorer l'accès aux soins au Maroc

La réforme du système de la santé est au cœur du nouveau programme gouvernemental. Pour la mener à bien, Akhannouch a listé, lundi 11 octobre, une série d'éléments de réforme, notamment la création de la carte "Riaya". Celle-ci permettra de réduire les dépenses directes des patients en services de santé. Une annonce qui est accueillie favorablement par le corps médical et les assureurs. Explications.

Ce qu'est “Riaya”, la carte électronique pour améliorer l'accès aux soins au Maroc

Le 12 octobre 2021 à 18h38

Modifié 14 octobre 2021 à 16h59

La réforme du système de la santé est au cœur du nouveau programme gouvernemental. Pour la mener à bien, Akhannouch a listé, lundi 11 octobre, une série d'éléments de réforme, notamment la création de la carte "Riaya". Celle-ci permettra de réduire les dépenses directes des patients en services de santé. Une annonce qui est accueillie favorablement par le corps médical et les assureurs. Explications.

La réhabilitation du système national de santé, en vue de la généralisation de la protection sociale, est l'un des piliers du nouveau programme gouvernemental pour le quinquennat 2021-2026.

Lors de sa présentation, lundi devant les deux chambres du Parlement, le nouveau chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, s’est dit conscient de l’importance de ce chantier. Il s’est ainsi engagé à renforcer le service public de santé, en mettant en œuvre un plan ambitieux qui vise à répondre à l’urgence à court terme, tout en se donnant les moyens de développer l’offre de santé sur le long terme.

Les éléments de base de la réforme du système de santé sont nombreux, et la création d’une carte électronique de soins pour réduire les dépenses directes des patients en services de santé en fait partie.

En quoi consiste la carte "Riaya" ?

Cette carte fait partie des promesses du RNI, lors de sa campagne électorale. L'annonce avait été faite la première fois au terme du programme "100 jours, 100 villes", lancé par le parti pour recueillir les propositions et les priorités des habitants des villes marocaines, en particulier des petites et moyennes villes.

L'accès difficile aux soins, notamment dans le milieu rural, l’engorgement des urgences, le retard des remboursements, le manque de moyens financiers et l'accès à l’historique médical du patient sont autant de difficultés relevées par les Marocains dans le secteur de la santé.

Pour y remédier, le RNI s'est engagé à créer "Riaya", l’équivalent de la carte Vitale en France.

Dans le détail, c'est une carte électronique qui regroupe toutes les informations personnelles du patient (nom, prénom, date de naissance…), ainsi que son historique médical. A terme, elle permettra à l'ensemble des citoyens de bénéficier de soins partout au Maroc, chez leur médecin de famille ou dans les CHU. Les médecins pourront accéder à l’historique médical du patient et lui délivrer le soin et les médicaments adéquats.

La carte "Riaya" permettra également aux citoyens marocains de contourner les obstacles administratifs, en mettant notamment fin au dépôt des chèques de garantie, et en leur évitant d’avancer, totalement ou partiellement, les frais médicaux. Les patients pourront aussi retirer leurs médicaments auprès des pharmacies sans les payer s'ils sont remboursables; les frais des médecins et pharmaciens étant directement versés par la CNSS ou par la CNOPS.

Pour éviter les engorgements au niveau des urgences, elle donnera la possibilité au médecin de famille de prendre un rendez-vous pour son patient auprès d'un spécialiste ou du CHU.

Dans un premier temps, elle sera mise en place pour les nouveaux-nés, avant d'être généralisée à tous les Marocains, à l’horizon 2024.

Le parcours de soins sera plus simple et plus fluide, et surtout directement pris en charge par l'organisme gestionnaire de l'AMO.

Si le corps médical est en faveur de cette carte, il appelle d’abord à l’accélération des chantiers d’envergure

Joint par nos soins, Dr Said Afif, président de la Fédération nationale de la santé, se dit "en faveur de cette carte. Toutefois, de nombreux préalables doivent être mis en place, à leur tête l’accélération du chantier de la couverture sanitaire universelle lancée par le Roi Mohammed VI dans le cadre de la protection sociale, dont le délai est fixé à fin 2022".

"On ne peut pas donner cette carte à une personne qui ne dispose pas de couverture maladie", précise notre interlocuteur.

D’autres grands chantiers ont été évoqués par le président de la FST, dont l’accélération de la digitalisation. "La pandémie du Covid a montré l’importance de la digitalisation. Dans le nouveau gouvernement, une nouvelle ministre s’occupera uniquement de la transition numérique (et de la réforme de l’administration, NDLR), ce qui est une excellente chose pour le Royaume." Il s’agit en effet de Ghita Mezzour, ministre déléguée auprès du chef du gouvernement.

Pour faciliter la mise en place de la carte "Riaya", notre source estime qu'il "est important de mettre le cap sur le digital au niveau des cabinets et des pharmacies pour éviter la paperasse".

Dr Afif évoque également la couverture des frais d'assurance maladie des médecins, spécialistes et généralistes, qui doit s’élever à 50%. "Nous avons déjà demandé à la CNSS, lors d’une réunion tenue en novembre 2020 en présence de l’ANAM, du CNOM et des ministères de la Santé et de l’Emploi, de participer aux frais de couverture médicale des professionnels de santé. Il faut qu’il y ait des incitations pour les médecins. En France par exemple, ces derniers sont remboursés à hauteur de 10 euros par ordonnance, et d’autres incitations existent pour la prescription de génériques. Au Maroc, la pénétration des génériques est d'à peine 35%."

Autre chantier important pour Dr Said Afif : "La revalorisation du tarif national de référence, qui n’a pas bougé depuis 2006. La loi stipule une revalorisation tous les trois ans. On devrait actuellement en être à la sixième, mais on n'en a fait aucune."

"La consultation est remboursée à ce jour sur la base de 150 DH, alors que le minimum pratiqué dans les cabinets est de 250 DH. Nous avons signé, en janvier 2020, une convention avec le CNOM, la CNSS, le ministère de la Santé, l’ANAM, l’ANCP et différents syndicats, pour que le remboursement de la consultation passe à 250 DH, mais elle n’a pas été adoptée."

Par ailleurs, "le secteur public doit être développé". Il s’agit d’une condition de base. "Heureusement que ce secteur a été là durant la période du Covid, puisqu’il a soigné 90% des malades. Les 10% restants ont eu beaucoup de difficultés dans le secteur privé. Il faut également développer ce dernier, et actionner le partenariat public-privé, qui l'est à peine dans l’hémodialyse.

"Nous somme donc en faveur de cette carte, mais tout en accélérant les grands chantiers pour faciliter sa mise en place, à commencer par celui initié par Sa Majesté, relatif à la couverture sanitaire universelle.

"Nous restons toutefois confiants et optimistes avec cette nouvelle composition du gouvernement, qui semble harmonieuse. La ministre de la Santé a déjà fait ses preuves à Casablanca durant la période du Covid. Je crois qu’elle pourra bien gérer tous ces dossiers."

"Riaya" permettra de dématérialiser la relation assureur-assuré

Un expert du secteur des assurances se dit également ravi de cette annonce. Il estime que cette carte permettra d'accélérer le chantier de dématérialisation de la relation qui relie les assureurs et les assurés, entamé par certains assureurs depuis quelques années.

"La mise en place de cette carte permettra d'éviter tous les dossiers et la paperasse, ainsi que les files d'attente et les allers-retours des patients aux agences des assureurs, et donc de fluidifier les choses.

Certes, tel que présenté, ça a l'air d'un outil qui simplifiera les procédures. A présent, nous devons voir ce qu'il y a derrière ce dispositif. Les patients devront à terme pouvoir se rendre chez les médecins sans payer. D'un point de vue réglementaire et juridique, il devrait y avoir tout un dispositif pour gérer les paiements entre les assureurs, les médecins et les pharmacies..."

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