Sous l’impulsion d’Inditex, l’industrie textile à Tanger cherche à se décarboner

La décarbonation devient le nouveau défi auquel s’attèle l’industrie textile marocaine. Dans le nord du Royaume, où ce secteur est important, une collaboration se met en place avec Inditex et la Banque européenne d’investissement, afin de préparer un avenir vert pour cette industrie.

Sous l’impulsion d’Inditex, l’industrie textile à Tanger cherche à se décarboner

Le 29 novembre 2021 à 9h44

Modifié 30 novembre 2021 à 10h19

La décarbonation devient le nouveau défi auquel s’attèle l’industrie textile marocaine. Dans le nord du Royaume, où ce secteur est important, une collaboration se met en place avec Inditex et la Banque européenne d’investissement, afin de préparer un avenir vert pour cette industrie.

La communauté des affaires dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima se mobilise pour le chantier de la décarbonation. En effet, deux secteurs importants dans la région, que sont le textile-habillement et l’automobile, sont tous deux dépendants des exportations vers l’Union européenne et, à ce titre, menacés par la future taxe carbone.

Dans ce cadre, des contacts ont été établis entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) Nord et le groupe Inditex. "Inditex nous exprime son souhait de voir notre empreinte carbone s’améliorer à l’avenir. On veut donc accompagner nos entreprises du textile-habillement, ainsi que l’AMITH, dans cet objectif de décarbonation", déclare Adil Raïs, président de la CGEM Nord, à Médias24.

Premier donneur d’ordre au Maroc, Inditex veut voir le secteur se décarboner

Inditex, le géant espagnol de l’habillement, détenteur de plusieurs marques à grand succès (notamment Zara), est le plus grand donneur d’ordre du secteur de la confection textile au Maroc, à hauteur de 65%, nous confirme Mohammed Boubouh, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH).

Selon Adil Raïs, 60% du sourcing d’Inditex au Maroc se fait dans la région de Tanger. C’est la raison pour laquelle une réunion a rassemblé les responsables de la CGEM Nord, plusieurs acteurs du secteur textile-habillement, Inditex et la Banque européenne d’investissement (BEI), jeudi dernier.

"Ces discussions avec Inditex sont en cours depuis presque un an. Il y a un engagement de leur part, puisqu’ils sont représentés par de hauts responsables. Inditex veut consolider le tissu industriel marocain qui travaille avec eux. Il y a une prédisposition complète de leur part à accompagner le secteur et à travailler à moyen et long termes avec le Maroc", assure Adil Raïs. La BEI, quant à elle, a aussi manifesté un intérêt : "elle est prête à apporter son soutien en termes de conseil et d’expertise pour réaliser ces objectifs."

"Cela fait longtemps que le groupe Inditex a démarré ce programme. Il a commencé avec les entreprises de délavage et de teinture. Il leur a imposé de changer de chaudière pour passer du fuel et du gasoil à la biomasse", nous confie Mohammed Boubouh.

"Le groupe a aussi un programme important pour encourager le recyclage de déchets. Il soutient d’ailleurs un projet monté par deux entreprises espagnoles. Il s’agit d’une entreprise de recyclage de déchets de maille ou des articles de maille non vendus, qui peuvent être utilisés par la suite pour la filature, le tissage et l’ennoblissement", poursuit-il.

"La décarbonation n’est plus un luxe, c’est une nécessité"

"L’AMITH a préparé une vision que nous avons partagée avec nos membres, et qu’elle a baptisée "Daym" [ndlr : littéralement, "durable"], pour avoir un secteur qui intègre le développement durable. Nous sommes en train de sensibiliser les acteurs du secteur sur le fait qu’il faut adopter une production éco-responsable", souligne Mohammed Boubouh.

"Il n’y a pas que le groupe Inditex ; c’est désormais une tendance mondiale. Une production éco-responsable, ce n’est plus un luxe, c’est une nécessité. D’autant que dès janvier 2023, l’Union européenne imposera une taxe carbone", rappelle-t-il.

Dans cette configuration, la proximité géographique du Maroc avec l’Europe joue en sa faveur. "Plus l’article va parcourir des kilomètres, plus il va être taxé. Cela nous mène à une cartographie mondiale du sourcing très favorable pour le Maroc", estime Mohammed Boubouh.

Adil Raïs pense aussi que le facteur logistique profitera au Maroc. "L’objectif d’Inditex, c’est aussi de réduire la chaîne logistique. Car la conclusion qu’ils tirent de cette pandémie, c’est qu’ils doivent rapprocher leurs sourcing et l’ensemble de la chaîne de valeur de l’Europe. Grâce à cette proximité, nous gagnons en compétitivité."

La décarbonation passe aussi par l’intégration en amont

Adil Raïs pense aussi qu’il ne faut pas y aller à moitié. "Dans cet objectif de décarbonation, on essaie également de créer un amont textile, ici au Maroc, car on se retrouve à importer du tissu et des accessoires de pays lointains qui ont une empreinte carbone importante."

Adil Raïs a d’ailleurs invité des représentants d’Inditex à visiter les unités industrielles qui fabriquent le tissu à Tanger, pour évaluer leur potentiel d’intégration dans leurs chaînes de valeur. "Il y avait beaucoup plus d’unités il y a vingt ans", regrette-t-il toutefois.

Il faut dire également que l’énergie verte ne permet pas seulement de décarboner, mais aussi de réduire les coûts. Mohammed Boubouh pense "qu’il n’y a pas de secret ; l’amont du secteur est une industrie énergivore. Il faut donc avoir un prix du kWh qui soit compétitif".

L’Etat appelé à jouer un rôle plus important

"Je salue l’effort fait par Maroc PME pour subventionner à hauteur de 30% les plaques solaires. Malheureusement, le budget prévu pour cette année est déjà consommé", déclare Mohammed Boubouh, qui souhaite voir les pouvoirs publics apporter un soutien un peu plus encourageant que celui de Maroc PME.

Adil Raïs est du même avis : "les unités de confection n’ont pas les moyens de s’équiper seules en énergie verte. Il doit y avoir des subventions pour aider les industriels à le faire, et celles-ci doivent être accordées de façon plus simple. Le suivi et le contrôle doivent également être simplifiés. Il faut faire davantage confiance à l’entreprise marocaine."

Il recommande aussi d’apporter plus de libéralisation au secteur de l’énergie, "en modifiant la loi pour pouvoir mieux optimiser l’installation énergétique, comme par exemple pouvoir vendre l’énergie à son voisin". 

"Nous avons informé le ministère de l’Industrie de ces initiatives, et travaillons en étroite collaboration avec l’AMITH. Nous jouons un rôle de facilitateur avec ces grands acteurs mondiaux pour consolider le secteur à Tanger."

L’automobile, autre secteur phare de Tanger qui a besoin de décarbonation

L’autre secteur important à Tanger, c’est l’automobile. Adil Raïs aime rappeler que ce secteur a aussi besoin de décarbonation. "Nous avons déjà travaillé sur la décarbonation d’une dizaine d’entreprises marocaines dans le secteur des pièces automobiles", dit-il.

"Cette décarbonation est en cours, avec un accompagnement double de la CGEM et de l’Association marocaine pour l’industrie et la construction automobile (AMICA). C’est une première au Maroc qu’un groupe d’entreprises à capital marocain prenne l’initiative de décarboner."

"Nous sommes en train d’installer des cellules photovoltaïques sur l’ensemble des toitures de ces usines pour permettre de travailler le plus longtemps possible avec une énergie propre. Cela réduira les coûts énergétiques", explique enfin Adil Raïs.

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