Londres et Paris sous le choc après la plus terrible tragédie migratoire dans la Manche

(AFP)

Le 24 novembre 2021

La mort tragique de 27 migrants mercredi dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche, un drame aussi terrible qu'inédit, a provoqué une onde de choc à Londres et Paris, qui sont convenus de "l'urgence" d'intensifier la lutte contre ce trafic migratoire après des semaines de tension.

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron avait dans un premier temps annoncé un bilan de 31 morts, mais celui-ci a été revu à la baisse par le ministère de l'Intérieur.

Parmi les victimes figurent cinq femmes et une fillette, a précisé le ministre Gérald Darmanin, accouru à Calais. Deux migrants ont été rescapés mais leur pronostic vital était engagé mercredi soir.

"La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière", a réagi Emmanuel Macron, réclamant "une réunion d'urgence des ministres européens".

Il a promis que tout serait "mis en œuvre pour retrouver et condamner les responsables" de ce naufrage au large de Calais, qualifié de "tragédie" par le Premier ministre Jean Castex.

"Choqué, révolté et profondément attristé", le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré sur Sky News vouloir "faire plus" avec la France pour décourager les traversées illégales, pointant les désaccords franco-britanniques.

Lors d'un entretien dans la soirée, M. Johnson et M. Macron "ont convenu de l'urgence d'intensifier les efforts conjoints pour empêcher ces traversées mortelles", selon un porte-parole de Downing Street.

- Autopsies -

Ils ont aussi insisté sur "l'importance d'une collaboration étroite avec les voisins belges et néerlandais ainsi qu'avec les partenaires du continent".

Londres et Paris étaient déjà convenus récemment de renforcer leur coopération pour tarir les départs, après l'arrivée le 11 novembre de 1.185 migrants en Angleterre, un record.

Le drame de mercredi, redouté par les autorités et les associations, est de loin le plus meurtrier depuis l'envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et d'Eurotunnel, empruntés jusque-là par les migrants tentant de rallier l'Angleterre.

Les navires de sauvetage ramenant les victimes ont accosté dans la soirée dans le port de Calais, où un hangar a été ouvert pour accueillir les corps.

Les dépouilles doivent être transférées à l'institut médico-légal de Lille pour autopsie, a précisé à l'AFP la procureure de la République Carole Etienne.

La Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille a été saisie de l'enquête, ouverte pour "aide à l'entrée et au séjour irréguliers en bande organisée", "homicide et blessures involontaires" et "association de malfaiteurs".

Avant ce naufrage, le bilan des décès depuis le début de l'année s'élevait à trois morts et quatre disparus, après six morts et trois disparus en 2020.

Selon M. Darmanin, quatre passeurs soupçonnés d'être en lien avec la tragédie ont été arrêtés, mais la procureure n'a pas "confirmé cet élément dans le cadre de sa saisine".

- "Corps à la dérive" -

Le drame s'est déroulé sur un "long boat", un bateau gonflable fragile au fond souple dont l'utilisation par les passeurs s'est accru depuis l'été.

"Nous avons récupéré six corps à la dérive", a raconté Charles Devos, le patron de la vedette Notre-Dame du Risban de la SNSM de Calais, décrivant "une embarcation pneumatique carrément dégonflée".

D’importants moyens ont été dépêchés lors du sauvetage, notamment deux hélicoptères et trois bateaux.

Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées dans la soirée près du port, munis de bougies. "Darmanin assassin t’as du sang sur les mains", ont-ils notamment scandé.

La Manche "est en train de se transformer en cimetière à ciel ouvert", s'est alarmé Pierre Roques, de l'Auberge des Migrants, une association locale.

L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), "choquée et bouleversée", a estimé que "seuls les efforts coordonnés et solidaires (...) permettront de prévenir de nouvelles tragédies".

Les tentatives de traversées de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois, avait récemment mis en garde le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux.

Au 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l'année et 7.800 migrants avaient été sauvées. Une tendance qui n'a pas baissé malgré les températures hivernales.

Selon Londres 22.000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l'année.

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Le 24 novembre 2021

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