Entretiens Mohammed VI-Jared Kushner à Rabat au sujet du Proche Orient

C’est par Rabat que Jared Kushner, conseiller principal de Trump et promoteur d’un plan de paix au Proche Orient, a entamé une tournée devant le mener en Jordanie, en Israël puis en Europe.

Entretiens Mohammed VI-Jared Kushner à Rabat au sujet du Proche Orient

Le 29 mai 2019 à 6h01

Modifié le 11 avril 2021 à 2h42

C’est par Rabat que Jared Kushner, conseiller principal de Trump et promoteur d’un plan de paix au Proche Orient, a entamé une tournée devant le mener en Jordanie, en Israël puis en Europe.

Cette tournée suscite de nombreuses interrogations auxquelles aucune réponse précise n’est donnée mais il paraît évident que Kushner essaie de mobiliser des soutiens à son initiative. Comme il paraît évident que le Maroc a réitéré sa position concernant les droits des Palestiniens et la prééminence de la solution à deux Etats.

Le Roi Mohammed VI a donc eu des entretiens mardi 28 mai 2019 en la résidence royale à Salé, avec M. Kushner, en présence du conseiller Fouad Ali Al Himma et du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Nasser Bourita.

Les entretiens se sont poursuivis au cours d’un Iftar (photo) de rupture du jeûne auquel était présent également le Prince Héritier Moulay Hassan.
Selon un communiqué officiel marocain, les entretiens ont porté sur “le renforcement du partenariat stratégique ancien, solide et multidimensionnel entre le Maroc et les Etats-Unis, ainsi que sur les évolutions et développements que connait la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient“. Jared Kushner était accompagné de Jason Greenblatt, représentant spécial pour les négociations internationales.

Pourquoi est-il venu ?

Une visite qui est loin d’être anodine. Vu le contexte international, en particulier au Moyen-Orient, Jared Kushner n’est pas venu faire du tourisme.

Le plan de paix de Kushner dont les contours sont flous et qui est censé être dévoilé après l’Aïd, a été accueilli avec hostilité par les Palestiniens, échaudés par la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël par Trump. Les pays arabes l’accueillent avec méfiance, scepticisme ou froideur, hormis quelques pays du Golfe dont les positions semblent très ambigües.

Le Maroc est probablement le pays arabe qui a exprimé avec le plus de force et de clarté sa position contre toute violation supplémentaire du droit international et en faveur des droits du peuple palestinien. La Jordanie est également sur une position proche.

Il est donc probable que le Roi Mohammed VI a réitéré mardi la position marocaine :

-“préserver“ le principe d’une solution à 2 Etats. Le terme “préserver“, utilisé par la diplomatie marocaine, signifie que cette solution est menacée.

-Jérusalem-Est doit être la capitale de l’Etat palestinien, qui doit être créé sur les frontières du 4 juin 1967.

-le Maroc refuse toute disposition unilatérale et considère Al Qods comme un territoire occupé, comme l’indique la légalité internationale. Une allusion claire au transfert de l’ambassade américaine.

Que contient le plan ?

Personne ne le sait. Il est probable qu'il ne s'agit pas encore d'un vrai plan mais d'idées, de contours, de principes et de pistes.

Les explications les plus récentes et les plus autorisées concernant le fameux plan de paix ont été données par Kushner lui-même. Selon ses propos (vidéo), la première approche sera économique et non politique. La solution à deux Etats ne sera pas évoquée “telle quelle“, ce qui ne peut signifier qu’une seule chose : la dissolution des Palestiniens dans les pays voisins et les territoires occupés.

Au sujet de la "solution à deux Etats", déjà ostensiblement délaissée dans les discours officiels de l'administration Trump en rupture avec le passé et avec le consensus international, il a donc confirmé qu'elle ne ferait pas partie, telle quelle, de ses idées.

"Je réalise que ça signifie des choses différentes selon les gens. Si vous dites 'deux Etats', ça veut dire une chose pour les Israéliens et une autre chose pour les Palestiniens", a expliqué Jared Kushner lors d'une conférence organisée par le cercle de réflexion Washington Institute.

"Alors on s'est dit, vous savez, on n'a qu'à ne pas le dire. Disons juste qu'on va travailler sur les détails de ce que cela signifie", a-t-il ajouté sans plus de précisions.

Selon lui, son plan, concocté dans le plus grand secret avec une petite équipe réputée très proche d'Israël, "s'attaque à beaucoup de sujets", "probablement d'une manière plus détaillée que jamais auparavant".

"J'espère que cela montrera aux gens que c'est possible, et s'il y a des désaccords, j'espère qu'ils porteront sur le contenu détaillé plutôt que sur les concepts généraux", a-t-il poursuivi, estimant que ces seuls concepts, connus depuis des années, n'avaient pas permis de résoudre cet inextricable conflit.

Jared Kushner a aussi assuré que la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, actée de manière aussi unilatérale que controversée par Donald Trump fin 2017, "ferait partie de tout accord final".

Et même s'il a affirmé que les autorités israéliennes devraient aussi "faire des compromis" - sans dire lesquels -, il a une nouvelle fois mis l'accent sur l'indispensable "sécurité" d'Israël.

Conférence internationale à Manama

Quels pays participeront à la conférence de Manama, la capitale de Bahreïn, les 25 et 26 juin ? La question fait l'objet d'intenses spéculations. Si les Emirats arabes unis ont confirmé leur présence, les Palestiniens ont, sans surprise, confirmé qu'il ne faudrait pas compter sur eux. Par contre, Israël sera présent.

Intitulé "De la paix à la prospérité", le rendez-vous de Bahreïn doit réunir, outre des responsables gouvernementaux, des représentants de la société civile et du monde des affaires.

Selon la présidence américaine, il s'agit d'une opportunité pour "encourager le soutien à des investissements et initiatives économiques potentiels qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix".

Mais les Palestiniens ont dénoncé avec force, par la voix de Saëb Erakat, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), les tentatives visant à promouvoir "une normalisation économique de l'occupation israélienne de la Palestine".

"Notre objectif n'est pas d'améliorer les conditions de vie sous l'occupation, mais d'atteindre le plein potentiel de la Palestine en mettant fin à l'occupation israélienne", a-t-il martelé.

Bashar al-Masri, l'un des hommes d'affaires palestiniens les plus en vue, qui a travaillé avec des partenaires internationaux et en coopération avec Israël pour investir 1,4 milliard de dollar dans la construction de la nouvelle ville palestinienne de Rawabi, a lui aussi décliné l'invitation à la conférence.

S'il reste évasif sur le contenu de son plan, entouré du plus grand secret, Jared Kushner promet depuis plusieurs mois des idées nouvelles, soulignant que les approches traditionnelles n'avaient pas permis de parvenir à un accord. Il refuse ainsi de parler de la solution dite "à deux Etats", israélien et palestinien, pourtant au cœur de la diplomatie mondiale depuis des années.

Dans la soirée de mardi, M. Greenblatt cité par l'AFP, s'est dit sur Twitter "honoré" d'avoir partagé ce repas "avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI", dont il a loué la "sagesse". "Le Maroc est un ami important et un allié des Etats-Unis", a-t-il déclaré.

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