Casablanca: la dégradation du transport par bus en chiffres

La dégradation du transport par bus était perceptible qualitativement. Elle est désormais quantifiée grâce à des chiffres inédits présentés aux élus en novembre 2018, mais qui restent d'actualité. Détails.

Casablanca: la dégradation du transport par bus en chiffres

Le 21 octobre 2019 à 14h10

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

La dégradation du transport par bus était perceptible qualitativement. Elle est désormais quantifiée grâce à des chiffres inédits présentés aux élus en novembre 2018, mais qui restent d'actualité. Détails.

La dégradation du service public du transport par autobus pendant les derniers mois de la gestion par M'dina bus était visible pour les citoyens qui empruntent ce moyen de transport tous les jours. 

Mais au-delà de la perception, les chiffres sont encore plus parlants. En novembre 2018, une réunion du bureau de l'Etablissement de coopération intercommunale (ECI) consacrée à l'examen de la situation du transport collectif urbain entre 2004-2018 a livré des données jusque-là restées confidentielles sur la réalité du transport par bus. 

Médias24 a pu consulter ces chiffres à la lecture desquels on se rend compte que le service n'a jamais répondu aux exigences du contrat de gestion déléguée, ni aux aspirations des Casablancais. 

Seuls 38% de la flotte contractuelle étaient en exploitation 

Le premier volet analysé est celui de la flotte. Le nombre de bus mis en circulation par le délégataire devait augmenter en fonction d'un calendrier précis contenu dans la convention signée entre la ville et M'dina Bus. Cette dernière n'a jamais respecté le nombre contractuel de bus. 

En 2004, année du démarrage du contrat, la flotte maximale exploitée était de 329 bus alors que ce chiffre aurait dû être de 417 bus. Ce qui équivaut à un taux d'exploitation de 79% (réel/contractuel).

La logique veut que ce taux s'améliore avec les années et la montée en expertise du délégataire. Mais la réalité est autre. Au regard des chiffres, ce taux s'est dégradé au fil des ans. Il passe ainsi de 79% la première année à 72% la deuxième année, 69% la troisième et quatrième année pour atteindre 50% en 2017. Sur cette dernière année, 595 bus étaient en circulation contre 1.200 contractuels. 

En août 2018, ce taux a chuté à 38%. Les bus en circulation n'étaient que de 450. A partir de cette date, le nombre diminuera considérablement jusqu'à ne plus dépasser les 200 durant les dernières semaines de gestion de M'dina bus. 

Le corollaire au nombre des bus mis en circulation est le nombre de lignes desservies qui a également dégringolé entre 2004 et 2017. Au début du contrat, M'dina bus exploitait 92% des lignes contractuelles, soit 45 des 49 prévues. En atteignant la vitesse de croisière, M'dina bus devait desservir 146 lignes dès 2008. Ce qui n'a jamais été le cas. Et à fin août 2018, M'dina bus exploitait 56 lignes sur les 146, soit un taux d'à peine 38%.

La baisse continue du nombre de bus en circulation et celle du nombre de lignes desservies ont eu pour conséquence naturelle la baisse du nombre de personnes transportées. 

8 millions d'usagers non transportés

Selon les données qui nous ont été communiquées, M'dina bus transportait près de 9 millions de personnes par mois en 2016, chiffre qui est tombé à un peu plus de 5 millions à fin septembre 2018. En d'autres termes, 4 millions d'usagers ne pouvaient plus emprunter les bus par manque de véhicules ou parce que les lignes n'étaient plus desservies. 

Les prévisions réalisées à cette époque faisaient état de la poursuite de la baisse du nombre d'usagers jusqu'à atteindre les 3 millions par mois laissant sur le carreau plusieurs millions de personnes.

A titre indicatif, jusqu'en 2014, soit deux ans après le lancement du tramway, 11 millions de personnes empruntaient les bus mensuellement. 

Sur la base de ces données et des prévisions faites de la suite du contrat avec M'dina bus, les élus ont été informés des risques qui se présentent:

- La poursuite de la baisse du nombre de bus en circulation,

- La faible couverture des lignes ou la suppression de ces dernières,

- L'annulation des lignes de transport scolaire,

- La difficulté de versement des salaires des employés et de paiement des factures des prestataires,

- La difficulté de versement des engagements vis-à-vis des caisses de retraite,

- L'aggravation du transport clandestin informel et des moyens de transport individuel. 

Et pour prévenir ces risques, un certain nombre de mesures ont été proposées pour assurer la continuité du service public comme:

- La récupération des biens de retour mis à la disposition du délégataire qui menaçait de ne pas les restituer,

- L'identification des employés pour les intégrer dans le cadre du nouveau contrat délégué,

- La récupération de la caution bancaire et son utilisation en cas de besoin,

- L'examen de la possibilité d'impliquer le nouveau délégataire dans la phase transitoire. 

Les mois qui ont suivi cette présentation ont donné raison à la Ville. En effet, le service s'est de plus en plus dégradé et le conflit judiciaire qui oppose l'actionnaire principal de M'dina bus à la Ville s'est enlisé. 

La certitude que les chances de trouver une issue à l'amiable sont nulles est acquise après une rencontre en mai 2019 entre le président de M’dina bus, Khalid Chrouate, le wali fraichement nommé Said Ahmidouch, en présence du maire, Abdelaziz El Omari. 

Durant cette rencontre, Chrouate a refusé de prendre le moindre engagement aussi bien sur une amélioration des prestations que sur une éventuelle coopération pendant la période transitoire. 

Le wali et le maire décident alors d'agir de concert pour préserver les intérêts des citoyens casablancais et éviter l'interruption du service public par tous les moyens légaux en veillant à un strict respect du contrat.

Dès lors, plusieurs actions enclenchées, dont nous avons fait le récit dans un précédent article, ont conduit à la mise sous séquestre de M'dina bus, quelques jours avant l'arrivée à terme de son contrat, prévue le 31 octobre. 

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