Les enseignants très pessimistes sur l'achèvement du programme scolaire d'ici juin

Plusieurs enseignants contactés par Médias24 soutiennent à l’unisson qu’ils n’auront pas le temps d’enseigner la totalité du programme scolaire à leurs élèves. Ils estiment que les cinq mois qui les séparent de la fin de l’année scolaire ne seront pas suffisants pour aborder en profondeur certains enseignements clés.

Les enseignants très pessimistes sur l'achèvement du programme scolaire d'ici juin

Le 3 février 2021 à 14h20

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

Plusieurs enseignants contactés par Médias24 soutiennent à l’unisson qu’ils n’auront pas le temps d’enseigner la totalité du programme scolaire à leurs élèves. Ils estiment que les cinq mois qui les séparent de la fin de l’année scolaire ne seront pas suffisants pour aborder en profondeur certains enseignements clés.

La Fédération nationale des associations des parents d’élèves (FNAPEM) a raison de s’inquiéter du retard que prennent malgré eux les professeurs dans l’enseignement du programme scolaire. Contactés par Médias24, cinq enseignants du cycle secondaire, ainsi qu’un inspecteur, affirment unanimement que le programme ne sera pas étudié dans sa totalité d’ici la fin de l’année scolaire.

"La plupart de mes collègues n’ont même pas ouvert la moitié du programme du premier semestre. Si on arrive à voir 75% du programme d’ici juin, ce sera déjà une bonne chose", déclare Boughaleb Lemaadni, professeur en sciences de la vie et de la Terre (SVT) dans un lycée public de Tiflet. Même son de cloche pour un professeur de philosophie dans un lycée public de Casablanca, qui affirme n’avoir enseigné que la moitié du programme du premier semestre. "Je n’ai pas survolé les cours, malgré un rythme très soutenu. On ne peut pas aller plus vite que la musique : il faut que les élèves maîtrisent d’abord les bases pour aller plus loin dans le programme", nous dit-il.

Un professeur de français dans un lycée en périphérie de Rabat affirme quant à lui que certains enseignants, faute d’avoir suffisamment de temps et en raison des difficultés générées par le modèle d’enseignement hybride, sont contraints de survoler les cours. "S’ils voient que les élèves maîtrisent à peu près le cours, ils passent au chapitre suivant. Ils n’ont malheureusement pas le temps de s’attarder sur certains aspects essentiels. Quand bien même tous les cours sont vus, ils sont balayés. Pour ma part, j’ai entamé le programme du second semestre sans avoir pu terminer celui du premier semestre", souligne cet enseignant, qui se montre peu optimiste sur la faisabilité de la totalité du programme compte tenu du contexte d’enseignement actuel.

"Les examens ne porteront pas sur des cours qui n'auront pas été dispensés"

Omar El Widadi, professeur de SVT dans un lycée de Fès, indique lui aussi ne pas avoir terminé le programme du premier semestre, "à l’instar de tous mes collègues et toutes classes confondues". Il ajoute : "Nous avons récemment reçu un document du ministère de l’Éducation nationale rappelant que les professeurs doivent suivre le programme. Suivre le programme, c’est une chose – et c’est possible – mais le terminer en est une autre. Avec la cadence actuelle, on ne terminera pas le programme d’ici la fin de l’année. Ce n’est pas possible car l’alternance entre présentiel et distanciel ne fonctionne pas. Lorsqu’ils sont chez eux, les élèves ne travaillent pas, ou peu. Ils n’ont pas été préparés à l’auto-apprentissage."

L’un de ses collègues, professeur de physique-chimie officiant dans le même lycée, affirme n’avoir vu "que 40% environ" du programme du premier semestre. "Je pense qu’on pourra faire entre 75 et 80% de la totalité du programme scolaire d’ici la fin de l’année, pas plus", affirme-t-il auprès de Médias24.

Abdelkarim Safir, secrétaire général de l’Association marocaine des enseignants de philosophie (AMEP) et inspecteur de l’Éducation nationale pour les enseignants de philosophie du cycle secondaire, constate lui aussi que ses collègues ne parviennent pas à enseigner le programme convenablement et craint que les cinq mois qui les séparent de la fin de l’année scolaire ne suffisent pas à en voir la totalité. Il assure que le ministère est conscient des difficultés que soulève l’enseignement hybride et que les examens "ne porteront pas sur des cours qui n’ont pas été enseignés en classe". Et d’ajouter : "Le ministère prépare actuellement un nouveau cadre référentiel qui prendra en considération les problématiques liées à l’enseignement hybride. Le programme ne sera pas revu à la baisse, mais adapté à la situation", dit-il sans toutefois s’attarder sur les détails.

Omar El Widadi indique d’ailleurs que certains de ses collègues ont reçu la visite de commissions du ministère de l’Éducation nationale, justement pour prendre le pouls et évaluer où en est l’acquisition des compétences et des connaissances. "Les élèves ne seront pas interrogés sur des choses qu’ils n’ont pas vues", soutient-il également.

Boughaleb Lemaadni dit s’attendre à ce que le scénario soit le même que celui de l’année dernière : "Les sujets d’examens se limiteront à ce que les étudiants ont vu en présentiel, c’est-à-dire environ 75% du programme."

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