Elections 2021: Benabdellah fait le point

VERBATIM. Affaires polémiques et politiques, visions socio-économiques, situation du parti et critiques du gouvernement... Voici les principaux éléments abordés par Nabil Benabdellah, invité de la fondation Lafquih Titouani ce lundi 26 avril.

Elections 2021: Benabdellah fait le point

Le 28 avril 2021 à 20h47

Modifié 29 avril 2021 à 9h06

VERBATIM. Affaires polémiques et politiques, visions socio-économiques, situation du parti et critiques du gouvernement... Voici les principaux éléments abordés par Nabil Benabdellah, invité de la fondation Lafquih Titouani ce lundi 26 avril.

La fondation Lafquih Titouani a reçu Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, ce lundi 26 avril, lors de sa 3e “discussion ramadanesque autour des sujets de société”.

Nabil Benabdellah s’est exprimé au sujet des chantiers prioritaires sur les plans social et économique et n’a pas manqué de critiquer “la faiblesse du gouvernement” ainsi que "l’usage de la charité en période électorale".

Il a, par ailleurs, réagi à plusieurs sujets politiques (quotient électoral, situation interne du parti) et de société, portant notamment sur la réforme de l’enseignement, l’amélioration du système de santé ou encore sur la situation de La Samir. Voici ses principales déclarations.

“Nous sommes face au plus faible gouvernement que le Maroc ait connu”

“Certains partis n’ont pas de vision depuis leur création. Ce sont des partis suiveurs, à qui on a demandé de prendre une position précise, et puis il y a les partis sont nés au sein du peuple marocain et ont réussi, comme le PPS qui existe depuis plus de 77 ans, à avoir une orientation claire. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on découvre la revendication démocratique, sociale et économique libre. Nous l’avons dit il y a plusieurs années”, souligne-t-il.

“Dans le cadre de la situation que nous vivons, il apparaît clairement que nous avons besoin d’un gouvernement politique fort et efficace. Heureusement qu’il y a eu les mesures prises par le Roi, car, sans vouloir dépasser les limites, nous sommes face au plus faible gouvernement que le Maroc ait connu. Un gouvernement qui n’est pas harmonieux, dont la présence politique est fade, voire inexistante. Un gouvernement qui, sur le plan de la communication, n’a pas réussi à convaincre le peuple marocain de quoi que ce soit. Un gouvernement qui prend du retard dans sa prise de décision. Cela se voit au niveau de la loi de finances timide et chétive qui a été présentée, même avec la stratégie qui doit comprendre les 120 MMDH annoncés par le Roi, on voit que la situation ne va pas dans ce sens, comme si nous cherchions à traiter les apparences et non pas la profondeur pour relancer l’économie nationale”.

“Heureusement que les élections approchent. A travers elles, nous ambitionnons, en tant que parti, grâce à la volonté du peuple et toutes ses composantes, principalement les plus jeunes ainsi que les femmes, de faire sortir notre pays de cette réalité et de créer un gouvernement qui a le courage, la force, qui est prêt à assumer sa responsabilité et ses missions et dont le chef est efficace, apte à relever ces défis à tous les niveaux”, poursuit-il.

Nous avons quitté ce gouvernement car nous ne faisions pas partie de ceux qui pouvaient porter la responsabilité de ce qui se passe aujourd’hui. Nous avions vu cela venir; c’est un gouvernement incapable de mettre en place des chantiers de réforme”.

“Depuis sa création (du gouvernement, ndlr), il y a une perturbation interne au processus de réforme. Heureusement que nous avons aujourd’hui le formidable chantier royal sur la protection sociale. Sans lequel, le rendu de ce gouvernement aurait été, en étant réaliste, le néant”.

Les chantiers prioritaires selon Benabdellah

“Je vais donner les grandes lignes de notre vision pour sortir de cette situation. Premièrement, sur le plan politique, nous sommes dans le besoin d’une percée politique réelle. Nous devons permettre aux marocains de respirer un peu de démocratie. On doit sentir, ne serait-ce qu’un peu, que nous sommes en 2021 et que nous vivons dans un pays doté d’institutions fortes, de libertés individuelles et collectives, où les institutions constitutionnelles exercent leurs pouvoirs, à commencer par un gouvernement et un parlement forts, des collectivités territoriales qui jouent leur rôle, des partis politiques qui ont leur mot à dire, qui sont indépendants et qui décident eux-mêmes avec qui s’allier”.

“Nous devons avancer dans le chantier de l’égalité sur le plan social, mais aussi dans le sens des droits égaux entre l’homme et la femme, car il n’y aura pas d’avancée dans cette société si l’on ne prend pas soin de la femme, de sa valeur et de ses droits à tous les niveaux”, ajoute-t-il.

“Nous avons besoin d’un vrai plan de relance sur le plan économique. Demandez aux Marocains si le gouvernement est capable de venir parler au Parlement ou à la télévision pour expliquer son plan de relance. Tous les pays préparent aujourd’hui ce qu’ils vont faire. Combien allons-nous consacrer au plan de relance ?”

“Nous avons des chiffres et une vision à ce niveau, un plan de relance économique et sectoriel doté d’une approche participative, où la priorité est donnée au rôle de l’Etat dans le cadre d’une vision stratégique intégrée, basée sur des programmes sectoriels dont l’industrie et l’agriculture et pas uniquement pour soutenir les plus grands et abandonner ceux qui le sont moins”.

“L’investissement dans les secteurs industriels notables comme les nouveaux métiers ou le numérique, l’économie verte et autres programmes que nous portons au sein du PPS et autour desquels nous avons travaillé dans le cadre du programme: l’après-Covid, propositions du PPS”.

“Donner la priorité à l’investissement public. Travailler pour présenter de nouveaux moyens de financement, donner un nouveau souffle aux grands chantiers dont le pays a besoin. Je pense, par exemple, au tunnel entre Marrakech et Ouarzazate, à l’autoroute entre Fès et Errachidia, ainsi qu’à d’autres mesures que nous pouvons prendre à plusieurs niveaux pour redonner ce nouveau souffle”.

“Mettre en place de nouvelles mesures budgétaires, de financement et d’imposition, à travers l’élargissement de la base d’imposition et en imposant le secteur de l’agriculture qui ne paie pas d’impôts, ainsi que via la participation de grandes institutions à l’effort solidaire d’investissement”.

Elections 2021: La phase préparatoire vue par le PPS

“Je veux dire, en toute amitié, à Abdellatif Ouahbi que le PPS n’a besoin ni du quotient ni du seuil électoral pour s’imposer”, déclare Nabil Benabdellah.

“Pour le PPS, il aurait mieux valu ne pas aller dans le sens de ce quotient électoral (basé sur le nombre d’inscrits, ndlr), mais le courant général se dirigeait dans ce sens et ce qui nous intéressait c’est que d’autres éléments passent dans la globalité de l’approche relative aux élections”.

“Le quotient électoral se discute et est critiquable. Il a des aspects qui peuvent ne pas satisfaire d’un point de vue démocratique mais il a aussi d’autres aspects liées à un parti, peu importe lequel, aujourd’hui il s’agit du PJD mais demain il peut s’agir d’un autre, qui peut avoir 20% des votes et obtenir 35% des sièges et peut avoir 30% des voix et obtenir 51% des sièges. Il y a ce problème-là. Tout ceci se discute”.

“L’idée n’était pas que le ministère de l’Intérieur s’éloigne du dossier des élections. C’est impossible. Nul ne peut organiser les élections au Maroc à part le ministère de l’Intérieur, d’un point de vue logistique, selon les ressources humaines, les moyens d’encadrement du territoire et des circonscriptions, il n’y a que ce ministère qui peut le faire”

“Lorsque nous avons parlé d’une commission indépendante (pour les élections, ndlr) c’est parce que lors des élections de 2016, je vous rappelle qu’il y avait une commission composée du ministre de l’Intérieur et du ministre de la Justice. Elle se réunissait en présence des secrétaires généraux des partis politiques pour discuter de diverses affaires. Aujourd’hui, nous estimons que cela est nécessaire. Par exemple, cette commission aurait pu se réunir et nous aurions pu discuter de la charité pendant le mois de Ramadan: pourquoi et comment cette opération peut être organisée ? N’y a-t-il pas de chevauchement entre une telle opération et les élections ?”, interroge-t-il.

“Les Marocains doivent savoir que lorsque nous discutions des lois électorales, le PPS a présenté des mesures qui vont réellement vers la parité et l’égalité. Des partis qui appartiennent à la majorité s’y sont opposés, alors qu’ils se disent modernes. Mais s’ils l’étaient réellement, ils auraient adopté ces propositions”.

“Nous avons, par exemple, proposé de rendre obligatoire que les deux représentants régionaux de la chambre des représentants soient un homme et une femme, mais cela a été refusé par un parti politique qui se dit aujourd’hui leader des partis de la majorité et porteur de la lanterne de la modernité”.

Charité du RNI: "C'est de la corruption électorale"

“Je vais répondre à la dernière question que vous avez posée: est ce que le RNI fait peur ? Voyons! Du calme! Attention à ne pas prendre la grosse tête”.

“Je me demande pourquoi de nombreux médias ont gardé le silence à ce sujet ? Quelle en est la cause ? S’ils sont utilisés par différents moyens que tous les intéressés connaissent, si la démocratie nationale en est arrivée là, c’est que nous devons avoir peur pour l’avenir de la démocratie, car celle-ci ne peut vivre qu’à travers des partis indépendants et une presse indépendante”.

“Personnellement, j’ai une bonne relation et j’ai grandi dans un parti politique qui respecte le RNI. Nous avons toujours eu des relations cordiales avec le RNI, tel que nous le connaissions dans les 80, dirigé par Ahmed Osman, et par d’autres par la suite. Donc nous n’avons rien contre ce parti, mais nous ne pouvons pas comprendre qu’avec des moyens financiers énormes et à 4 mois des élections, on donne plus d’un million de paniers qui valent entre 150 et 200 DH. Ils ont donc été distribués à 1 million de familles. C’est un investissement de près de 200 millions de DH”.

“Qu’ils distribuent et fassent de la charité, personne ne peut rien leur dire à ce niveau. Mais faire de la charité et utiliser les données personnelles des gens, alors que c’est interdit par la loi, et leur demander de prendre la carte du parti comme cela a été relayé via de nombreuses vidéos, c’est une violation de la loi. Qu’ils n’essayent pas de nous dire qu’ils ne font que de la charité depuis 5 ans. Pas du tout! C’est une opération électorale qui ne peut être acceptée et l’Etat doit intervenir, car il n’y a pas d’égalité dans l’opération électorale. Quel autre parti dispose de 200 millions de DH à dépenser dans les paniers ?”, fustige Benabdellah.

“Nous ne sommes pas contre les grands moyens. Si les distributions provenaient des communes, des parties civiles et sociales nous n’aurions pas été contre alors que la pauvreté existe dans la société. Donc nous sommes pour les distributions, mais le fait de prendre les cartes nationales des gens et leur donner les cartes du parti, c’est de la corruption électorale”.

“Il n’y a pas que les paniers, des routes ont été aménagées et des puits ont été creusés au nom de la fondation, alors que nous sommes aux portes des élections. Et il est dit que c’est fait grâce à la fondation affiliée au parti. Ceci nous a été rapporté par nos élus et nous nous sommes plaints de tout cela et avons tout transmis au ministère de l’Intérieur. Et nous attendons que le ministère prenne ses responsabilités”.

“En 2015 et 2016, le gouvernement avait interdit aux communes de dépenser et de faire des programmes dans les derniers mètres des élections. Pourquoi cela ne s'applique-t-il pas aujourd’hui ? Nous demandons que tout le monde soit traité sur le même pied d’égalité. Nous ne discutons pas du travail caritatif, mais dépenser des sommes astronomiques en indiquant aux gens que ce qu’on leur donne provient d’une source précise et leur demander de s’allier à eux pendant les élections, c’est une corruption politique et électorale et la loi l’interdit”.

“Tout parti qui utilise le travail caritatif avec des moyens excessifs à des fins électorales, qu’il s’agisse du RNI ou du PJD ou n’importe quel autre parti, nous ne pouvons que nous y opposer et le dénoncer”.

“Nous sommes capables de faire partie des 5 premiers”

“Nous couvrons toutes les circonscriptions depuis 1992”.

“Jusqu’à présent, nous en sommes à près de 60 circonscriptions couvertes. Mais pour le moment, nous avançons avec des chances de gagner. Il reste encore 4 mois, d’ici là et nous avons des chances, pour occuper des places avancées”, annonce-t-il.

“En toute modestie et pour ne pas faire comme certains qui prétendent à la première place, nous sommes capables de faire partie des 5 premiers dans le cadre des prochaines élections au niveau du parlement".

Enseignement, santé et autres affaires de société…

“Les moyens financiers sont nécessaires et en masse, les moyens logistiques, les bâtiments, les fournitures etc. sont également nécessaires mais la réforme de l’enseignement ne va pas réussir sans les ressources humaines, sans les enseignants”.

“On ne peut pas atteindre des résultats satisfaisants sans augmenter le budget de la santé pour atteindre 10% du budget de l’Etat. Il est impératif de le faire augmenter, ne serait-ce que graduellement”.

“Il n’y a pas que l’enseignement qui a une carence en matière de ressources humaines, la santé aussi”.

“Il faut créer un système de médecins de famille, qui pratiquent la médecine de proximité pour donner les traitements de base et alléger les hôpitaux”.

“Nous considérons que La Samir fait partie des bijoux de l’Etat que nous devons protéger. Nous ne comprenons pas pourquoi, jusqu’à présent, elle trébuche encore. On nous parle de tribunaux etc. mais lorsqu’il y a une volonté politique forte on peut arriver à d’autres résultats. Et il faut que le problème des ententes illicites au niveau des prix, comme cela est arrivé (dans l’affaire des hydrocarbures, ndlr), soit réglé”.

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