Partition et provinces: une élection de la deuxième chance pour la gauche

En rognant les ailes des partis arrivés premiers, le nouveau quotient électoral pourrait contribuer à limiter l’affaissement de la gauche, à condition qu’elle parvienne à triompher sur son adversaire historique: la division.

Partition et provinces: une élection de la deuxième chance pour la gauche

Le 9 juillet 2021 à 10h38

Modifié 9 juillet 2021 à 15h13

En rognant les ailes des partis arrivés premiers, le nouveau quotient électoral pourrait contribuer à limiter l’affaissement de la gauche, à condition qu’elle parvienne à triompher sur son adversaire historique: la division.

Subjugués et peut-être emballés par la magie du quotient électoral, les partis politiques s'apprêtent à disputer des élections où la chance objective leur sourirait de nouveau, pour peu qu'ils ne s'appellent pas Parti de la justice et du développement PJD) et Parti authenticité et modernité (PAM), qui bouclent tous deux près de dix ans d'emprise sur la scène politique nationale.

À elles seules, les deux principales formations politiques du parlement comptent pour 225 sièges, soit 57% de la composition de la Chambre basse. Les 168 sièges restants sont occupés par dix partis de poids inégal.

Le nouveau quotient électoral basé sur le nombre d'inscrits devrait libérer quantité de sièges accaparés par les partis arrivés en tête qui, pour certains, pouvaient remporter deux, et exceptionnellement trois mandats parlementaires par circonscription. En 2016, 33 victoires de plus d'un siège ont été remportées dans 32 circonscriptions locales, 26 par le PJD, 7 par le PAM.

En dehors de ces sièges, qui profiteront à d'autres formations politiques, dans l'ensemble, « l'impact du quotient restera limité, car il existe assez peu de circonscriptions de plus de trois sièges. La plupart des circonscriptions offrent deux à trois sièges », explique le géographe David Goeury, membre du think-tank Tafra et chercheur associé au Centre Jacques Berque de Rabat.

Le royaume compte 6 circonscriptions de six sièges, 5 de cinq sièges, 22 de quatre sièges, 33 de trois sièges et 21 de deux sièges. L'un des principaux effets du nouveau quotient consistera à inscrire les partis dans un « rapport de 'moyennisation': il ne sera plus possible d'avoir des formations hégémoniques. Celles qui réalisaient de faibles scores et ne parvenaient pas à obtenir des sièges, surtout en milieu urbain, auront désormais plus de chances au moment de la dévolution des sièges, vu que l'écart creusé par le parti arrivé premier ne lui permettra plus d'occuper plus d'un siège par circonscription », explique-t-il.

En soi, la nouvelle règle électorale ne risque pas non plus de produire une trop grande fragmentation politique. C'est sur les acteurs politiques eux-mêmes qu'elle exerce ses effets les plus forts. Tout se passe comme si blocs, alliances et listes communes étaient des choses du passé.

« Le nouveau quotient favorise des comportements et des stratégies politiques, étant donné que les partis et les candidats sont extrêmement rationnels. Sachant qu'il y a désormais moins de barrières à l'entrée, et qu'ils auront plus de chances de remporter des sièges seuls, ils optent pour des stratégies individualistes, ce que traduit d'ailleurs la scission du Parti socialiste unifié (PSU) avec la Fédération de la gauche démocratique (FGD): pourquoi se partager quelques sièges à plusieurs, quand on a des chances de gagner seul ?», dit David Goeury. « Cette scission est emblématique des comportements auxquels peut pousser le nouveau quotient. Les partis ne voient pas d'intérêt à avoir des listes communes, ou à former des coalitions ».

Tout se passe, aussi, comme si le projet de bipolarisation de la scène politique était histoire ancienne. Le programme d'édification de pôles politiques structurés autour de partis forts et dominants — un axe conservateur dont le noyau est le PJD, challengé par une agglomération de partis défendant un agenda progressiste porté par le PAM, malgré toutes les contradictions du projet — paraît désormais oublié.

« Ce projet du PAM qui, au fond, était celui d'une réorganisation du champ politique semble avoir été abandonné. Des blocs politiques assez composites pourraient se constituer au lendemain des élections, vu que les partis qui arriveront premier et deuxième ne creuseront plus un écart considérable avec les formations suivantes », présume David Goeury.

Ristournes et ingénierie électorale

Les projections réalisées par Médias24 sur la base des scores de 2016, publiés par le think-tank Tafra, permettent de déduire qu'aucune formation politique n'aurait remporté plus d'un siège par circonscription si le nouveau quotient avait été adopté aux dernières législatives. Mais la chose reste en principe possible, à condition d'obtenir le bon score, et de choisir la bonne circonscription et la bonne stratégie, qui diffèrent selon le parti.

Combien de voix pour un deuxième siège? Pour calculer le nombre minimal de suffrages nécessaires pour un deuxième siège, nous considérons qu'un parti, arrivé premier dans une circonscription, doit dépasser le quotient avec un écart supérieur au total des votes du parti occupant la dernière position correspondant au dernier siège.

Ainsi, dans une circonscription de deux sièges avec un quotient Q, où le Parti 1 arrive premier avec v1 votes, et le Parti 2 en deuxième position avec v2 votes, le P1 doit au minimum réaliser un score de v1=Q+v2+n; n ≥ 1 pour s'assurer un siège au quotient, et un siège au plus fort reste.

Dans une circonscription de trois sièges, il doit dépasser le quotient électoral avec un écart supérieur aux votes du parti arrivé troisième (v1=Q+v3+n; n ≥ 1), et ainsi de suite. Si le parti arrivé premier ne dépasse pas le quotient, peu importe son score ou le nombre de suffrages recueillis par les listes concurrentes: il ne peut avoir de deuxième siège, étant donné que l'allocation se fera au plus fort reste, ce qui pourrait en théorie générer des paradoxes de répartition.

Les conditions et les modalités d'obtention du deuxième siège diffèrent selon le type de parti. Pour un parti urbain comme le PJD, il s'agirait de réaliser une progression dans des circonscriptions urbaines où il avait réalisé ses scores les plus élevés.

Que le PJD soit capable de battre ses records passés semble improbable dans l'hypothèse d'un vote sanction ou, simplement, d'une usure électorale du parti dirigeant le gouvernement depuis près de dix ans. Pour un parti rural comme le PAM, le défi peut paraître moins exorbitant, mais ne l'est pas: il s'agirait de réussir des mobilisations très étendues dans de petites circonscriptions où s'observent des équilibres de vote difficiles à contourner.

Le graphique suivant mesure la « distance minimale » séparant le parti arrivé en tête d'un deuxième siège (soit 1 vote de plus que le parti occupant le dernier siège) dans tout le pays. Le classement suit un ordre croissant, de l'écart le plus bas au plus élevé. Dans la plupart des circonscriptions, les formations politiques doivent au moins doubler leurs scores de 2016 pour un second siège au nouveau quotient.

PJD: quelques exemples

Sans exclure que dans d'autres circonscriptions, il soit possible pour le parti arrivé premier de s'accaparer un deuxième siège sous certaines conditions (score élevé, circonscriptions ne comptant pas un trop grand nombre d'inscrits, taux de participation permettant de dépasser le quotient, candidats peu compétitifs aux dernières positions correspondant aux derniers sièges), ce graphique montre que la première circonscription où l'obtention d'un deuxième siège n'est pas tout à fait hors de portée est celle de Tanger, où le Parti de la justice et du développement (PJD) avait réalisé sa plus forte performance en 2016, en remportant 60.278 suffrages et trois des cinq sièges en jeu.

Avec le nouveau quotient, le PJD n'obtient qu'un siège, mais aurait pu se tailler un second siège à 62.534 votes, soit avec 2.256 suffrages supplémentaires, ce qui lui aurait permis de remporter un mandat au quotient (qui est de 59.865), et un autre au plus fort reste (2.669 voix restantes). Il dépasserait d'un seul suffrage le parti arrivé cinquième, la Fédération de la gauche démocratique (FGD) (2.668 votes). La prouesse semble difficile à rééditer et, à plus forte raison, à bonifier.

La deuxième circonscription où le PJD aurait pu remporter une double victoire, mais avec davantage de difficulté, est celle de Fès-nord, quatre sièges en jeu.

Ici, un petit bond n'aurait pas suffi, car le coût du deuxième siège est plus élevé: 45.817 votes, au moment où le PJD n'en avait remporté que 34.470 en 2016. La robuste victoire du parti de la lampe à Fès, en 2016, doit être replacée dans son contexte, qui est celui d'un vote punitif à l'encontre de Hamid Chabat et du parti de l'Istiqlal.

Une expansion de 11.347 suffrages supplémentaires, qui correspondent à une progression de 33% par rapport au score du PJD aux dernières législatives, paraît difficilement envisageable aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, elle permettrait au PJD d'obtenir un siège au quotient (qui est 43.512), et un mandat parlementaire au plus fort reste (2.305 votes restants), en dépassant le Rassemblement national des indépendants (RNI), arrivé quatrième avec 2.304 voix. La possibilité d'une percée électorale de l'Istiqlal et du RNI, qui ont tous deux renouvelé leur leadership, le bilan municipal mitigé du PJD et l'éventualité d'un recul électoral rendent une telle victoire compliquée.

PAM: quelques exemples

Pour le PAM, l'enjeu est différemment posé. Les circonscriptions où l'écart numérique entre suffrages obtenus et suffrages nécessaires pour un second siège est le plus bas sont, dans l'ordre, celles de Tarfaya, d'Assa-Zag et d'Es-Smara. Provinces sahariennes peu peuplées enregistrant certains des plus hauts taux de participation du pays, il faudrait au PAM 7.074 votes (au lieu des 2.664 obtenus en 2016), 11.329 (au lieu de 4.916) et 17.562 (au lieu de 8.089) respectivement pour s'accaparer les deux sièges en jeu dans chacune des circonscriptions.

Présentés de la sorte, ces scores peuvent donner l'illusion de la 'réalisabilité". Ils doivent être corrélés à la progression à laquelle ils correspondent, ainsi qu'à la masse électorale totale de ces circonscriptions pour être nuancés: ils impliqueraient une progression de l'ordre de 168% à Tarfaya, 130% à Assa-Zag, et 117% à Es-Smara. Et, rapportés à l'électorat général des circonscriptions, ils représenteraient un vote PAM de la part de 74,08% des électeurs de Tarfaya, 68,59% à Assa-Zag et 69,83% à Es-Smara.

De telles "surmobilisations" sont rendues difficiles par la structure du vote dans ces provinces, où « des partis s'attachent des notables qui ont chacun sa clientèle et son électorat. Ils savent qui vote pour qui et qui peut basculer. Les intentions de vote sont tranchées bien avant l'élection », commente le géographe David Goeury.

Avec le nouveau quotient, le PAM aurait gagné en 2016

D'après les projections réalisées par Tafra sur la base des données de 2016, c'est le PAM, et non plus le PJD, qui se serait classé premier en termes de sièges si on avait adopté le nouveau quotient (basé sur le nombre d'inscrits) à l'époque.. « Le PAM dispose d'une meilleure couverture territoriale, tandis que le PJD mobilise surtout un électorat urbain », dit David Goeury.

Le PJD pourrait par ailleurs connaître une stagnation, voire un recul, « car il n'y a pas de signes de renouvellement ou d'extension électorale. Par exemple, pour le vote des enseignants, qui constituent une bonne proportion de l'électorat PJD, il y a des risques qu'il en perde une partie: il y a beaucoup de jeunes entrants qui n'ont pas été socialisés de la même façon que les enseignants qui ont commencé leur carrière dans les années 1980 en pleine croissance de l’islamisme politique et qui partent aujourd’hui à la retraite. Les jeunes enseignants s'opposent à la contractualisation et à la privatisation encouragées par le gouvernement dirigé par le PJD », poursuit-il. « Le PJD pourrait remporter des mandats là où il est implanté, mais il lui sera difficile de conquérir un grand nombre de nouveaux sièges », anticipe le géographe.

D'après les projections réalisées par Tafra sur la base des données de 2016, c'est le PAM, et non plus le PJD, qui se classe premier en termes de sièges. « Le PAM dispose d'une meilleure couverture territoriale, tandis que le PJD mobilise surtout un électorat urbain », dit David Goeury. Le PJD pourrait par ailleurs connaître une stagnation, voire un recul, « car il n'y a pas de signes de renouvellement ou d'extension électorale.

Victoires périssables et fractionnement du vote

Pour toutes les autres formations représentées au parlement qui ne sont ni le PJD ni le PAM, et qui sont dix, plus que l'impossibilité du second siège, c’est la possibilité de quelques nouveaux mandats.

Du côté des non-représentés, seul le Parti démocratique de l'indépendance (PDI) accède dans cette simulation à la Chambre basse en remportant un siège à Béni-Mellal, où le PAM et le PJD occupaient à parts égales quatre sièges sur six.

De petits partis politiques comme le Mouvement démocratique et social (MDS), le parti attrape-tout de Mahmoud Archane, et le Parti de la gauche verte (PGV) de Mohamed Fares, maintiennent leur seul siège au parlement. Ils ne gagnent rien et ne perdent rien au nouveau quotient; preuve que l’arithmétique électorale peut certes être aveugle, mais tout de même pas à ce point.

La formation qui aurait le plus bénéficié du nouveau quotient proportionnellement à son poids est la Fédération de la gauche démocratique (FGD). Elle aurait doublé son nombre de sièges, selon notre projection.

La scission du Parti socialiste unifié (PSU) rendrait un tel exploit ardu.

La fédération de gauche disputera les législatives en rangs séparés, ce qui risque de conduire à un fractionnement du vote concurremment entre la FGD et le PSU, étant donné que les anciens alliés se retrouveront en compétition pour les mêmes positions et les mêmes sièges dans certaines circonscriptions; dans bien des localités, leurs réservoirs électoraux respectifs se recoupent.

La possibilité d’un transfert de voix de l’un vers l’autre pourrait conduire à une dissipation du vote, et ferait perdre des sièges aux deux formations.

Compte tenu des victoires à bout de bras que la FGD réaliserait dans quatre circonscriptions au nouveau quotient  (celles de 2016 comprises), une déperdition de suffrages, même minime, ferait subir un conséquent détriment à la fédération.

Pour mesurer le caractère robuste, concurrentiel ou volatile d'un siège, nous considérons que celui-ci dépend du classement (les sièges acquis en première et en deuxième position dans des circonscriptions de plus de trois sièges sont les plus solides, concurrentiels au-delà de la deuxième position et jusqu'à l'avant-dernière position, et volatils en dernière position); la nature de la circonscription (si elle est convoitée ou non, si les partis ont l'habitude d'y présenter des listes très compétitives); l'écart de votes avec le parti suivant, qui pourrait faire basculer le siège en cas de recul du parti gagnant, ou de forte progression du parti suivant, ou les deux combinés; enfin, la compétitivité et le potentiel électoral du parti suivant.

D’autres critères comme le bilan du parti dans la circonscription, ou encore l’écart de voix séparant les partis ayant obtenu des sièges avec ceux qui n'en obtiennent pas, peuvent compléter les précédents, selon les cas.

Sur les quatre sièges qu'aurait remporté la Fédération de la gauche démocratique (FGD) si le nouveau quotient avait été adopté en 2016, un seul est concurrentiel: celui de la circonscription de Rabat-l'Océan gagné par Omar Balafrej, arrivé avant-dernier en 2016 avec 8.048 votes, et un écart de 4.286 suffrages avec le parti suivant (RNI).

Les sièges très concurrentiels, voire volatils de la FGD sont ceux de Oujda-Angad (dernière position, 427 suffrages de plus que le parti suivant, USFP), Casablanca-Anfa (dernière position, 899 voix d'écart avec le parti suivant, l'Istiqlal) et Tanger-Assilah (dernière position, 922 voix d'écart avec le parti suivant, l'Istiqlal).

Non seulement la FGD s’y trouve en dernière position du classement, mais il s’agit également de circonscriptions urbaines d’importance capitale pour les partis, donc très convoitées; l’écart avec le parti suivant va de relativement faible à faible, et la compétitivité du parti suivant va de moyenne (Istiqlal) ou basse (USFP) à assez forte (RNI, supposé réaliser un considérable bond aux prochaines élections).

Dans neuf autres circonscriptions, la FGD se classe au-delà de la dernière position correspondant au dernier siège, avec un écart variable. L'écart le moins important est enregistré à Agadir Ida-Outanane où, avec 552 votes supplémentaires — elle en a obtenu 3207 — la FGD aurait pu remporter un siège face au RNI (3758 votes, dernière position) au nouveau quotient. Étant donné la probable percée électorale du RNI dans la région, il est vraisemblable que celui-ci gagne davantage de votes aux prochaines élections, creusant son écart avec la FGD ainsi que d'autres partis.

Ces scores illustrent donc la précarité d'un des deux sièges que la FGD a glanés en 2016, ainsi que les deux autres qu'elle aurait potentiellement pu remporter si le nouveau quotient avait été adopté. Dans notre projection, il suffirait que la FGD enregistre un recul de 15% pour perdre le siège de Casablanca, 22% celui de Oujda-Angad et 35% celui de Tanger.

L’impact du lâchage de la FGD par le PSU, plus grand parti de la fédération, pourrait exercer des effets sur les futurs scores. La secrétaire générale du PSU Nabila Mounib estime avoir des chances de gagner en jouant solo, mais qu’y perd-elle ? Il ne faut pas, estime Saâd Fkihi, doctorant en sciences politiques et membre du MJDP (jeunesses du PSU), focaliser sur quel est le plus grand parti de la FGD, « parce que ça ne donnerait rien en fait. Il ne faut pas oublier que le Congrès national ittihadi (CNI) est le bras politique de la Confédération démocratique du travail (CDT). La CDT est une masse électorale. C'est la discipline syndicale dans le vote électoral. C'est aussi ça que le PSU perd en quittant la coalition. Ce qui fait la solidité de Mustapha Chennaoui par exemple, c'est sa double appartenance politique et syndicale », explique notre interlocuteur.

Un autre point important, selon lui, est celui des jeunesses politiques. « Les jeunesses du PSU ont activement ratissé et travaillé leur terrain pendant les dernières campagnes électorales. À bien des égards, les jeunes ont été des déterminants du vote, sachant que le PSU n'a pas les moyens de payer des gens pour distribuer des tracts, faire du porte-à-porte, etc. Ce sont surtout les jeunes militants qui s’occupaient de ça, et la campagne menée par Omar Balafrej en 2016 à Rabat est un exemple dans ce sens. Pour le coup, aujourd'hui, les jeunesses PSU soutiennent majoritairement la motion s’opposant à la décision de Nabila Mounib ».

Petits poucets, petits progrès

Avec 17 sièges au nouveau quotient au lieu des 14 remportés dans les circonscriptions locales en 2016, et 11 au lieu de 7 respectivement, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) réalisent des gains minimes.

Le quotient sur inscrits « freinera surtout l'effondrement de la gauche, davantage qu'il ne permettra l'accès à un nombre consistant de mandats. Il y aura des espaces singuliers où la nouvelle règle électorale libérera des sièges », mais tous les partis n'en bénéficient pas à égalité, ni automatiquement, dit David Goeury.

 

En retenant les critères précédents pour la mesure de la « sécurité » des sièges, l'USFP arrive dernière dans cinq circonscriptions.

Quatre victoires peuvent être considérées très concurrentielles, voire fragiles en raison des scores — la cinquième occurrence concerne Tétouan où, malgré sa position dans le classement, le parti de la rose maintient un écart considérable de 7.651 voix avec la liste suivante, conduite par un sans appartenance politique.

Inversement, à Khénifra (3 sièges) où il arrive premier, nous considérons le siège de l'USFP comme concurrentiel, et non pas solide, compte tenu de la course très serrée au niveau de la province et des scores assez limitrophes de ses challengers: le Mouvement populaire (MP) en deuxième position avec 12.200 suffrages et l'Istiqlal troisième avec 11.640 disposent d’un siège chacun, tandis que le PJD, arrivé quatrième avec 11.607 voix, n’en gagne aucun.

Mais l’écart est minime; il s’en faudrait d’une contre-performance de l’ordre de 5% pour que l’USFP perde son siège. Il en va de même pour Aousserd, deux sièges en jeu, où l'USFP arrive premier avec un écart de 11 votes face au PAM. Le troisième parti est l'Istiqlal avec 1.686 suffrages, soit 311 d'écart avec l'USFP. L'écart modique entre les trois partis doit, cela dit, être rapporté à l'électorat général de la province (7.648 inscrits). Dans ces circonscriptions, il est de coutume de voir des sièges basculer à partir d'un seuil très bas.

Dans le cas de Sidi Ifni, il a été choisi de considérer cette victoire comme très concurrentielle ou potentiellement volatile, là encore, malgré l’arrivée de l'USFP en première position en 2016: l’élection de Mohamed Belfkih a été invalidée par la Cour constitutionnelle en 2017, et des élections partielles tenues en décembre de la même année.

Malgré le très fort soutien dont il a bénéficié de la part d’une partie de la notabilité saharienne, notamment Hamdi Ould Rachid de l’Istiqlal, Belfkih avait perdu face à Mustapha Moucharik (RNI) à 12.009 contre 16.199. Nous interprétons ce basculement comme le signe d’un déclin — ou d’un retour de bâton — électoral touchant l’USFP dans la province, où le parlementaire Mohamed Belfkih, élu pour la première fois en 2011, a été une figure fortement contestée ces dernières années; surnommé « Moukhtafoune » en raison de son fréquent absentéisme et de ses rares apparitions à Sidi Ifni, l’invalidation de son élection — par ailleurs contestée dès les premières heures qui ont suivi l’annonce des résultats — et le chavirage du siège vers le RNI n’ont pas surpris grand monde.

Idem pour Guelmim où, malgré l’arrivée en première position de l’USFP, le notable Abdelwahab Belfkih, frère du susnommé, est empêtré dans des affaires judiciaires, en plus du gel du Conseil de la région de guelmim-Oued Noun, qui peut être mis à son actif.

Le PPS arrive dernier dans sept circonscriptions sur les onze qu'il remporterait au nouveau quotient.

Dans ces localités, l'écart avec le parti suivant va d'une maximale de 3.384 votes (Salé Al Jadida, face à l'UC) à une minimale de 221 voix (Marrakech-Menara, face au RNI). Le PPS se classe premier dans une seule circonscription, celle de Sidi Kacem, avec 19.075 votes, et un écart de 2.292 suffrages avec le parti suivant, le PAM. Si les rumeurs du départ du député PPS de Sidi Kacem Ahmed El Ghazoui vers le RNI se confirment, la donne pourrait changer aux prochaines élections.

Donc, en dehors de ce siège solide (celui de Sidi Kacem) et des sept précaires (circonscriptions où il arrive dernier), les trois sièges restants vont de concurrentiel à très concurrentiel. Celui de Tétouan est concurrentiel (troisième position sur cinq, écart de +2.600 voix avec le parti occupant le dernier siège, et de +10.300 voix avec le premier parti arrivé au-delà de la dernière position correspondant au dernier siège), et deux autres très concurrentiels (avant-dernière position du classement, et faible écart avec le parti suivant).

Le PPS encourt davantage que d'autres partis le risque de perdre des sièges s'il ne parvient pas à réaliser une progression électorale face à ses concurrents, ou à creuser un écart appréciable dans certaines localités-clés.

À Settat, où il arrive cinquième sur six, seul un écart de 115 votes le sépare du parti arrivé sixième (l’Istiqlal, 1 siège), et 554 votes avec le septième (MP, aucun siège); un recul de 7% du PPS suffirait pour qu’il perde son siège, qui irait dans l’aumônière du MP.

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