PISA 2018: L’éducation nationale au Maroc, égalitaire dans la médiocrité

L’Enquête PISA 2018 de l’OCDE montre que l’écart de performance entre les élèves marocains les plus performants et les moins performants est faible. Cela signifie-t-il que l'enseignement marocain n'est pas inégalitaire? Non, car il s’agit d’une caractéristique des pays où le niveau général des élèves est médiocre.

PISA 2018: L’éducation nationale au Maroc, égalitaire dans la médiocrité

Le 3 décembre 2019 à 16h53

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

L’Enquête PISA 2018 de l’OCDE montre que l’écart de performance entre les élèves marocains les plus performants et les moins performants est faible. Cela signifie-t-il que l'enseignement marocain n'est pas inégalitaire? Non, car il s’agit d’une caractéristique des pays où le niveau général des élèves est médiocre.

L’OCDE vient de publier les résultats de son enquête PISA 2018 sur la performance des systèmes éducatifs.

Le Maroc, qui y participe pour la première fois, est classé parmi les derniers : 75ème sur 79 pays ayant participé à l’étude. Les élèves marocains âgés de 15 ans (plus de 6.800 issus de 179 écoles) n’ont été bons ni en lecture, ni en mathématiques ni en sciences.

Dans un communiqué, le ministère de l’Education nationale a insisté, entre autres, sur le fait que le système marocain est faiblement inégalitaire :

- 13% des élèves marocains ont obtenu les meilleurs scores nationaux en lecture alors qu’ils sont issus de milieux socio-économique fragiles. La moyenne des pays participants à l’étude est de 11%.

- Les filles ont obtenu des scores similaires à ceux des garçons en mathématiques, et meilleurs en sciences et en lecture. Le Maroc dépasse la moyenne des pays de l’étude sur ce volet.

Dans son rapport PISA 2018, l’OCDE confirme que le Maroc affiche une différence parmi les plus faibles entre les élèves les plus performants et les moins performants, à l’instar du Kosovo et des Philippines. Mais il se trouve qu’au Maroc comme dans ces pays, même les élèves les plus performants ont obtenu des résultats proches de la moyenne de l’OCDE.

"Les plus faibles différences entre les élèves les plus performants et les moins performants ont tendance à être observées parmi les pays et les économies affichant les scores moyens les plus faibles", affirment les rédacteurs du rapport.

Le Maroc présente aussi un faible écart entre les performances des élèves d’une même école et entre les performances des différentes écoles.

Toutefois, il faut noter que l’inégalité en matière d’accès au système éducatif filles-garçons et rural-urbain n’est pas prise en compte. De même, l’écart de performance lié au milieu socioéconomique ne prend pas en considération les élèves scolarisés dans le privé et qui représentent 15% de l’effectif national.

Réussir la réforme dépend plus de la volonté politique que des moyens financiers

En tous les cas, pour l’école publique, il est clair que le Maroc n’a pas un simple problème d’inégalité dans l’accès à une éducation de qualité qui pénaliserait des zones ou des populations particulières, comme c’est le cas en France, mais plutôt un problème global de faible qualité du système éducatif dans son ensemble.

Le Royaume a entamé la mise en oeuvre de sa réforme du système éducatif. Les résultats seront-ils au rendez-vous à l'occasion des prochains classements internationaux ?

L’OCDE note que l'inefficacité des systèmes éducatifs ne concerne plus uniquement les pays à revenus faibles ou intermédiaires.

"Le monde n'est plus divisé entre les pays riches et bien éduqués et les pays pauvres et mal éduqués. En comparant les pays qui obtiennent des résultats similaires dans PISA, leurs niveaux de revenus varient considérablement".

En effet, les élèves âgés de 15 ans dans quatre provinces / municipalités de la Chine (Beijing, Shanghai, Jiangsu et Zhejiang) sont classés premiers dans l’enquête PISA 2018. Ceci alors que le niveau de revenu de ces quatre régions chinoises est bien inférieur à la moyenne de l'OCDE.

Les 10% d'élèves les plus défavorisés de ces quatre provinces ont même montré de meilleures compétences en lecture que celles de l'élève moyen des pays de l'OCDE et ont obtenu des résultats équivalents à ceux des 10% d'élèves les plus avantagés de certains d'entre eux.

De même, le Portugal a atteint le niveau moyen de l’OCDE bien qu’il ait été sévèrement touché par la crise financière.

Ceci montre bien que disposer d’un système éducatif de qualité est moins lié au niveau de richesse d’un pays qu’à la volonté et à la capacité de ses politiques de mener sa réforme.

Prioriser l'important au lieu de l'urgent

"Les politiques priorisent souvent l’urgent au détriment de l’important, même si ce dernier inclut l’éducation, un investissement dans le bien-être futur de la société", dénoncent les rédacteurs du rapport.

"L’histoire montre que les pays déterminés à mettre en place un système d’éducation de premier ordre peuvent y parvenir même dans des conditions économiques défavorables, et leurs écoles d’aujourd’hui seront leur économie et leur société de demain. Donc, cela peut être fait. Et cela doit être fait", ajoute-ils, en insistant sur la nécessité de saisir le virage digital dans la conduite de la réforme.

"Sans une éducation adéquate, les populations vont croupir en marge de la société, les pays ne pourront pas bénéficier des avancées technologiques et ces avancées ne se traduiront pas en progrès social. Il ne sera pas possible d'élaborer des politiques équitables et inclusives et d'impliquer tous les citoyens si le manque d'éducation empêche les individus de participer pleinement à la société".

Enfin, à un système éducatif performant, l’OCDE associe d’autres facteurs déterminants pour la résilience scolaire des élèves : le soutien des parents, un climat scolaire positif et "une mentalité de croissance".

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