Mohand Laenser: “Notre objectif est de retrouver notre position d'avant 2007” 

Priorités et positions du Mouvement Populaire, ambitions pour les prochaines élections et mise au point sur la situation interne... Voici les principales annonces et commentaires de Mohand Laenser, invité de la fondation Lafqui Titouani.

Mohand Laenser: “Notre objectif est de retrouver notre position d'avant 2007” 

Le 10 mai 2021 à 12h45

Modifié 10 mai 2021 à 13h57

Priorités et positions du Mouvement Populaire, ambitions pour les prochaines élections et mise au point sur la situation interne... Voici les principales annonces et commentaires de Mohand Laenser, invité de la fondation Lafqui Titouani.

Invité de la 5e "discussion Ramadanesque autour des sujets de société", organisée par la fondation Lafqui Titouani ce jeudi 6 mai, Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement Populaire, espère revenir dans le peloton de tête lors des prochaines élections.

A travers ses interventions, Laenser revient sur les leçons à retenir de la pandémie et décortique la situation interne du parti, son programme et ses ambitions, mais aussi ses positions quant aux sujets chauds de cette période pré-électorale. Médias24 retranscrit ses principales déclarations.

“Les leçons de la pandémie nous incitent à revoir nos politiques et nos priorités”

“Les dernières statistiques font état d'aggravation de la pauvreté, de la précarité et du chômage. Nous avons découvert que le système de santé marocain et l’enseignement ont beaucoup de besoins”, déclare Mohand Laenser

“Cela dit, malgré ces points négatifs, il y a aussi des éléments positifs mis en lumière par la pandémie. La première est la capacité de l’administration marocaine, contrairement à ce qu’on a pu entendre, lire et dire, à s’adapter. Elle s’est rapidement adaptée à la situation et a trouvé des solutions qui ont allégé les effets de la pandémie”. 

“Les capacités de nos entreprises qui ont, en peu de temps, réalisé ce qui n’était pas possible dans certains pays dotés de plus de moyens”. 

“Au delà de cela: la solidarité nationale. Nous pensions qu’il n’y avait plus de solidarité et que les Marocains étaient égoïstes et ne pensaient à rien. Lorsqu’on voit la manière avec laquelle les Marocains ont adhéré au fonds spécial Covid, on ne peut qu’être fiers”, ajoute-t-il. 

“Elle (la pandémie, ndlr) a aussi montré, contrairement à ce que nous pensions, que l’Administration marocaine, centrale ou locale, a des capacités élevées qui ne sont peut-être pas entièrement utilisées”. 

“Ces leçons nous incitent à revoir nos politiques de développement ainsi que nos politiques sectorielles, mais aussi les priorités sur lesquelles nous travaillons. Il faut revoir et étudier de nouvelles approches pour la participation citoyenne”, poursuit-il. 

“Au sein du Mouvement Populaire, toutes ces données se recoupent avec les principes, valeurs et priorités sur lesquelles a été bâti le parti, depuis sa création”, affirme-t-il. 

“Comme tout le monde le sait, nous avons toujours placé en priorité la défense de l’identité marocaine en défendant la langue et la culture Amazighe, le développement du monde rural parce que nous disons, depuis 1958, que le Maroc ne peut pas avoir un développement global s’il n’y a pas de développement du monde rural”.

“Les grandes réformes qu’il faudra obligatoirement réaliser dans les prochains mois et prochaines années, ne peuvent pas ignorer la scène politique. Il faut obligatoirement réviser le système des partis de notre pays”. 

“Nous ne changeons pas notre vision pour nous allier à d’autres”

“Nous sommes fiers car nous ne changeons pas notre vision pour nous allier à d’autres. Aujourd’hui tout le monde croit au libéralisme, acclame l’Amazighe et le monde rural alors que le MP a, depuis 1958, souligné ces objectifs”. 

“Pour connaître la vraie position du MP, il faut absolument revenir à sa création. Il n’a pas été créé sur la base des idéologies répandues à l’époque: la gauche, le socialisme et le capitalisme. Il a été une réaction à de nombreuses pratiques. Le MP a pris sa place dans cette scène politique, sur la base des valeurs des Marocains. Son objectif principal lorsqu’il défendait l’Amazigh, n’était pas de remplacer l’arabe mais de renforcer l’identité marocaine”. 

“Puisque le parti n’était pas basé sur des idéologies, mais sur la réalité marocaine, il peut se recouper avec tous les courants qui existent”, ajoute-t-il. 

Notre objectif est de retrouver notre position d'avant-2007 

“Il n’y aura pas de grand changement concernant les partis qui vont gagner”, estime-t-il. 

“Avec le nouveau quotient électoral, le parti arrivé en tête n’aura pas plus de 85 ou 87 sièges, dans le meilleur des cas”. 

“Nous essayons d’avoir une couverture globale (des circonscriptions, ndlr)”, annonce Laenser.

“3 partis suffiront à former un gouvernement”. 

“De nombreuses personnes se trompent et croient que nous avons été créés pour le gouvernement. Nous avons été, durant 3 périodes, au sein de l’opposition. Peut-être que nous faisons opposition à notre manière, mais nous avons été 3 fois dans cette position et parfois c’était par choix”. 

“Nous n’avons pas l’habitude de mentir aux citoyens ou de rêver. Notre objectif est (...) de reprendre notre position d'avant-2007”, indique-t-il. 

“Les jeunes doivent avoir de l’ambition et de l’espoir. Nous reviendrons peut-être sur les raisons pour lesquelles je suis resté aussi longtemps (à la tête du parti, ndlr), mais est-ce que tout l’espoir des jeunes porte sur le chef du parti ? Je pense que l’espoir c’est d’encourager les jeunes à intégrer les conseils locaux, les communes, les régions. C’est ce qui peut leur donner espoir par rapport aux partis politiques. Je ne pense pas que le fauteuil de chef du parti soit le seul objectif de toute une génération de jeunes. Si c’est le cas, j’espère que lorsque Laenser aura quitté, toute la jeunesse va se ruer sur le Mouvement Populaire. Personnellement, je considère qu’il y a d’autres choses qui peuvent attirer les jeunes pour pratiquer la politique. 

“En effet, nous avons un certain nombre d’élus qui sont poursuivis en justice, comme c’est le cas pour de nombreux partis politiques. (...) Ils savent que nous les soutenons et nous l’avons exprimé, mais nous considérons que nous ne pouvons pas exercer de pression sur la justice. Ils sont innocents jusqu’à preuve du contraire. Et si leur culpabilité n’est pas prouvée, nous allons les présenter en tant que candidats car la loi est claire”, annonce Laenser. 

“Nous n'élaborons pas des programmes dans l’objectif d’arriver au gouvernement”

“Nous n’avons pas réalisé toutes nos ambitions, car nous n’avions pas la main pour le faire mais notre présence au sein du gouvernement a peut-être aidé à réaliser ce qui a été fait”.

“Les programmes du MP (...) ne sont pas de simples programmes pour arriver au gouvernement”. 

“Dans nos programmes, nous disons ce que nous ressentons, ce que nous souhaitons et ce que nous pouvons défendre. Allons-nous tout atteindre ? Cela dépend des scores obtenus aux élections”. 

“Les leçons de la pandémie ont montré que peu importe la résilience de notre économie, elle restera fragile si le Maroc ne marche pas sur ses deux jambes. Aujourd’hui, le monde rural a, malgré les routes, l’eau et l'électricité, besoin de revenus. C’est ce que nous cherchons et nos programmes sont toujours publiés. Nous demandions un plan Marshall pour avoir un vrai développement dans le monde rural”, rappelle-t-il.

Représentation féminine: “Nous ne sommes pas encore arrivés au but”

“Il ne faut pas se mentir et dire que la représentation de la femme sera forte au niveau des bureaux de conseils locaux. Je ne parle pas des candidatures et des victoires puisque les textes actuels donnent un taux (de réussite, ndlr) élevé, mais nous ne sommes pas encore arrivés au but. Nous n’avons pas non plus mis en place les moyens d’y arriver

“Aujourd’hui, il n’y a rien qui empêche la femme de se présenter. Mais en réalité, les femmes seront rarement en tête de liste, peut-être dans certains arrondissements mais dans les grandes communes, il faut être franc, je ne pense pas”. 

“Les politiciens disaient que la femme et les traditions rurales ne lui permettent pas d’avancer. On a trouvé que les premières et fortes expériences de la femme ont été dans le monde rural qui admet la valeur de la femme. Et il est connu depuis longtemps que la femme va au souk, fait les courses et est cheffe de famille”.

“Si on veut vraiment que la femme y arrive, comme pour les jeunes, nous devons avoir le courage de passer au roulement au niveau des listes. Mettre un homme, puis une femme, ou le contraire”, suggère-t-il.

Quotient électoral, enseignants contractuels… Les sujets chauds vus par le MP

“Au sein du MP, même s’il y avait un autre ministre (de l’Enseignement, ndlr), d’un autre parti ou un technocrate, nous aurions été en faveur du recrutement régional et non pas le contractuel. Je ne comprends pas pourquoi nous tenons à la contractualisation alors que le gouvernement l’a annulé il y a 2 ans”. 

“Nous devons être en harmonie. Tout le monde défend la régionalisation avancée mais comment va-t-elle fonctionner si elle doit attendre que Rabat lui donne ses cadres ?”, interroge-t-il.

“Le quotient électoral n’a ni base légale, ni loi, ni base mathématique, c’est une affaire politique”. 

“Celui qui s’inscrit (aux listes électorales, ndlr), a une volonté de voter”. 

Mouvement populaire: Un parti -trop- discret ? 

“Il n’est pas du tout question d’absence du parti dans les débats. Malheureusement, les débats que nous avons observés et qui circulent, ne sont pas des débats sur la situation et les problèmes réels. Ce sont des débats qui ont d’autres portées et d’autres objectifs. Le Mouvement Populaire n’a pas été absent, ne serait-ce qu’une fois, de toutes les grandes affaires”, souligne-t-il. 

“Nous travaillons. Peut-être en silence et sans semblants, mais le MP est présent à tous les événements et c’est ce qui a permis au parti de tenir plus de 60 ans sur la scène (politique, ndlr)”. 

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